De manière cyclique, le Hamas tient à se rappeler au bon souvenir des Israéliens en innovant à chaque fois pour trouver les moyens de créer des troubles à la frontière israélienne. Après une certaine accalmie, la frontière avec Gaza s’est embrasée, avec des engins piégés et des ballons incendiaires lancés sur le territoire israélien. L'Autorité de la nature et des parcs a annoncé qu'au moins cent hectares (1.000 dounams) ont été incendiés La plupart des ballons ont atterri au sein de certaines communautés israéliennes de la frontière, en provoquant d’énormes incendies, dans 19 points différents.
Cet article a été publié dans causeur.fr
Le Hamas a fait d’énormes
progrès techniques puisqu’il a envoyé, très profondément dans le territoire
israélien, de nombreux ballons dotés d’un système électronique à retardement.
L’un des ballons a atterri dans la ville d’Arad, au sud du pays, à 70
kilomètres de la bande de Gaza. Les miliciens du Hamas ne sont pas les seuls
opérateurs, les organisations djihadistes ont participé au lancement des
ballons. Pour prouver que le Hamas avait de gros moyens mais qu’ils
temporisaient, des roquettes ont été lancées vers la mer au titre de menace
pour le cas où son message ne serait pas explicite.
En représailles, Tsahal s’est
trouvé contraint de riposter en attaquant, au moyen d’avions de combat, des
infrastructures militaires du Hamas : «L'armée israélienne prend très
au sérieux toute activité terroriste contre le territoire israélien et
continuera de prendre toutes les mesures nécessaires contre les tentatives de
nuire aux citoyens d'Israël et de violer sa souveraineté. Le groupe terroriste
du Hamas porte la responsabilité de tout ce qui se passe à Gaza et qui en
émane, et il supportera les conséquences des activités terroristes contre les
citoyens israéliens».
Des mesures coercitives ont été
adoptées comme la fermeture du point de passage de Kerem Shalom d’où transitent
tous les camions de marchandises. L’aide humanitaire est cependant autorisée à
circuler et à livrer.
Le Hamas n’est pas intéressé à
envenimer la situation et encore moins à provoquer une guerre avec Israël. Il
connait les conséquences économiques sur la population et les risques de
destruction, sans compter que cela donnerait des gages à l’Autorité
palestinienne qui n’a de cesse que de voir le Hamas affaibli. Cependant les
gesticulations des militants de Gaza sont télécommandées par leur dirigeants
qui poursuivent trois buts précis.
1/ Les négociations sur les
échanges de prisonniers, sous l’égide de l’Égypte, sont au point mort. Israël
trouve les exigences élevées et refuse d’élargir des condamnés nouvellement
incarcérés. Il veut limiter les échanges à des prisonniers en fin de peine, et
ayant directement peu de sang sur les mains. La libération d’un millier de
condamnés est exclue, à l’image de la libération de Gilad Shalit contre 1.027
prisonniers sécuritaires. D’ailleurs le chef actuel du Hamas, Yahia Sinwar,
faisait partie des condamnés élargis. Israël exige de libérer deux citoyens
israéliens Avera Abraham Mengistu et Hicham al-Sayedafin entrés par erreur à
Gaza et de restituer les dépouilles de Hadar Goldin et Oron Shaul, tués pendant
la guerre de 2014. Mais face aux demandes inconsidérées, les négociateurs
israéliens estiment que le Hamas «n’est pas encore mûr pour un accord – ses
demandes sont dingues. Il ne comprend pas que le public israélien a changé et
qu’il n’y aura pas de deuxième accord Shalit».
2/ Le Hamas est inquiet pour le
financement des fonctionnaires qui ne sont plus pris en charge par l’Autorité
palestinienne. Le Qatar s’est substitué à Mahmoud Abbas en envoyant 14 millions
de dollars à Gaza pour la reconstruction de Gaza. Des émissaires qataris se
rendent régulièrement dans l'enclave palestinienne avec des valises remplies de
15 millions de dollars en cash pour payer les fonctionnaires du Hamas. Par
ailleurs une aide de 100 dollars en espèces est versée aux 120.000 familles dans
le besoin.
Distribution de dollars à Gaza |
Il semblerait que le Qatar
envisage de mettre fin à ces versements. Alors les troubles fomentés par le
Hamas ont pour but de le convaincre de continuer les versements s’il ne veut
pas que la région explose dans une révolution de la faim. Par ailleurs le Hamas
veut qu’Israël respecte ses engagements lors des pourparlers de paix qui n’ont
pas abouti. Il veut qu’en échange d’une accalmie, on mette en œuvre les projets
à Gaza, qu’on augmente les activités des points de passage et qu’on tende vers
la levée totale du blocus.
3/ Enfin, le Hamas est convaincu
que l’ouverture des relations avec les Émirats créera des conditions nouvelles
de négociations du conflit israélo-palestinien dont il est, pour l’instant,
exclu. Il veut être partie prenante dans les discussions avec les Américains et
être intégré aux éventuelles négociations.
De toute façon, on a constaté
la modération des attaques dans le sud du pays puisqu’aucune roquette n’a été
lancée. Mais si aucune avancée n’intervient, alors le Hamas ne pourra pas
empêcher des attaques plus violentes de la part du djihad islamique, inféodé à
l’Iran et partisan d’une guerre totale contre Israël. Le chef du Hamas, Yahia
Sinwar, suspecté d’être touché par le syndrome de Stockholm après 22 années
passées dans les prisons israéliennes, n’est effectivement pas un va t’en
guerre, même si, pour des besoins intérieurs, il est contraint d’user parfois d’un
discours guerrier.
Les Palestiniens semblent avoir
trouvé leur leader incontesté modéré. Sa percée fulgurante au Hamas n’était pas
prévisible. C’est l’homme qui monte progressivement aujourd’hui. Personne
n’aurait cru qu’un islamiste du Hamas pouvait regrouper sur son nom autant de
suffrages. D’ailleurs il a écarté Ismaël Haniyeh à la tête du mouvement
national palestinien. Il est écouté parce qu’il a su prendre des initiatives
que certains qualifient d’audacieuses. Il œuvre pour la réconciliation avec le
Fatah.
Il s’est rapproché de l’ancien homme fort de Gaza, Mohamed Dahlan,
également ancien chef des services de sécurité de Yasser Arafat mais surtout le
protégé des Émirats. Enfin, il s’est rendu plusieurs fois au Caire pour
consolider le rapprochement avec l’Égypte. Il ne dirige pas le Hamas à la
trique ; il écoute, il consulte, il s’informe et reste l’homme des décisions
collectives. Ses méthodes ont ringardisé les chefs historiques, Abbas, Haniyeh
et Mechaal.
Houssam Badran |
Pour Houssam Badran, membre du
bureau politique du Hamas basé au Qatar : «Sinwar croit au travail
institutionnel au sein du mouvement. Il est dynamique, énergique et prêt à
prendre l’initiative. Quand il s’agit de la position générale du mouvement et
de la réconciliation avec le Fatah, il ne prend jamais de décision sans
consulter l’ensemble de la direction. Sinwar est un dirigeant efficace et
influent, et sa position en tant que responsable du Hamas à Gaza lui donne la
possibilité d’agir et d’imposer son influence tant à l’intérieur qu’à
l’extérieur».
Les mauvaises langues
islamistes pensent qu’il est suspect pour avoir été trop longtemps, de 1988 à
2011, au contact des Israéliens dans sa prison. Mais il n’a pas perdu son
temps. Il a appris d’eux le sens des responsabilités, de la modération, du
compromis et les rudiments de démocratie qui manquent dans les pays arabes. Son
incarcération lui a permis de parler couramment l’hébreu et d’écrire des livres
sur les activités du renseignement israélien. Considéré par les Américains
comme l'un des leaders les plus impitoyables du Hamas, il semble que la prison
l’ait assagi en le rendant plus réaliste, sans abandonner ses convictions
.
Il a mesuré l’importance de
Mohamed Dahlan, conseiller de MbZ, et il s’est réconcilié avec lui après
l’avoir rencontré au Caire pour convenir que les considérations nationales sont
plus importantes que les affiliations idéologiques. Les services de
renseignements égyptiens ne tarissent pas d’éloges sur Sinwar qu’ils décrivent
comme étant «honnête, courageux et crédible» ce qui en fait un
interlocuteur privilégié qui se distingue de ses prédécesseurs.
Il s'était toujours éloigné des
médias et du monde en général mais, depuis sa prise de fonction, Sinwar a évolué
dans ses rapports avec les dirigeants, les jeunes, les journalistes, les
syndicalistes, les hommes d’affaires et les factions politiques, avec qui il a
multiplié les rencontres pour exposer ses solutions pour résoudre la crise à
Gaza. Il s'est ouvert au monde, discrètement, sans cinéma ni sans vagues. Il a
menacé de briser le cou de quiconque tenterait de faire obstacle à la
réconciliation avec le Fatah. Il sait qu’il doit faire face à une certaine
opposition larvée au sein de son parti et que les décisions importantes qu’il
prend pourraient attiser la méfiance des membres conservateurs du Hamas.
Mais Sinwar sait qu’il dispose
du soutien d’une population lasse des guerres et surtout de la misère qui sévit
à Gaza. En revanche, un élément peu diffusé concernant Israël pourrait expliquer
sa modération. Yahia Sinwar garde en mémoire qu’il doit la vie aux médecins
israéliens qui avaient diagnostiqué une tumeur au cerveau et qui l’ont opéré
avec succès dans un hôpital pendant son incarcération. Il lui est difficile de
détester Israël.
Mais il faut qu’on l’aide, que
les Israéliens l’aident pour qu’il puisse neutraliser les islamistes
radicalisés du djihad, ceux qui ne parlent qu’avec des roquettes. Mohamed Dahlan
est prêt à agir à ses côtés pour que les Israéliens fasse un effort.
Leur comportement est exactement celui d'Amalek. "Et Amalek survint et attaqua Israël à Refidim... (Exode 17,1-8)". L'histoire biblique connait une nouvelle réactualisation. Amalek ne nie pas l'existence de Dieu ; si c'était le cas, il n'aurait aucune raison de se battre puisqu'on ne peut attaquer ce qui n'existe pas. Amalek reconnaît donc l'existence de Dieu mais il nie que cette existence puisse avoir une quelconque conséquence pour le monde et l'humanité. L'idée selon laquelle l'être humain, en tant que dépositaire du projet divin, se doit d'agir avec responsabilité et selon les exigences d'une morale supérieure, lui est insupportable. C'est pourquoi, en s'attaquant à Israël, il entreprend une véritable guerre contre Dieu, selon le texte de l'Exode cité plus haut, en s'attaquant au peuple juif dont la vocation est précisément d'enseigner cette notion à l'humanité. C'est pour cette raison que la Torah nous ordonne d'effacer jusqu'à son souvenir et que Dieu Lui-même a juré de s'associer à cette tâche. Ou pour reprendre les mots du rav Elie Munk : "Le règne de Amalek ne sera effacé que lorsque la Loi morale sera devenue la Loi universelle pour les plus grands et les plus puissants de ce monde, et que leurs crimes seront un objet d'horreur pour tous les hommes. À nous de faire en sorte que soient effacés de dessous les cieux le principe d’Amalek et sa glorification, à Dieu d'effacer alors les dernières traces de ses représentants sur terre." Un sacré programme !
RépondreSupprimer@Yaakov NEEMAN
RépondreSupprimer"Un sacré programme !", comme vous dites. Autant éradiquer la race humaine de la surface de la Terre ! Mais ne désespérons pas : beaucoup s'y emploient déjà, et même avec un succès indéniable !
@ Marianne ARNAUD
RépondreSupprimerL'homme n'est pas né fondamentalement mauvais. Il a été créé avec l'aptitude à choisir entre le bien et le mal. Le mal a été créé pour donner un mérite à ceux qui choisissent le bien. Les périgrinations de l'histoire de l'humanité se déroulent comme un film fleuve sous le regard du Créateur, grand metteur en scène, qui se réserve aussi le droit d'intervenir dans le specacle...