IRAN-ISRAËL, LA GUERRE IMPOSSIBLE
Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
Chars israéliens à la frontière syrienne |
Les Assad, père et fils, connaissent bien
les Israéliens et à ce titre, depuis la fin de la guerre de 1973, aucun coup de
feu n’a été tiré à travers la frontière jusqu’à la révolution de 2011. Son armée légale
a maintenu le calme en évitant toute provocation pouvant mener à un conflit
armé avec Israël. Les armes se sont donc tues. Mais la situation a changé
depuis l’installation des troupes iraniennes en Syrie et au Liban. Des
accrochages ont eu lieu à la frontière du Golan, souvent le fait de milices
incontrôlées. Les Israéliens n’ont jamais considéré la Syrie comme un
sanctuaire iranien et ils ont lancé plusieurs attaques aériennes ciblées, avec
une certaine neutralité russe, pour empêcher l’installation de missiles au
Liban et surtout pour neutraliser la propagation de matériel sensible vers le
Hezbollah.
Bennett- Gantz |
Malgré ces attaques répétées
qui ne ciblaient pas l’armée régulière syrienne, la Syrie a toujours refusé d’être
impliquée dans un affrontement militaire plus étendu et plus risqué. Le 18 mai
2020, l’ancien ministre de la défense Naftali Bennett s’était avancé en
affirmant que l'Iran commençait à se retirer de la Syrie en raison de sa crise
économique, des sanctions américaines et du coronavirus qui l’auraient poussé à
évacuer «un certain nombre de bases». Il n’a fourni aucune preuve
tangible de son affirmation. Il a même suggéré à son successeur Benny Gantz de
maintenir la pression sur l’Iran : «Bien que l'Iran ait entamé le
processus de retrait de la Syrie, nous devons achever le travail. Il est à
portée de main».
Pourtant l’Iran se targue d’être en Syrie sur invitation
du gouvernement d’Assad et qu'il resterait en Syrie aussi longtemps que son
aide est nécessaire. Un haut responsable du ministère iranien des Affaires
étrangères, Ali-Ashgar Khaji, a réaffirmé que Téhéran continuerait de
travailler en étroite collaboration avec la Syrie et la Russie pour lutter
contre le terrorisme.
Ali-Ashgar Khaji |
Il est indéniable que la Syrie soit devenue à la base de la confrontation
irano-israélienne mais les objectifs des deux pays divergent. Israël n’analyse
plus la situation de la même manière depuis 2011 car l’Iran, le Hezbollah et de
nombreux groupes chiites opèrent en toute liberté. Une victoire des alliés
d’Assad est assimilée à une menace existentielle. En revanche, si la guerre
persistait, elle aurait pour effet d’affaiblir durablement le régime syrien,
voire paradoxalement d’assurer la stabilité de la Syrie, ce qui reste dans l’intérêt
fondamental d’Israël.
Les observateurs politiques dissertent sur l’intérêt de l’Iran à s’investir
autant en Syrie. Une certitude pour eux, l’investissement idéologique n’a plus
cours. Grâce à l’Iran, Assad a repris tous ses territoires perdus. Son objectif atteint, il ferme les yeux sur les bombardements contre l’armement iranien à
destination du Hezbollah qui portent certes atteinte à sa crédibilité
sécuritaire sans le gêner outre mesure dès lors que son régime se consolide. La
passivité d’Assad pousse les Israéliens à agir dans la région avec le soutien
explicite de Donald Trump.
Hassan Rohani |
Les Iraniens sont conscients de leur faiblesse face aux États-Unis, aux pays
arabes et aux États du Golfe lourdement armés et disposant de ressources
économiques presque inépuisables. Devant ce risque militaire, l’Iran n’avait
pas d’autre issue que de se lancer dans une guerre asymétrique, à la manière
des organisations terroristes de bas niveau. Son seul objectif étant de faire
la guerre par procuration, par Hezbollah interposé, qu’il ne cesse d’armer
pour qu’il devienne le porte flambeau
de «l’axe de la résistance».
En fait l’Iran veut porter le combat contre les sunnites au-delà de ses
frontières, pour éviter d’avoir à se confronter à eux à Téhéran même. Les sunnites sont le véritable danger pour les Iraniens. La survie
du régime des mollahs est en jeu sachant que l’existence du régime de Damas est la seule garantie pour la pérennité de la République islamique. C’est la raison pour
laquelle l’Iran se bat pour exister en Syrie afin de maintenir le régime iranien. On sent l’absence de Soleimani, le seul à pouvoir unifier
les factions disparates. Sans lui, des divisions sont apparues parmi les forces
chiites, qui dénoncent le manque d'afflux d'argent et le manque de trajectoire
pour institutionnaliser les milices.
Il ne fait aucun doute que Tsahal a amélioré ses capacités de défense et
d’action face à l’Iran. Il peut même compter sur la Russie avec qui ils ont coordonné
plusieurs chaînes de commandement militaires, pour réduire les risques de
dégâts occasionnés par les actions respectives de chacune de ces chaînes de
commandement, et susceptibles de causer des accidents. Il faut éviter
l’incident du 17 septembre 2018, où Israël n’était pas directement responsable.
Ce jour-là, un avion russe Il-20 avait été accidentellement abattu, lors de son
retour sur la base aérienne de Hmeymim, par les défenses aériennes syriennes
qui visaient en fait quatre avions de combat israéliens F-16. Les 15 membres
d'équipage russes ont été tués.
Equipage de l'IL-20 abattu |
Tsahal a tiré les conséquences d’une telle bavure tandis qu'une source diplomatique russe a précisé : «Nous avons eu
et avons des accords avec Israël sur la façon dont nous devons agir en cas de
situations extraordinaires. Il y a quelque temps, nous avons compris qu'il
était nécessaire de les formaliser les accords. Les pourparlers entre les
responsables militaires se poursuivent. Nous espérons qu'ils finiront bientôt
avec de bons résultats. Ce sont des
questions complexes, car elles concernent la sécurité des deux côtés. Notre
intérêt réside dans la maximisation de la sécurité des militaires russes dans
le pays voisin d'Israël».
Les jets israéliens peuvent à présent frapper des cibles iraniennes en
Syrie sans menacer les forces russes qui refusent de prendre une position ferme
contre Israël et qui évitent toute confrontation avec Tsahal. La Russie n’a
aucune prétention politique en Syrie. Son but est d’assurer sa présence dans la
région grâce à sa base aérienne dans la province de Lattaquié et sa base navale
dans le port de Tartous. Son soutien à l’Iran est surtout motivé par une
animosité envers Donald Trump qui a imposé des sanctions.
Port de Tartous |
Cependant les relations d’Israël avec ses voisins peuvent se détériorer
avec la volonté de Netanyahou d’annexer les implantations de Cisjordanie, en
particulier ses relations avec la Jordanie. Israël n’est plus si invulnérable
que cela. L’Iran ne recherche plus l’établissement d’un «croissant chiite»
de Téhéran à Beyrouth mais d’influer sur les relations entre Israël et les
États arabes sunnites.
Ceux qui prévoient une guerre totale entre l’Iran et Israël sont dans
l’erreur d’autant plus que les deux grandes puissances l’interdiront car un
conflit armé déstabiliserait une région déjà dans le chaos. Par ailleurs, l’Iran
et Israël n’ont aucun intérêt à un conflit et préfèrent se lancer dans la guerre
cybernétique qui ne fait pas de morts, mais plus de dégâts. Cependant, malgré cela, Tsahal
reste d’autant plus vigilant qu’il se méfie de tous ses ennemis.
La meilleure des choses et de soulever le peuple contre ses ordures de dirigeants iraniens de l Interieur la meilleure solution - Iran refera la paix avec Israël et les USA seront en force la avec la diaspora
RépondreSupprimerQui veut la paix prépare la guerre ! la défaite de la France et de la Grande Bratgne face au nazisme valide ce conseil de sagesse appliqué par le roi Salomom _ Il y a bien longtemps !
RépondreSupprimerTrès intéressant mais l'article fait l'impasse sur une question fondamentale du conflit irano-israélien : la possession de l'arme atomique par l'Iran. Quand cela arrivera l'Iran sera comme la Corée du Nord un état voyou inattaquable. Est-ce que la guerre électronique préserve de la menace nucléaire?
RépondreSupprimerCher Gilbert il semble que l'attribution de votre citation soit fausse :
RépondreSupprimer" Qui veut la paix prépare la guerre." Jules César
" Si tu veux la paix, prépare la guerre." Végèce
Pour faire bonne mesure voici la citation sur la paix d'un Juif.
" Pour faire obstacle aux militaristes, Blum ne voit donc qu'une force: Les travailleurs. Léon Blum dans son recueil cherche à démontrer les effets néfastes de l'adage « si vis pacem, para bellum » (Si tu veux la paix prépare la guerre)."
En conséquence de quoi ce pacifisme a livré la France à l'Allemagne qui s'était réarmée.