L’AUTORITÉ PALESTINIENNE MARGINALISÉE PAR ISRAËL
Par Jacques BENILLOUCHE
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Palestiniens entrant en Israël |
Les Israéliens ont compris que le dialogue avec Mahmoud Abbas était devenu difficile, voire impossible, et que son remplacement n’était pas d’actualité. Aucun leader palestinien n’a pris le risque de contester une présidence qui s’étire à longueur d’années et qui est devenue illégitime en l’absence d’élections. Son mandat est terminé depuis 2009 sans que les Palestiniens n’exigent son remplacement bien qu'il soit devenu un facteur bloquant dans les relations avec Israël et avec les États-Unis.
Axant sa politique sur la
menace plutôt que sur le dialogue et le consensus, il a annoncé le 19 mai 2020 la
dissolution de tous les accords avec les gouvernements d'Israël et des
États-Unis en réponse aux plans israéliens d'annexion des terres de Cisjordanie.
Pour lui «l'État de Palestine et l'Organisation de libération de la
Palestine ont rejeté tous les accords avec les gouvernements américain et israélien,
et se déchargent de toutes leurs obligations, y compris les accords de sécurité.
L'autorité d'occupation israélienne devrait assumer la responsabilité et les
obligations en tant que puissance occupante sur le territoire de l'État de
Palestine conformément au droit international».
Les Israéliens ont pris Mahmoud
Abbas au mot. Ils ont compris que la population ne le suivait pas totalement quand
il s’agissait des questions matérielles et économiques. Alors ils ont pris le
pari de contourner l’Autorité pour dialoguer directement avec la population
consciente de ses intérêts et de ses manques. La décision contestable de l’Autorité de refuser le
fret transporté par Etihad Airways, pour venir en aide à la population arabe touchée
par l'épidémie de coronavirus, n’a pas été comprise par ceux qui ont besoin d'être protégés du coronavirus et a même été critiquée.
Alors le porte-parole de Tsahal,
le lieutenant-colonel Avichay Adraee, a décidé de communiquer directement avec
les citoyens palestiniens par le biais des bureaux de l'administration civile. Il
parie sur le besoin des Palestiniens pour ses services civils à savoir les
permis de travail, les permis spéciaux pour un traitement médical en Israël, ou
les services d'électricité pour les villages.
En écho,
le Coordinateur du activités gouvernementales dans les territoires (COGAT), le
général druze israélien Kamil Abu Rukun, a annoncé qu’il accueillerait dans son
bureau les travailleurs palestiniens en quête de permis de travail sans qu’ils
aient besoin dorénavant de s’adresser au Comité palestinien des affaires
civiles. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd puisque des milliers de Palestiniens
se sont rendus au bureau du COGAT à Hébron pour obtenir immédiatement leur
permis de travail en s’estimant obligés de critiquer le coordinateur
palestinien. Des informations en langue arabe ont été publiées sur les réseaux sociaux pour préciser les heures d'ouverture des points de passage et des
points de contrôle, et les procédures pour recevoir des permis d'entrée en
Israël.
Les
autorités israéliennes ont par ailleurs proposé directement leurs services aux
conseils municipaux pour des fournitures d’électricité et d’eau. C’est un moyen
de mettre à l’écart l’autorité palestinienne et d’affaiblir ses dirigeants. Il
est vrai que les villages arabes n’avaient pas le choix et que si certes, ils
ne veulent plus coopérer avec Israël sur le plan sécuritaire, leurs citoyens
ont besoin de travailler pour nourrir leurs familles. Israël sait aussi que ces
travailleurs feront tout pour interdire parmi eux des terroristes s’ils ne
veulent pas qu’en cas d’attentat, les frontières soient bloquées. Il s’agit d’une
collaboration en situation d’urgence.
Poste de contrôle à Bethlehem |
Des conseils locaux,
qui n’ont pas voulu être en opposition avec l’Autorité, ont cependant refusé de
collaborer directement avec le COGAT. C’était leur droit mais ils se sont
trouvés en difficulté avec leurs citoyens qui n’attendaient que de traverser la
ligne verte. Mahmoud Abbas a mesuré le danger d’être contourné par des canaux
de communication directe car c’est un premier pas vers la souveraineté de
l'administration civile israélienne sur les zones palestiniennes. Il y voyait
surtout un moyen de créer une institution alternative à l’Autorité pour
revenir à la période s’étalant de 1967 aux accords d’Oslo de 1993. Certains villages
«collaborateurs» se sont trouvés mieux lotis que ceux qui refusaient de s’ouvrir
aux Israéliens.
Israël a poursuivi
cette stratégie pour tenter de créer une scission au sein de la population
palestinienne avec l’espoir que la grogne finirait par payer et par pousser les militants palestiniens à enfin remplacer Mahmoud Abbas par un dirigeant plus pragmatique.
Les Moins et Le Plus!
RépondreSupprimerMeme manque de leadership politique des 2 côtés mais en Israël une administration qui devient immédiatement efficace quand elle est gérée - sans interférences intempestives- par des militaires professionnels et non des petits spéculateurs demaguogues!