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jeudi 16 avril 2020

Le pouvoir et la responsabilité par Maxime TANDONNET



LE POUVOIR ET LA RESPONSABILITÉ

Par Maxime TANDONNET

            

          Lors de son allocution du 13 avril, le chef de l’État a prononcé une phrase qui mérite d’être relevée. De mémoire : «Des choses n’ont pas bien fonctionné (dans la crise du covid) nous en tirerons les conséquences». Il est essentiel de rappeler que le pouvoir politique ne se conçoit pas en dehors de la responsabilité. Les deux ne peuvent pas être découplés. Le pouvoir est source de contentement personnel : pour un esprit sain, la satisfaction de servir l’intérêt général ; et pour un cerveau pervers, la pure jubilation narcissique.



            Mais cette satisfaction, qu’elle qu’en soit la nature, a une contrepartie : la responsabilité. Le personnage qui incarne le pouvoir incarne aussi, par définition, la responsabilité. Dès lors qu’il exerce la mission de décider, il est personnellement comptable de ses décisions ou de ses non-décisions et de leurs conséquences. Le chef choisit lui-même son entourage. Il arbitre entre les choix qui lui sont proposés. Si l’appareil de décision dont il est en charge ne fonctionne pas correctement, souffre de dysfonctionnements, il lui incombe de prendre, quand il en est temps, les décisions pour y remédier.
            S’il n’est pas correctement informé, c’est qu’il ne s’en est pas donné les moyens, en particulier dans le choix de ses collaborateurs. Idem, s’il est mal conseillé, cela signifie qu’il s’est trompé sur le choix de son entourage. Par ailleurs, s’il n’est pas libre de choisir ses collaborateurs, si ces derniers lui sont imposés, et s’il accepte d’en être l’otage, cela signifie qu’il n’est pas digne de sa mission. L’attitude de dirigeants politiques qui se défaussent sur leur administration pour l’accabler des insuffisances ou des désastres est inepte.
            Le pays élit des gouvernants et leur confie son destin sur la base des promesses de ces derniers. S’ils réussissent et si le pays est heureux, ils méritent des lauriers. Si le pays sombre dans le chaos et la détresse, sans qu’ils ne lui apportent de solution satisfaisante, cela signifie qu’ils ont failli dans leur tâche. Ils sont à coup sûr seuls et uniques responsables. Quand un drame éclate, faute d’anticipation ou de préparation suffisante, la responsabilité est avant tout celle des autorités politiques auxquelles le pays a fait confiance. Chercher des boucs émissaires, quels qu’ils soient – prédécesseurs, fonctionnaires, collaborateurs, experts, peuple – pour se dérober à sa responsabilité, est la quintessence de la misère politique.

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