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dimanche 30 juin 2019

Situation prévisible en Tunisie


SITUATION PRÉVISIBLE EN TUNISIE

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps


Un individu s’est fait exploser ce jeudi 27 juin 2019, peu avant 11h, au centre-ville de Tunis. L’attaque terroriste s’est déroulée près de la Porte de France, au croisement de la rue Charles De Gaulle et de l'avenue de France. Un bilan préliminaire fait état d’un policier et de trois citoyens blessés. Le terroriste est mort sur place. Un sécuritaire, l’agent de la police municipale, Mehdi Zammali, a été tué lors de cette opération terroriste.






 Trente minutes après cette attaque, une deuxième explosion a éclaté au siège de la direction des unités spéciales anti-terrorisme, à El Gorjani. Le terroriste a tenté de s'introduire dans le bâtiment sans succès et a donc fait exploser la bombe dans le parking. Le ministère de l’intérieur fait état de 4 blessés parmi les militaires.
Une panique s’est emparée de l’administration. Ainsi le tribunal de première instance de Tunis a été évacué en urgence à la suite des deux attentats. Tous les juges et avocats ont été évacués et un important dispositif sécuritaire a été mis en place. Les autorités tunisiennes accusent l'organisation terroriste Daesh d’être derrière les deux attaques.
El Mourouj

Avant cela, la municipalité d’El Mourouj avait annoncé qu’une explosion avait eu lieu à l’aube du 19 juin 2019, dans un petit fast-food de cette banlieue de Tunis. L'explosion avait été alors attribuée à une "fuite de gaz".
            Ces actions n’étonnent pas car le gouvernement tunisien a fait preuve de beaucoup d’indulgence à l’égard des islamistes qui participent en sous-main à la gouvernance, pour ne pas dire tirent en fait les ficelles. La Tunisie a été l'un des pourvoyeurs les plus importants de djihadistes partis faire la guerre en Syrie, 3.000 à 5.000 éléments selon les sources. Elle les a laissés partir pensant pouvoir ainsi s’en débarrasser. Mais à la suite des revers de Daesh en Syrie, 800 Tunisiens ont fait le chemin du retour depuis 2016, par leurs propres moyens, certains munis de la mission d’exporter le terrorisme de Daesh vers la Tunisie. Le président Caïd Essebsi, qui a choisi la stratégie de la coopération avec les islamistes, a une grande responsabilité dans cette carence.
Civils fuyant les zones de combat en Syrie

Comme la France, la Tunisie est aussi confrontée au rapatriement des enfants de djihadistes. Mais le pays a mis en place des tests ADN pour certifier la filiation des enfants avant d’accepter leur rapatriement. Cette pratique a été dénoncée par Human Right Watch alors que la population tunisienne est majoritairement opposée au retour des combattants. Les autorités tunisiennes envisagent aussi de rapatrier des enfants de djihadistes partis combattre en Libye. 
200 enfants et 100 femmes tunisiens sont actuellement détenus dans des prisons et camps en Libye, en Syrie et en Irak. Mais le pays qui vit depuis longtemps sous état d’urgence a choisi la modération, croyant pouvoir éviter la même vague d’attentats sanglants de 2015 et 2016. Cette modération a été interprétée comme une preuve de faiblesse; elle a encouragé les terroristes à agir. Or ces djihadistes sont connus dans leurs villages et facilement repérables mais rien n’est fait pour les neutraliser de crainte d’envenimer la situation. Or il ne peut être question de transiger avec des intoxiqués qui ne comprennent pas l’intérêt du pays.
La Tunisie, petit pays de 11 millions d’habitants, paie ainsi sa passivité durant sept années, en étant l’un des principaux pourvoyeurs de djihadistes au monde. Certes nombreux sont morts au combat. Le gouvernement tunisien a organisé des démarches pour permettre le retour des familles mais il n’est pas question de faciliter le retour des combattants, qui n’ont pas besoin d’autorisation puisqu’ils reviennent par leurs propres moyens. Un très faible nombre a été mis sous surveillance mais la grande majorité s’est réinstallée dans les montagnes tunisiennes, créant une grande menace pour la sécurité nationale. Cependant le président Caïd Essebsi, dans une sorte de complicité avec les islamistes, s’est appuyé sur la Constitution pour justifier le retour des combattants tunisiens car «la Constitution prévoit qu’on doit accepter tous les citoyens».
Salma Elloumi et René Trabelsi

Comme en Égypte, les terroristes choisissent la période estivale pour dissuader les étrangers de se rendre sur les plages tunisiennes. Or le tourisme est vital pour un pays exsangue qui a besoin de devises. Salma Elloumi, l’ancienne ministre du Tourisme, qui a laissé sa place au juif René Trabelsi, a confirmé que le tourisme est très important pour le développement de la Tunisie et qu’il fallait aussi développer le tourisme religieux ou culturel sous réserve que les touristes amènent le maximum de devises avec eux pour faire marcher l’industrie hôtelière. 
Avec le ministre Trabelsi, le tourisme en Tunisie a un peu frémi mais les terroristes risquent de lui porter un coup fatal. En s’aplatissant devant les islamistes en déclarant qu’il était «contre la normalisation avec Israël», il n’a pas été payé de retour. Il était en mission impossible tant il avait concentré sur sa personne toutes les oppositions car ce fils de dirigeant de la communauté juive de Djerba n’avait rien à faire à la tête du ministère du Tourisme et de l’Artisanat. Ces attentats lui cassent l'élan qu'il a réussi à insuffler pour inverser la courbe du tourisme. 
Manifestation contre Trabelsi

Au lendemain de sa nomination, on lui a laissé peu le temps d’agir car une centaine de manifestants représentant des associations de la société civile et plusieurs partis politiques, dont le Courant Démocrate, le Mouvement du Peuple, le Parti unifié des patriotes démocrates, la Ligue tunisienne pour la Tolérance et l’Instance Nationale de Soutien à la Résistance Arabe, ont brandi des banderoles, avec des slogans antisionistes, voire antisémites. Dans un amalgame, ils avaient condamné son appel à accueillir 20.000 touristes juifs qualifiés de sionistes. Pour ces partis contestataires : «la nomination de Trabelsi s’inscrit dans le cadre d’une campagne menée par certains pays arabes pour la normalisation avec Israël et pour faire de Jérusalem sa capitale, d’une part, et pour répondre à la résistance syrienne contre les projets américano-sionistes, d’autre part».
La Tunisie persiste à vouloir s’isoler et les prix bradés de son hôtellerie ne justifient pas que les touristes doivent prendre des risques vitaux avec des djihadistes qui ont pignon sur rue en Tunisie.  

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