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vendredi 28 juin 2019

L'extrême-droite dans la tourmente en Israël


L’EXTRÊME-DROITE DANS LA TOURMENTE EN ISRAËL

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps


Les candidats de l'Union des partis de droite Smotrich, Ben Gvir, Peretz


L’extrême-droite est dans la tourmente avec le risque pour certaines formations, qui se présentent seules, de ne pas dépasser le seuil électoral de 3,25%. Les exclusives vont bon train tandis que certains leaders ne craignent pas le suicide politique. À droite, les décisions ne tendent pas vers une consolidation d’une majorité stable. Netanyahou refuse d’inscrire Ayelet Shaked sur la liste des candidats du Likoud parce qu’il ne lui pardonne de l’avoir quitté pour créer une structure concurrente qui n’a pas réussi à servir d’appoint à la coalition. Par ailleurs, il ne semble pas que les leaders du Likoud veuillent un élément moteur qui aurait pu booster sa liste.



Baruch Marzel,  Ben Ari et Ben Gvir

À l’extrême-droite des noms d’oiseaux sont échangés entre Naftali Bennet, accusé de trahison par Moti Yogev, et les dirigeants de son ancien parti, Habayit Hayehudi : «Bennett n’a pas été loyal envers le sionisme religieux et les membres de son mouvement. Il a abandonné le parti endetté à hauteur de millions de shekels». Il l’accuse aussi de ne pas lutter contre le recrutement des filles dans l'armée et contre les droits LGBT. À force de vouloir les singer, les sionistes religieux ont rejoint l’extrémisme des orthodoxes. En écho, Naftali Bennett lui a répondu : «Vous avez transformé Habayit Hayehudi en un endroit qui n’est dorénavant plus un foyer naturel, et qui est très éloigné des valeurs du public sioniste religieux ainsi que de celles du public sioniste laïc». La rupture est donc actée.
Bennet et Shaked

Naftali Bennet et Ayelet Shaked, qui avaient fondé la Nouvelle droite, se retrouvent orphelins après avoir été rejetés de toutes parts après avoir critiqué «l’intolérance qui ne représente pas la communauté nationaliste-religieuse». Leurs anciens partenaires ont peu apprécié leur campagne axée sur les questions sécuritaires et surtout la volonté de créer un «partenariat laïc-religieux».
Le parti Zehut de Moshé Feiglin avait obtenu 2,74% en avril 2019 tandis que Gesher de Orly Levy-Abecassis n’a eu que 1,73%.  Ils ne pourront entrer à la Knesset que s’ils envisagent une fusion avec une autre liste. Mais Feiglin est exigeant car, s’il veut bien d’une alliance avec  Ayelet Shaked, il n’est pas question pour lui d’envisager un quelconque lien avec l’Union des partis de droite parce que  «Zehut ne se voit pas comme faisant partie du sionisme religieux ou de tout autre secteur. La synergie nécessaire a déjà été créée dans une large mesure. Les concepts de laïc et de religieux et, dans une certaine mesure, la division dichotomique de droite et de gauche, ne sont plus pertinents dans la sphère de Zehut».
Habayit Hayehudi et la Nouvelle droite sont encore en danger s’ils se présentent séparément. Cependant une nouvelle rupture vient d’être entamée. Les factions de l'Union des partis de droite – qui regroupe Habayit Hayehudi, l’Union nationale et Otzma Yehudit — sont en pleine querelles intestines et viennent d’exploser non pas pour des raisons idéologiques mais pour des questions matérielles, en particulier la course au portefeuille ministériel.  
Itamar Ben-Gvir, le représentant d'Otzma Yehudit, vient d’envoyer une lettre au ministre Rafi Peretz, leader de Habayit Hayehudi, le Foyer juif, pour l’informer qu’il met fin à son partenariat parce que Peretz n’a pas respecté l’engagement de démissionner de la Knesset après sa nomination comme ministre afin de permettre au suivant de liste, Ben Gvir de prendre sa place de député.
Dans leur missive, les dirigeants d'Otzma ont fait un procès au Foyer juif pour expliquer leur départ de la droite unie : «Malheureusement, ces derniers mois, nous n’avons pas reçu de traitement approprié. Vous et les autres responsables du Foyer juif vous êtes comportés comme si vous utilisiez puis jetez Otzma Yehudit. Comme vous le savez bien, et comme vous l'avez annoncé vous-même dans une émission télévisée, l'union entre nous a permis de remporter la victoire aux élections. Sans le comportement de Lieberman, nous aurions pu entrer au gouvernement. Malgré tout cela et malgré le fait que plus de 70.000 électeurs d’Otzma Yehudit ont voté pour l’Union des partis de droite, le comportement des responsables de Habayit Hayehudi a malheureusement été scandaleux ces derniers mois». 
Il faut rappeler qu’aux élections du 9 avril 2019, l’alliance a obtenu 159.000 voix et cinq sièges. Pourtant, Benjamin Netanyahou avait permis à deux députés du même parti, nommés ministres, de quitter la Knesset et de retrouver leur poste de député à la Knesset s'ils perdaient leur portefeuille. Rafi Peretz, a refusé de démissionner de la Knesset, entérinant ainsi la rupture définitive.

Il est probable que Benjamin Netanyahou interviendra pour les réconcilier car une liste pleinement unifiée est dans son intérêt pour constituer son gouvernement. Mais les questions personnelles polluent l’atmosphère politique. Certes, il reste quelques semaines avant le dépôt définitif des listes. Mais certains leaders politiques ne voient jamais plus loin que leur petit cercle privé. L'intérêt personnel prime sur l'intérêt national et les querelles de clocher régentent la vie politique. Il n'y a pas qu'en France que la droite est la plus bête du monde.

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