JOE BIDEN, CANDIDAT CONTRE DONALD TRUMP
Par Jacques BENILLOUCHE
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Le nom de Joe Biden est intimement lié à
celui de Barack Obama dont il fut le vice-président et surtout à l’accord
nucléaire de 2005 avec l’Iran qui a fait de lui un repoussoir pour les
Israéliens. Pourtant son soutien à Israël fut infaillible du temps où il
présidait, de 2001 à 2003 et entre 2007 et 2009, la Commission des affaires
étrangères du Sénat dont il fut chef de la minorité démocrate en 1997.
Signature du Patriot act |
En
tant que démocrate, il n’a pas hésité à prendre des positions fermes au
Moyen-Orient. En effet il avait conclu que les États-Unis n’avaient «d'autre
choix que d'éliminer Saddam Hussein» et avait soutenu une opération menée
dans le cadre de l'ONU. Comme l'extrême majorité du Congrès, il avait voté
également en faveur du Patriot Act (Loi pour unir et renforcer l'Amérique en fournissant les outils appropriés pour déceler et contrer le terrorisme) et, en octobre 2002, en faveur de la résolution
autorisant le président George W. Bush à mener des opérations militaires à
l'encontre de l'Irak.
Malgré cela, il avait été l’un
des plus virulents critiques de la gestion de l'après-guerre, proposant en 2006
la partition de l’Irak entre Chiites, Sunnites et Kurdes ainsi que la prise en
charge par la communauté internationale de l'occupation du pays. Il avait considéré
que l'administration Bush se concentrait trop sur l'Irak au détriment de la
reconstruction de l'Afghanistan. Joe Biden est un sioniste auto-décrit. Au
cours d'un interview réalisée par la chaîne de télévision américaine juive
Shalom TV, il avait conclu en disant : «Je suis un sioniste. Vous ne devez pas être
un Juif pour être un sioniste».
Il ne faut pas être juif pour être sioniste
La droite israélienne n’a pas digéré la signature de l’accord avec les Iraniens jugé dangereux pour la sécurité du pays mais Biden n’a jamais cessé de se justifier en disant qu'il donnait un tranquillité sécuritaire pendant dix années, lors de ses visites en Israël. Il avait expliqué que les États-Unis et Israël étaient «inséparables et qu'il n'y avait pas d'espace entre les États-Unis et Israël en ce qui concerne la sécurité d'Israël».
Ses déclarations avaient attisé le courroux des pays arabes et sapé auprès d'eux la crédibilité des États-Unis qui entendaient entamer des pourparlers indirects et de proximité entre Israël et les Palestiniens. Cela n’avait pas empêché le bureau du vice-président de publier une déclaration ferme «condamnant Israël pour la construction de 1.200 unités de logement en Cisjordanie, geste qui sape la confiance».
Joe Biden n’avait jamais caché
qu’il voulait ouvrir une «nouvelle page entre Israël et l'administration
Obama» sachant que le président américain avait un très faible taux
d'approbation en Israël. Il ne comprenait pas que Barack Obama soit rejeté alors que pendant ses deux mandatures, sa voix n'a jamais manqué à l'Onu pour bloquer les résolutions anti-israéliennes et que l'aide militaire était permanente. Il a eu des paroles énergiques pour assurer les
dirigeants israéliens de l'engagement des États-Unis envers Israël.
Biden avait adopté une attitude ferme contre l'Iran et ses ambitions nucléaires bien qu'il ait tout organisé pour empêcher Israël de prendre une mesure unilatérale de frappe contre l’Iran. Il avait cherché à convaincre les partisans d'Israël au Congrès qu'Obama n’était pas anti-israélien. D’ailleurs, au cours des navettes entre Washington et Jérusalem, rien n’a été entrepris contre Israël par l’administration Obama qui était uniquement obnubilée par le seul fait d’empêcher l’Iran de passer au nucléaire militaire.
Biden avait adopté une attitude ferme contre l'Iran et ses ambitions nucléaires bien qu'il ait tout organisé pour empêcher Israël de prendre une mesure unilatérale de frappe contre l’Iran. Il avait cherché à convaincre les partisans d'Israël au Congrès qu'Obama n’était pas anti-israélien. D’ailleurs, au cours des navettes entre Washington et Jérusalem, rien n’a été entrepris contre Israël par l’administration Obama qui était uniquement obnubilée par le seul fait d’empêcher l’Iran de passer au nucléaire militaire.
Contrairement à Donald Trump,
Joe Biden a une grande expérience en matière de politique étrangère ce qui sera son cheval de bataille. Le problème est qu’il est à la fois la cible à droite et à gauche parce qu’il est bien placé pour défendre l’accord
nucléaire avec l’Iran. Son passé pro-israélien à la présidence de la commission
des affaires étrangères du Sénat et même sa proximité avec Netanyahou depuis de
longues années lui permettront de contrer les attaques des Républicains qui
fustigent la politique étrangère d’Obama. Seuls les partisans démocrates
irréductibles, opposants à Israël, pourraient lui faire défaut.
Cependant il connaît
parfaitement les problèmes de la région et tout en défendant l’accord
nucléaire, il saura répondre à la déstabilisation régionale imposée par l’Iran
et aux questions relatives à l’Irak. Il pourra s’appuyer sur la grande majorité
des Américains qui soutiennent l’accord nucléaire et même réintégrer cet accord alors qu’il a été abandonné par Trump en mai 2018. Il
bénéficie d’un atout important sur le sénateur Bernie Sanders, pourtant juif, à savoir sa proximité
avec Israël depuis 40 ans. Son défi sera d’équilibrer sa politique en
persuadant la droite israélienne d’éviter les mesures unilatérales d’annexion
de la Cisjordanie. Il s’y connaît car sous Obama il avait été chargé d’apaiser
les inquiétudes d’Israël face à l’Iran et c’est grâce à lui qu’aucune mesure de
sanction n’a été prise par le président américain qui au contraire avait porté l’aide
militaire annuelle de 30 à 38 milliards de dollars, garantis sur 10 ans.
Par opposition avec Trump, Joe Biden
est partisan de ne prendre de décisions sur le Proche-Orient qu’après des consultations étroites
avec ses alliés européens. Par ailleurs, il devra agir pour restaurer la confiance vis-à-vis
des Israéliens sachant que seulement 26% des démocrates soutiennent le gouvernement
israélien contre 61% des Républicains. La politique israélienne est très
critiquée aux États-Unis et surtout la décision d’inclure le parti kahaniste
dans la nouvelle coalition. Le lobby pro-israélien AIPAC a été jusqu’à traiter
le gouvernement de Netanyahou de «raciste». La sénatrice Amy Klobuchar a
été la plus virulente à condamner l’entrée de l’extrême-droite dans le futur
gouvernement de Netanyahou. Le 10 février 2019, elle a annoncé qu'elle se lançait dans la course à la primaire présidentielle démocrate de 2020. Les Démocrates se sont un peu trop gauchisés.
Parce que Biden avait des
relations historiques chaleureuses avec Netanyahou, il l’avait toujours défendu
face à Obama pour empêcher le président américain de prendre des mesures
irréversibles. En revanche, il n’y a eu aucune réciproque en Israël. L’attitude
vis-à-vis du vice-président a été toujours négative, presque insultante à certains égards. Comme un fait exprès, chacun
des voyages de Joe Biden en Israël était précédé par des annonces de
constructions de nouveaux logements en Cisjordanie pour lui compliquer sa tâche. Malgré cela, Biden n'avait pas hésité à rencontrer en Israël Netanyahou qui avait rejeté l'invitation
d'Obama à lui rendre visite à la Maison Blanche.
Biden était toujours partisan de conversation franche avec les Israéliens car il considérait Netanyahou comme un «grand ami» : «Bibi, je ne suis pas d'accord avec plus d'une fichue chose que tu dis, mais je t'aime». Beaucoup d’Israéliens préfèrent que la vérité leur soit dite en face plutôt que d’avoir tout le temps à imaginer les scénarios auxquels pouvait les conduire l’imprévisible Trump qui reste le favori des nationalistes juifs.
Biden était toujours partisan de conversation franche avec les Israéliens car il considérait Netanyahou comme un «grand ami» : «Bibi, je ne suis pas d'accord avec plus d'une fichue chose que tu dis, mais je t'aime». Beaucoup d’Israéliens préfèrent que la vérité leur soit dite en face plutôt que d’avoir tout le temps à imaginer les scénarios auxquels pouvait les conduire l’imprévisible Trump qui reste le favori des nationalistes juifs.
Trump est persuadé qu’il n’en
fera qu’une bouchée de Biden d’autant plus que le puissant lobby pro-israélien AIPAC est
en froid avec les Démocrates. On a noté cette année qu’aucun candidat à la
primaire démocrate de 2020 ne s’est exprimé à sa tribune ce qui permet à Trump
de profiter de la situation. L’opposition subit plusieurs polémiques puisqu’une
élue musulmane a été accusée d’antisémitisme. Biden pourrait seul restaurer la
situation qui voit les Juifs américains majoritairement défavorables au
gouvernement israélien actuel. Bernie Sanders a de son côté estimé
que l’Aipac appuyait «des responsables ayant fait preuve de sectarisme et s'opposant
à une solution à deux États» avec la Palestine. Alors Donald Trump en
profite pour diviser l’opposition : «Ils sont complétement anti-Israël.
Franchement, je pense qu'ils sont anti-juifs».
Bernie Sanders |
Biden compte sur un fait qui ne
s’est jamais démenti : les électeurs juifs américains votent en majorité traditionnellement
démocrate. Selon un sondage, un quart d’entre eux avaient une bonne opinion de
Donald Trump, qui multiplie pourtant les gestes forts en faveur d’Israël. Biden est le seul capable de rassembler à nouveau les Démocrates dont une grande partie avait
déserté le parti en raison des positions «trop gauchistes» de Bernie
Sanders. C'est le seul qui pourrait véritablement inquiéter Trump qui, comme à son habitude, a déjà lancé ses attaques peu politiques telle que la référence à l'âge du candidat.
C'est curieux de voir tant de septuagenaires, en comptant Sanders, briguer la Maison-Blanche alors que les Etats-Unis se sont souvent distingues par la jeunesse de leurs presidents. La charge de president des USA est bien plus lourde que celle de president d'Israel qu'un nonagenaire comme Peres a pu assumer. En France, les mandats des presidents septuagenaires se sont mal termines : rejet ( De Gaulle) ou maladie ( Mitterrand et Chirac).
RépondreSupprimerCher monsieur Benillouche,
RépondreSupprimerAinsi, Joe Biden, le prochain candidat démocrate à la Maison Blanche, serait le préféré de la gauche israélienne. Mais, manque de bol, il n'y a que 26% des Démocrates, contre 61% des Républicains, pour soutenir la politique d'Israël ! Et si on ajoute à cela que, d'un côté, l'AIPAC, puissant lobby pro-israélien "est en froid avec les Démocrates", tandis que de l'autre, les Juifs américains sont "majoritairement défavorables au gouvernement israélien actuel", le jeu des pronostics devient extrêmement hasardeux.
Alors que faire, comme disait l'autre ?
Eh bien, la sagesse voudrait sans doute qu'on laissât aux Américains - juifs ou pas - le soin de décider eux-mêmes de qui sera leur prochain président.
Très cordialement.
Les juifs américains votant démocrates se sont gauchisés à un degre qui n'était pas imaginable voilà à peine une quinzaine d'années. Ils représententent eu egard leur degré d'assimilation une menace contre Israel.
RépondreSupprimerDe ce fait il n'y'a a mon sens pas lieu de leur accorder la moindre credibilité la plupart d'entre eux ayant un penchant pour une politique plutot propalestinienne. Le fossé entre Israel et la gauche américaine est devenu radical.Dans l'immédiat voire dans un futur proche on ne voit pas ce qui pourrait le combler.
Votre article atténue considérablement le danger qu'aurait pu représenter pour Israel-pas pour la gauche israélienne -le Plan Obama que ce dernier s'il avait été réélu- faisait courrir à Israel avec l'appui des pays de l'UE dont on connait le propalestinisme outrancier manifesté entre autres par leurs votes à l'ONU aligné sur les pays arabes tendant à le déligitimer.
Ici encore vous rappelez le penchant de Biden de faire entrer dans le jeu diplomatique du MO l'UE lors meme que la France qui tient à y jouer un role moteur ne peut -c'est un euphémisme- se placer dans le rang des amis d'Israel.
Que je sache les israéliens en votant via la droite contre le retrait du Golan, contre l'expulsion par centaine de milliers de judée-Samarie rapprochant nos "amis et partenaires palestiniens" de Tel-Aviv et sa région et pour ne pas donner au Vatican la moindre place sur le Mont du Temple (toutes considérations dont se fichent les juifs américains démocrates en symbiose avec l'extreme gauche israélienne) ont eu raison de soutenir Natanyahou.
Joe Biden serait un Obama bis dont Israel peut se passer avec bonheur y compris de l'UE qui se dirige vers des problèmes qu'Israel a de bonnes raisons d'écarter.
Pour plus de précisions sur le plan forcé d'OBAMA quoi de mieux que de renvoyer vos lecteurs sur un de vos précédents articles sur Slate, car celui ci, consacré à l'éloge de Joe Biden vraisemblablement par antipathie envers le soutien de Trump à Natanyahou apparait plus discret pqr ses non dits.
http://www.slate.fr/story/29587/Israel-palestine-plan-paix-secret-obama
@Marianne @ Philippe
RépondreSupprimerMa fonction de journaliste est d’analyser les faits, d’expliquer les positions mais en aucun cas de conseiller, encore moins de conseiller des Américains. A quel titre ?
Mais il est un fait que Joe Biden est un grand ami d’Israël et de Netanyahou et qu’il était de ma responsabilité de le faire remarquer. On a trop tendance à confondre démocrates et gauchistes. Certes il existe des démocrates pro-palestiniens, c’est leur droit et des démocrates pro-israéliens.
Joe Biden est de la deuxième catégorie mais ferme quand il le faut et il l’a montré avec l’Irak et pacifique quand il le faut. Les va t’en-guerre ont toujours mené leur pays au désastre.
En tout état de cause je me méfie de Trump et de ses décisions trop égoïstes. J'espère me tromper.
Amicalement
On n’en est même pas à la ligne de départ et vu le nombre de candidats qui va se bousculer au portillon, malin qui peut dire qui sera à l’arrivée.
RépondreSupprimerQui aurait parié du Trump ?
Espérons juste que les démocrates sortiront de leur primaire un candidat un peu plus «équilibré» mentalement que celui qui est actuellement à la tête de la première puissance mondiale.