DÉRAPAGES
HONTEUX À LA KNESSET
Par Jacques
BENILLOUCHE
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© Temps et Contretemps
Youli Edelstein |
On ne comprends pas
que les excès et les dérapages honteux à la Knesset ne soient pas punis
sévèrement. Le Président du parlement Yuli Yoel Edelstein ne tient pas bien ses
ouailles et laisse faire. Le lieu où s’affirme avec vigueur la démocratie
israélienne ne peut pas être un lieu de règlements de compte abjects qui ne
font pas honneur aux parlementaires. Quand un député arabe dérape il est
rapidement sanctionné, parfois jusqu’à l’exclusion, alors que certains
députés juifs, dont on se demande s'ils n'ont pas usurpé leur place, déversent
leur haine sur leurs collègues. A cette allure, Israël ne sera pas détruit par
les Iraniens mais par les Juifs eux-mêmes. Et cela d’autant plus que ces
déchaînements s’expriment face aux médias et dans l’enceinte même de la
Knesset.
Oren Hazan |
Le comportement le
plus abject a été celui du très contesté Oren Hazan qui reste l’allié et le
défenseur fidèle du premier ministre. Ce n’est pas la première fois que, sous
prétexte de défendre le premier ministre, il déverse ses propos orduriers en
pleine séance, face à la passivité totale du président de la Knesset. Hazan
s’est permis de traiter de «moitié homme» Ilan Gil-On, député du Meretz, handicapé à la suite d’une polio qui l'a touché très jeune.
Utiliser ce genre d'attaques physiques dénote une absence d’arguments politiques.
Gil-On au deuxième plan |
Mais venant de ce personnage, il n’y a rien
d’étonnant. Il a fréquenté le "milieu" en tant que gérant d’un casino en Bulgarie
où les Israéliens venaient perdre leur fortune tous les week-ends. En 2015, il avait
été suspendu du poste de vice-président
de la Knesset pour des accusations de proxénétisme et en raison d’affaires de
drogue concernant son passé en Bulgarie. Alors, se comporter en lâche en s’attaquant à une
personne dont la vie a été cruelle à son égard, est une bassesse qui ne mérite
même pas de commentaire. C’est ainsi à la Knesset ; on tolère les repris de
justice, les condamnés, les voleurs, les menteurs, toute la «grande
classe» en fait.
Karin Elharar |
C’est un coutumier de
ce genre d’attaques. Il ne connaît pas les arguments politiques, trop complexes
pour son cerveau limité. Il
s’était déjà attaqué à la députée Yesh Atid, Karin Elharar, qui fait un travail exceptionnel à la Knesset et dans la vie. Elle souffre d'une maladie musculaire
dégénérative qui la force à se déplacer en fauteuil roulant. Elharar, dont la
maladie lui rend parfois difficile de bouger les mains, se faisait aider par son voisin, Issawi Frej de Meretz, pour voter avec la
permission du président de la Knesset. Oren l’avait accusée d’exploiter son
handicap pour tricher à des fins politiques.
Général Elazar Stern |
Mais il n’y a pas que
les membres du Likoud qui ont un comportement détestable. L’ancien général de
division Elazar Stern, ancien directeur du personnel de Tsahal, et actuel
député Yesh Atid a eu un humour offensant vis-à-vis de la ministre Miri Regev. Lors
d’une discussion tendue sur le projet de loi Regev, la ministre de la culture a
cru devoir l’attaquer avec des mots blessants en disant : «qu’il
était un excellent chef du département du personnel de Tsahal lorsqu’il a été
renvoyé». Se sentant
déstabilisé par elle, il se défendit avec une phrase qui n’était pas à son
honneur car elle était plein de sous-entendus : «Je ne veux pas
parler de la façon dont vous avez progressé dans l'armée. Vous savez ce que je
sais à ce sujet». Les attaques sexistes sont de mauvais goût, ne sont pas dignes d'un parlementaire et ne grandissent pas ceux qui les profèrent.
Voila c’est cela la
Knesset où les combats ne sont plus idéologiques mais au dessous de la ceinture.
Et l’on s’étonne ensuite que la fine fleur du pays préfère le monde de l’entreprise
plutôt que celui de la politique. Certes les combats y sont aussi durs mais toujours dignes. Il serait temps qu’au sommet de la Knesset on
y mette de l’ordre sinon toute la classe politique sera discréditée.
Mais les politiques ne semblent pas vouloir prendre leurs responsabilités et comptent sur les électeurs pour faire le ménage. Ainsi le président de la Knesset, Yuli Edelstein, a publié une déclaration appelant "les citoyens israéliens à voter contre les députés qui dégradent le discours public dans le pays" alors qu'il peut prendre lui-même des mesures punitives à l'égard de ceux qui usent de propos offensants.
Mais les politiques ne semblent pas vouloir prendre leurs responsabilités et comptent sur les électeurs pour faire le ménage. Ainsi le président de la Knesset, Yuli Edelstein, a publié une déclaration appelant "les citoyens israéliens à voter contre les députés qui dégradent le discours public dans le pays" alors qu'il peut prendre lui-même des mesures punitives à l'égard de ceux qui usent de propos offensants.
Elazar Stern n'a pas fait une remarque sexiste, sa remarque se rapportait à la façon dont Regev se comporte avec ses supérieurs pour être "bien vu" une "lèche bottes" ! Mais sa réflexion peut en effet porter à confusion et Regev en a profité !
RépondreSupprimerLes interventions "en dessous de la ceinture ne sont pas une exclusivité israélienne.
RépondreSupprimerÇa se passe dans tous les parlements du monde.
Une anecdote célèbre à ce propos:
Dans les années 50, Pierre Mendès-France monte à la tribune de l'Assemblée pour prononcer un discours..
Un député d'extrême droite l'interrompt avec un tonitruant
- " Ta gueule le circoncis" !
PMF se tourne vers lui moqueur, et réplique :
-"Monsieur, votre femme est trop bavarde!"