Pages

lundi 12 novembre 2018

Palestiniens interdits de pèlerinage à la Mecque



PALESTINIENS  INTERDITS DE PÈLERINAGE À LA MECQUE
Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright ©  Temps et Contretemps


La solidarité arabe est écornée car l’Arabie saoudite refuse d’accorder des visas aux Palestiniens de Jordanie, du Liban et d’Israël qui souhaitent effectuer le pèlerinage à la Mecque. Jusqu’alors, les citoyens israéliens étaient autorisés à franchir la frontière avec des passeports temporaires jordaniens mais, depuis le 12 septembre, cette facilité de se rendre à La Mecque et à Médine a été supprimée. Près de trois millions de Palestiniens sont touchés par cette mesure.



Camp palestinien du Liban

En fait l’Arabie ne veut plus participer à la solution bâtarde en cours aujourd’hui et veut faire pression sur la Jordanie pour qu’elle naturalise les réfugiés palestiniens qui le demandent. La Jordanie délivrait aux Palestiniens d’Israël des documents de voyage temporaires depuis 1978 à partir du moment où ils dépendaient de l’administration militaire israélienne au lendemain de la création d’Israël.
Alors qu’Israël a intégré près d’un million de Juifs venus des pays arabes, les réfugiés palestiniens obtiennent rarement un statut permanent comme s’il fallait laisser perdurer un abcès de fixation qui les maintient en citoyens de deuxième zone dans les pays d’accueil. Au Liban où ils sont nombreux à vivre dans des camps, voire des bidonvilles dont ils n’ont pas le droit de sortir, les Palestiniens, encore aujourd’hui ne peuvent se déplacer qu’avec «un document de voyage pour les réfugiés palestiniens».  Les Jordaniens estiment que : «Cette décision concerne tous les Arabes et les musulmans qui ont le droit de célébrer. Nous recevons des plaintes à ce sujet depuis l'année dernière et nous avons été surpris de constater que près de 200 entreprises touristiques en Jordanie ne pouvaient pas délivrer de visa électronique pour Omra».

Document de voyage libanais

Les Saoudiens, qui ont compris que cette situation traînait depuis trop longtemps et qu’elle limitait toute option de paix, font pression sur la Jordanie pour qu’elle régularise les «réfugiés» sachant que seules les personnes possédant un passeport permanent peuvent obtenir un visa pour le Hajj et la Omra. Avant 1978, les citoyens palestiniens ne pouvaient pas se rendre à la Mecque parce que l'Arabie saoudite et la majorité des États arabes ne reconnaissaient pas le passeport israélien. A partir de l’année 2000, le Département jordanien de l'État civil et des passeports à Amman a commencé à délivrer des passeports temporaires au lieu de documents de voyage.
Les citoyens palestiniens d'Israël devaient déposer leurs passeports israéliens à la frontière avec la Jordanie et poursuivre leur voyage vers l'Arabie saoudite. À leur retour, les autorités jordaniennes échangeaient le document de voyage temporaire avec les passeports israéliens à la frontière. 4 500 pèlerins palestiniens d'Israël se rendent au pèlerinage chaque année, et environ 25 000 personnes effectuent la Omra. La Omra (petit pèlerinage) est une forme de pèlerinage à la ville sainte de La Mecque. Contrairement au grand pèlerinage (hajj), qui ne peut se faire que pendant le dernier mois de l'année musulmane, la omra s’effectue tous les autres mois de l'année.
Passeport temporaire jordanien

L’Arabie vient de décréter l’interdiction d’entrée aux détenteurs de passeports jordaniens temporaires. 634.000 Palestiniens vivant en Jordanie et à Jérusalem-Est sont ainsi concernés. Le passeport temporaire jordanien, valable cinq ans, se distingue du permanent par l’absence de numéro d’identification national et des droits relatifs à la citoyenneté jordanienne. Il en est de même pour les Palestiniens du Liban, évalués à 174.422 personnes, titulaires d’un passeport temporaire. Le consulat saoudien à Beyrouth a confirmé la décision prise par le ministère saoudien des Affaires étrangères.
Depuis 1948, rien n’a été fait pour intégrer les réfugiés palestiniens du Liban qui ne disposent d’aucun droit politique, ni la citoyenneté et ni le droit de voter aux élections législatives ou locales. Pire, les Palestiniens restent des parias puisqu’ils ne peuvent pas exercer 20 professions dont le droit, la médecine et l'ingénierie. Une bonne façon d’empêcher leur intégration définitive. Par ailleurs, ils ne peuvent pas travailler dans les institutions gouvernementales puisqu’ils sont considérés comme des étrangers à vie.
L’Arabie veut venir en aide aux Palestiniens pour leur donner un statut permanent mais en fait,  sur instigation de Donald Trump, elle veut faire pression pour régler définitivement la question du droit au retour des réfugiés de 1948. Elle veut pousser le Liban et la Jordanie à naturaliser tous les réfugiés et leur attribuer un numéro d’identité national. C’est le moyen américain de résoudre en grande partie le conflit israélo-palestinien. En revanche, les Arabes israéliens, titulaires de passeports nationaux, peuvent à présent entrer en Arabie saoudite dans le cadre des relations de détente avec Israël. Le ministre des transports, Israël Katz, a salué «l'initiative de Trump car le problème des réfugiés palestiniens en Jordanie, en Syrie, au Liban et en Irak ferait bien de disparaître du monde».

Les Palestiniens de Jérusalem-Est, résidents privilégiés ne disposant pas de la nationalité israélienne, peuvent demander un passeport à l’Autorité palestinienne mais ils craignent que leur statut juridique et leur résidence à Jérusalem ne soient menacés avec le risque de se faire expulser en tant que citoyens étrangers. Mais l’Autorité palestinienne a choisi une situation de blocage et refuse de délivrer des passeports aux résidents de Jérusalem-Est qui détiennent des cartes d’identité israéliennes.
Dans cette affaire, les victimes sont les Palestiniens qui n’ont pas le droit de circuler dans un autre pays arabe mais en revanche bénéficient de leur soutien moral tant qu’il s’agit de viser directement Israël.

4 commentaires:

  1. Quelle est la source en Arabie Saoudite ?
    Cette position semble en effet la seule qui pourrait mettre un terme au financement sans fin de réfugiés de troisième ou quatrième Générations.

    RépondreSupprimer
  2. Le monde arabe est passé à la carte d’identité digitale et j’imagine que ces « passeports temporaires » qui ne sont en réalité que des laissez-passer posent problème parce qu’ils sont faciles à falsifier.

    RépondreSupprimer
  3. Ingrid Israël-Anderhuber16 novembre 2018 à 09:02

    D'habitude, les Palestiniens, pour marquer leur désaccord et manifester leur colère, ne
    manquent pas d'envoyer des ballons incendiaires sur la tête de leurs adversaires, et ce sans état d'âme ? Ici, pourquoi ce manque de réaction de leur part vis à vis de leurs frères musulmans, qui leur font pourtant toutes ces misères ? Les Palestiniens ne savent-ils réagir que lorsqu'il s'agit d'Israël ?!

    RépondreSupprimer
  4. "Le passeport temporaire jordanien, valable cinq ans, se distingue du permanent par l’absence de numéro d’identification national et des droits relatifs à la citoyenneté jordanienne."

    Et qui est dénoncé comme pays d'apartheid ?
    Il faut vraiment être aveugle

    RépondreSupprimer