ISRAËL N’A RIEN À FAIRE DANS LA FRANCOPHONIE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Israël est l’oublié de l’OIF (Organisation
Internationale de la Francophonie) en raison de l’opposition catégorique du
Liban qui a mis son veto à son admission. Selon les statuts, les nouveaux membres doivent être
admis à l’unanimité. Puisque l’entrée lui est refusée, Israël n’a rien n’a y
faire d’autant plus qu’il aurait à verser, à fonds perdus, des millions de dollars. A moins que d'ici 2020 les choses auront changé lorsque la Tunisie accueillera le prochain sommet. L’OIF
a vu son intérêt s'éroder parce que les États et les gouvernements,
répartis sur l’ensemble des continents, se sont comportés en fossoyeurs de
l’organisation en la politisant.
Abdou Diouf |
Au lieu de promouvoir la langue et la culture françaises et de combattre l’impérialisme
envahissant de la culture anglo-américaine, les Sommets de la francophonie ont
fixé des ordres du jour strictement politiques : paix et droits de l’homme,
démocratie et économie, technologie et environnement, enjeux environnementaux
et économiques face à la gouvernance mondiale, et enfin égalité femmes/hommes.
Tout a été organisé pour que la politique et l’idéologie priment sur la culture
et la linguistique alors que les combats n’auraient dû n’être que littéraires.
Les 200.000 francophones d’Israël ont
été écartés alors que selon l’ancien secrétaire général, Abdou Diouf «la langue
française appartient à ceux qui ont choisi de la féconder aux accents de leurs
cultures, de leurs imaginaires, et de leurs talents». L’OIF parle uniquement
politique au lieu de défendre la diffusion des textes de Zola, Balzac ou Victor
Hugo, et même de Jacques Brel ou Léo Ferré. La culture est un espace de liberté
et de paix où les amoureux des textes, des mots et des phrases bien faites
devraient se retrouver dans le seul combat pour la défense du talent et de la
liberté de penser et d’écrire. Malraux et Sartre défendaient d’abord le combat
littéraire avant la lutte politique. L’Albanie et les Îles Seychelles en font
partie avec un nombre de francophones infime.
Il appartient au gouvernement
français, principal donateur de l’OIF, d’imposer un changement de statuts pour
admettre les nouveaux membres à la majorité et non pas à l’unanimité. Mais il
ne veut pas entrer en conflit avec ceux qui exècrent Israël.
Louise Mushikiwabo |
Contre toute attente et par suite de «combinazione» et du soutien étonnant d’Emmanuel Macron, Louise Mushikiwabo,
ministre des Affaires étrangères du Rwanda, vient d’être nommée à la tête de
l’Organisation internationale de la francophonie. C’est la France qui fait
et défait les secrétaires généraux. Le président français avait appuyé la
candidature de la ministre rwandaise afin de tisser davantage de liens
avec l’Afrique.
Le comble est que la France n’a toujours pas d’ambassadeur dans
la capitale rwandaise, Kigali, parce que le président Paul Kagame, qui ne parle
pas le français, accuse la France d’être complice du génocide des Tutsis, perpétré
par les Hutus, alliés de la France. Le président avait fait adhérer en 2009 le
Rwanda au Commonwealth, normalement réservé aux anciennes colonies britanniques,
et n’a eu de cesse de prendre ses distances avec le français. Il a choisi
l’anglais comme langue nationale. La rédaction des actes officiels se fait
maintenant en anglais. Le français n’est presque plus enseigné dans les écoles.
Même dans le cadre de l’OIF, ou dans ses échanges avec Emmanuel Macron, Paul Kagame
n’utilise que l’anglais. Il semble incapable de prononcer quelques mots en
français.
Paul Kagame |
L’élue Louise Mushikiwabo, la seule francophone de l’entourage du président, avait
déclaré le 11 septembre 2011 : «L’anglais est une langue avec laquelle on
va plus loin que le français. Au Rwanda, le français ne va nulle part» et
pire, en 2014, elle ne s’était pas opposée à la destruction programmée du
centre culturel français de Kigali, sous l’alibi fallacieux qu’il était
contraire au plan d’urbanisme.
On ne comprend pas ce soutien
français qui confirme que la France détient d’énormes pouvoirs à l’OIF, utilisés
uniquement à ses fins personnelles. Alors que l’OIF a pour rôle essentiel de renforcer
la démocratie et de défendre les droits de l’homme, le Rwanda est rarement cité
en exemple pour leur respect puisque depuis l’année 2000 Paul Kagamé en est le
dictateur «élu» jusqu’en 2034. Dans son rapport 2017-2018
consacré au Rwanda, Amnistie internationale écrit : «La répression exercée
contre les opposants politiques se poursuit, marquée par de graves cas de
restrictions aux libertés d’expression, d’association, d’homicides illégaux et
de nombreuses disparitions non élucidées».
Michaëlle Jean |
En fait, la non-reconduction de Michaëlle Jean s’explique pour deux raisons.
D’abord elle s’est rendue coupable de
dépenses «extravagantes» et pour s’en défendre elle s’était
permise de dénoncer les «petits arrangements entre États». On lui
avait reproché un train de vie anormal avec des rénovations de 500.000$ effectués
à la résidence qu'elle loue à Paris et l’achat d’un piano pour un montant de 20.000$.
Par ailleurs, le Canada vise un siège
au Conseil de sécurité de l’ONU en 2020 et pour parvenir à cette fin, il aura
besoin de l’Afrique et de la France. Il a donc sacrifié sa protégée.
En ce qui concerne la France-Afrique, Emmanuel Macron a cassé les codes
sans rien céder sur l'essentiel. Il maintient une politique souterraine qui traduit encore un rapport de
domination. La nomination de Louise Mushikiwabo en est un exemple parfait.
Cher monsieur Benillouche,
RépondreSupprimerN'avez-vous pas été assez enthousiaste en saluant l'arrivée d'Emmanuel Macron dans le paysage de la campagne électorale "comme un tourbillon balayant tout sur son passage", et sur lequel vous comptiez même pour "mettre le centriste Yaïr Lapid en orbite afin de renvoyer la droite israélienne dans l'opposition" ?
Et voilà qu'aujourd'hui vous êtes déçu, et la majorité des Français qui lui ont fait confiance sont déçus aussi.
Permettez-moi de vous chanter une autre chanson. C'est celle qu'ose Éric Zemmour, sur Israël et la France, dans son dernier livre : "Destin Français".
"Israël (celui des Rois d'Israël) a été pendant longtemps le modèle de la France. La France devient à son tour le modèle d'Israël... Tsahal renoue avec l'enthousiasme des soldats de l'an II et l'audace de ses jeunes officiers rappelle celle des généraux des armées du Rhin ou d'Italie. Les deux pays ont connu la logique sans tendresse des États-nations condamnés à n'avoir que des alliés et jamais d'amis...
Ce n'est pas un hasard si Israël est haï depuis des décennies par une gauche française postchrétienne et postnationale qui, après avoir vénéré l'Union soviétique de Staline et la Chine de Mao, s'est soumise à l'Islam comme ultime bannière impériale pour abattre les nations. C'est la France qu'ils vomissent en Israël. La France d'antan et la France éternelle... Israël est le miroir d'une France qu'ils haïssent tant, qu'ils veulent en effacer jusqu'à son reflet..."
Éric Zemmour - DESTIN FRANÇAIS - Albin Michel
Très cordialement.
Chère Marianne,
RépondreSupprimerQui ne l’a pas été lorsqu’on a vu l’occasion de chambouler le monde politique en éliminant les partis traditionnels devenus dépassés, de voir la montée de nouveaux visages jeunes et cependant naïfs, de renvoyer à leurs chères études des politiciens incapables.
Mais Macron a prouvé que la politique est un métier qui ne s’improvise pas et que ses jeunes députés totalement incompétents n’avaient pas l’étoffe de bâtisseurs. Il faut donc revenir aux fondamentaux.
Mais ce n'est pas pour autant qu'il faille se ruer dans les bras d'extrémistes et de racistes.
Amicalement
Quand vous écrivez : "extrémistes", et "racistes", je ne sais pas trop de qui vous voulez parler. J'espère seulement que vous n'imaginez pas nous refaire le coup de : "Il vaut mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Aron". Parce que là, on a déjà donné, et on a vu où cela nous a mené.
RépondreSupprimerBien à vous.
La Francophonie n est qu une vaste organisation politique qui se fiche du Francais
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