NETANYAHOU
AURÉOLÉ PAR POUTINE À MOSCOU
Par Jacques BENILLOUCHE
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L’honnêteté intellectuelle force à reconnaître parfois à Netanyahou une réussite diplomatique qu’il serait injuste de nier. Au moment même où Trump annonçait sa décision de se retirer de l’accord nucléaire avec l’Iran et où Israël frappait les bases iraniennes en Syrie, Netanyahou était invité officiellement en Russie, le 9 mai 2018, pour assister au défilé annuel de la Journée de la Victoire et à la cérémonie de dépôt de couronnes sur la Place Rouge.
Cliquer sur la suite pour entendre l'Hatikva sur la Place rouge
Il
en a profité bien sûr pour s’entretenir avec Poutine de l’évolution de la
situation dans la région et pour confirmer la «coordination continue»
entre les militaires israéliens et russes. Cette visite prouve que les actions
militaires contre la Syrie n’entachent en rien la volonté russe de maintenir
des relations neutres, voire cordiales, entre les deux pays. Il s’agit de la
huitième rencontre au cours de ces deux dernières années. Le président Poutine
avait personnellement invité le premier ministre à participer à ses côtés à la
Journée annuelle de la victoire en Russie. Ils ont été rejoints par le
président serbe Aleksandar Vučić. Portant le ruban
Saint-Georges, les deux hommes politiques sont arrivés vers le début du
cérémonial en compagnie de Vladimir Poutine et étaient assis juste à ses côtés
lors de la parade militaire.
Ce
fut l’occasion d’un défilé militaire sur la Place rouge durant lequel la Russie
a déployé son dernier matériel militaire dont plusieurs types d'avions testés en Syrie. Pour la première fois ont été exposés des drones, un robot
de déminage utilisé à Palmyre et à Alep en Syrie ainsi qu’un tank sans pilote.
Dans son discours au Mémorial du soldat inconnu, Vladimir
Poutine a mis en garde contre une répétition de la Seconde Guerre mondiale
parce que «derrière les nouvelles menaces se trouvent les mêmes traits
laids : l'égotisme, l'intolérance, le nationalisme agressif et les prétentions
uniques. La Russie est ouverte au dialogue sur toutes les questions de sécurité
mondiale et prête pour un partenariat constructif et égalitaire».
Faire
retentir l’hymne national, l’Hatikva, et déployer le drapeau israélien sur la Place Rouge fut un épisode impressionnant alors que la situation est très tendue au Golan avec des
affrontements sanglants. Le risque est grand de voir la situation s’envenimer
et cette visite ne sera pas de trop pour «s’assurer que les armées
israélienne et russe ne s’affrontent pas en Syrie». Le dialogue
direct est indispensable pour faciliter la libre circulation des chasseurs
israéliens dans l’espace aérien libanais et syrien.
Amiran Norkin |
Il s’agit sans aucun doute d’une
victoire diplomatique de Netanyahou qui permettra à Tsahal d’avoir les mains
libres en Syrie afin de frapper les bases et les missiles iraniens des Gardiens de
la révolution en Syrie. À cette occasion, il faut rendre hommage aux chefs de
Tsahal qui conduisent tous les jours les opérations en Syrie, en particulier
celles de la nuit du 10 mai durant laquelle plus de 50 cibles ont été visées :
Bases, dépôts d'armes et radars militaires. Ces chefs restent discrets pour
laisser, à tort, les hommes politiques en première ligne : Gabi Eizenkot,
chef d’État-major, Amikam Norkin, commandant de l’armée de l’air, Yoël Strick,
commandant de la région militaire nord et Tamir Heymann, chef d’Aman, le
renseignement militaire.
Cette équipe rassure tous les jours la population que sa sécurité est bien assurée, toutefois sans excès de fanfaronnade et sans mésestimer les ennemis, à l'instar du ministre de la défense Avigdor Lieberman qui vient de faire une déclaration certainement décalée : «Si chez nous il y a eu de la pluie, chez eux il va y avoir le déluge».
Yoel Strick |
Cette équipe rassure tous les jours la population que sa sécurité est bien assurée, toutefois sans excès de fanfaronnade et sans mésestimer les ennemis, à l'instar du ministre de la défense Avigdor Lieberman qui vient de faire une déclaration certainement décalée : «Si chez nous il y a eu de la pluie, chez eux il va y avoir le déluge».
Cher monsieur Benillouche,
RépondreSupprimerIriez-vous jusqu'à dire que cette présence de Netanyhou, honoré par Poutine sur la Place Rouge, prouve l'erreur de certains qui voudraient qu'au Moyen-Orient, seraient face à face, d'un côté : l'Iran, la Russie et le Hezbollah, et de l'autre : les États-Unis, Israël et l'Arabie Saoudite ?
Très cordialement.
Chère Marianne,
RépondreSupprimerLes stratégies politiques n'ont pas changé et Israël reste du côté américain. Mais Netanyahou est un fin politique et il veut "neutraliser" les Russes au moins le temps d'éradiquer le danger iranien en Syrie.
Cordialement