L’UNION
EUROPÉENNE TENTE DE S’OPPOSER AU DIKTAT AMÉRICAIN
Par Jacques BENILLOUCHE
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L’Union européenne refuse de suivre les Etats-Unis
dans l’application des sanctions contre l’Iran. De toute façon, les sanctions américaines ne pourront pas être
pleinement appliquées immédiatement car il existe un temps d’inertie lié à la
bureaucratie. L’EU estime avoir fait le point sur les usines nucléaires qui
avaient été volontairement mises en veilleuse. Elle est persuadée que les
Iraniens ont, jusqu’à présent, scrupuleusement respecté les injonctions qui
leur avaient été imposées.
Usine d'Arak |
La
construction du réacteur à eau lourde à Arak avait été arrêté tandis que les
centrifugeuses IR-40 n’ont pas été réactivées dans ce site. Le combustible
nucléaire d’Arak avait été conservé en lieu sûr sous le contrôle de l'Agence
internationale de l'énergie atomique. La production d’eau lourde à Khondab
avait cependant été légalement poursuivie avec 16 tonnes par an. Le 11 février
2018, l’AIEA avait contrôlé le stock total d’eau lourde s'élevant à 118 tonnes.
Selon l'Agence, l'Iran n'a exercé aucune activité suspecte au-delà des limites
imposées par le PAGC (Plan d'action global conjoint) et elle est convaincue que
l'Iran peut difficilement cacher des installations nucléaires secrètes.
Natanz |
À
Natanz, 5.060 centrifugeuses IR-1 sont toujours installées et fonctionnent pour
extraire 3,5% de l'uranium naturel faiblement enrichi selon de vieilles
méthodes périmées. Une grande partie des machines avait subi l’attaque du virus
Stuxnet qui les a détruites. Ce qui reste du matériel en fonctionnement produit
300 kilos d’uranium faiblement enrichi. À Fordow, six cascades de
centrifugeuses totalisant 1.044 unités sont encore en activité mais elles sont cependant
en permanence sous contrôle permanent de l’AIEA. L’Agence estime donc que
l’Iran s’est plié aux exigences du JCPOA (Joint Comprehensive Plan of Action)
et sur ce point il est difficile de trouver un argument justifiant une
défaillance iranienne.
Fordow |
Le
président Trump veut cependant imposer de nouvelles sanctions en interdisant
l’achat et l’utilisation de dollars américains par les citoyens et le
gouvernement iraniens. Il veut limiter le commerce de l'or et des minéraux
précieux par l'Iran et interdire le transfert d’aluminium, d'acier et de
charbon ainsi que le transfert de logiciels à toute entreprise iranienne. Les
dépôts en rials seront interdits en dehors de la République chiite tandis que
l’Iran ne pourra plus commercer librement les titres de la dette publique
iranienne. Le secteur automobile, qui a
fabriqué 1,5 million de voitures en 2017, sera lui-aussi touché. D'autres
sanctions sont également envisagées sur les tapis fabriqués en Iran, sur la
nourriture traditionnelle (pistaches en particulier), ainsi que sur les trafics
portuaires à l'étranger et enfin sur toutes les transactions pétrolières. Par
ailleurs, les achats de pétrole iranien seront réduits de manière significative.
Ces
sanctions impliquent que les Américains peuvent interdire à toute société
commerçant avec l’Iran d’avoir accès aux banques américaines. Or il est
impossible pour une entreprise présente dans une centaine de pays de travailler
sans accès aux banques américaines.
Mais
l’UE a décidé de ne pas suivre les Etats-Unis dans les sanctions contre l’Iran.
Elle en a les moyens sans pour autant être certaine que tous les pays suivront.
Jean-Claude Juncker, président
de la Commission européenne, estime que «l'UE a le devoir de protéger
les entreprises européennes». Il va donc réactiver la «loi
de blocage» de 1996 qui interdit aux entreprises et aux
tribunaux européens de se conformer aux sanctions américaines à la suite du
retrait des Etats-Unis de l'accord nucléaire de 2015. Cela permettra aux
entreprises européennes de garder leur liberté sachant que le Royaume-Uni, la
France, l'Allemagne, la Chine et la Russie, signataires du pacte de 2015, se
sont opposés au retrait américain.
Malgré cela le
choix reste difficile pour les entreprises mondiales qui sont menacées d’être
punies si elles violent le diktat américain. Les dirigeants de l’UE savent
qu’ils ont peu de pouvoir face au géant américain mais ils veulent s’appuyer
sur le règlement de 1996 votée pour contourner l’embargo commercial de
Washington sur Cuba. Cette loi avait pour but de défendre les entreprises
européennes bien que le Congrès américain ait adopté, depuis, de nouveaux textes
pour la rendre caduque. Les petites entreprises qui ne traitent pas avec les
Etats-Unis pourraient s’appuyer sur cette législation mais les multinationales
qui commercent en dollars se plieront. C’est pourquoi le blocage de l'UE aurait
une efficacité limitée en raison du système bancaire international qui
fonctionne en dollars.
D’ailleurs,
plusieurs pays européens ont déjà quitté l’Iran. Le géant danois
des transports maritimes, Maersk Tankers, a annoncé qu'il cesserait ses
activités en Iran, tandis que l'assureur allemand Allianz prévoit de mettre fin
à ses accords commerciaux. Le fabricant d'acier italien Danieli a renoncé à ses
commandes de 1,5 milliard d'euros. Le géant français Total espère une
dérogation des autorités américaines sinon il sera contraint de se retirer d’un
projet de plusieurs milliards de dollars pour développer le vaste champ gazier
de South Pars.
Mais cela ne
serait pas perdu pour tout le monde puisque la compagnie pétrolière chinoise
CNPC est prête à s’engouffrer dans la brèche qui lui a été ouverte et que le
consortium britannique, Pergas International, vient de signer un accord avec la
compagnie nationale iranienne South Oil Co pour développer le champ de pétrole
de Karanj. Le bloc commercial de l'Union
économique eurasiatique, dirigé par la Russie et qui comprend aussi l'Arménie, la
Biélorussie, le Kazakhstan et le Kirghizstan, a engagé des pourparlers visant à
créer une zone de libre-échange avec l’Iran.
L’Europe et
l’Afrique subiraient de plein fouet le choc de ces sanctions puisque le baril
de pétrole atteindrait les 100 dollars. Déjà, le baril de North Sea Brent a
passé la barre des 80 $ pour la première fois depuis novembre 2014. Ce
prix élevé favorisera cependant les producteurs de pétrole et de
gaz de schiste américains qui ont besoin de prix élevés pour être
concurrentiels, pour se créer des marges et pour développer leurs
investissements.
Ces nouvelles
péripéties américaines montrent, s’il en était besoin, la faiblesse de l’Europe
qui, d’une part montre sa dispersion et d’autre part, confirme l’échec de se
positionner en puissance face à des Etats-Unis dominateurs. Cela
aurait pu être un moyen pour l’Europe de se «réveiller»
puisqu’avec «America first !» les Etats-Unis engagent un net
repli du monde. L’UE peut revendiquer une indépendance stratégique vis-à-vis de
Washington à condition que la défense européenne engage un grand pas vers une «coopération structurée permanente». Les menaces américaines obligent la
Commission européenne à être plus active et moins naïve. Une chance lui est
tendue car Donald Trump pourrait jouer le rôle d’accélérateur de l’Europe.
C'est du bluff, ces manifestations de la soi-disant opposition aux U.S.A n'est que de la poudre aux yeux à l'intention des masses ignorante. L'U.E n'a ni une armée commune puissante, ni les instruments nécessaires pour combattre les appétits de l'ours Russe Poutine, il a déjà annexé la Crimée, une partie de l'Ukraine et la Géorgie est sous mandat. L'impuissance de l'U.E est flagrante. De plus les membres de l'U.E qui font partis de l'O.T.A.N son incapable de payer leur participation à cette organisation de défense !
RépondreSupprimerLe Président TRUMP réclame qu'ils s’acquittent de leur participation, ce que beaucoup font la sourde oreille !
Il faudrait que les politiciens de métiers cessent de nous prendre pour des imbéciles !