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vendredi 18 mai 2018

Erdogan, le véritable Iznogoud



ERDOGAN LE VÉRITABLE IZNOGOUD 

Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps


           
      À chaque nouvel épisode conflictuel, on pense qu’on a atteint le fond avec les Turcs et pourtant ils innovent à chaque occasion pour signifier à Israël que d’alliés, ils sont devenus des adversaires redoutables. On ignore les dessous de la realpolitik israélienne mais l’on demande à comprendre ce qui pousse Israël à être systématiquement le paillasson d’un dictateur, apprenti sultan, qui a été jadis un fidèle ami des Occidentaux. Les insultes sont devenues les seuls éléments de débat. Erdogan n’avait pas hésité à comparer Israël au régime nazi «l’accusant d’avoir surpassé Hitler en matière de barbarie». 



          Depuis l’épopée du Mavi Marmara, le charme est rompu. Erdogan ressemble de plus en plus à Iznogoud, l’ignoble vizir qui a une idée fixe : «devenir calife à la place du calife !». Ce faux héros possède tous les défauts cumulés d’un dictateur : cruel, égoïste, colérique et hargneux. Il est prêt à tout pour se hisser au sommet de son pays d’abord, puis à la tête du monde musulman sunnite ensuite. Pour atteindre son objectif, il est prêt à user de la terreur contre son peuple, contre l’armée, contre les journalistes, contre les hommes politiques et enfin contre ses citoyens kurdes. Après avoir touché de substantielles et généreuses indemnités de la part des Israéliens pour les victimes turques qui s’étaient aventurées au large de Gaza, et après avoir senti une certaine faiblesse israélienne à son égard, il préfère à présent user de la matraque. 

          On ne s’étonne pas de l’entendre annoncer son soutien au Hamas puisque son parti est une émanation des Frères musulmans : « même si le monde entier ferme leurs yeux, nous empêcherons le déchaînement de la cruauté d’Israël. Nous continuerons à soutenir nos frères et nos sœurs palestiniens non seulement par nos cœurs mais aussi par nos ressources. Nous ne permettrons jamais à Israël de voler Jérusalem ». C’est une constante chez lui de soutenir la violence et les systèmes dictatoriaux. 

          La dernière ignominie d’Erdogan est son annonce du 17 mai 2018 précisant que la Turquie avait acheté des matériels électroniques pour les céder ensuite à l’Iran, en violation de la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l'ONU qui interdit « la vente de produits et de technologies liés au développement nucléaire ». Or, des condensateurs électroniques ont été revendus pour le programme nucléaire iranien. Une enquête a été ouverte pour analyser le comportement de l’acheteur turc qui a violé les lois de l’ONU. On s’étonne de la grande dose de naïveté de la part des industriels israéliens dont le credo est de vendre à tout prix et de faire du chiffre d’affaires sur le dos de la sécurité d’Israël. 
          L’attitude d’Erdogan ne justifie plus que l’Israël vende son âme pour des questions d’équilibre de la balance commerciale d’autant plus que les produits importés de Turquie n’ont aucune originalité et peuvent se retrouver partout ailleurs en Europe. Malgré cela, les échanges entre les deux pays ont doublé de 2009 à 2014 selon l’Institut turc des statistiques. De 2,3 milliards de dollars en 2009, ils se sont élevés à 4,9 milliards en 2014 mais ont baissé à 4,1 en 2015 et 3,9 milliards de dollars en 2016. Cette baisse s'explique depuis qu’Israël ne fournit plus l’armée turque. 
Usine Beko

          Israël importe du fer, de l’acier, des machines électriques, des articles ménagers, des véhicules, des minéraux, du textile et du béton. Israël des produits chimiques, des plastiques, des produits en caoutchouc et du matériel électronique sensible. Pour l’instant, il n’est pas prévu de réduire les échanges, au contraire. 

          Une alerte sur les méthodes turques avait été lancée par les Émirats arabes unis qui avaient révélé qu’ils avaient intercepté une cargaison de contrebande de matériel électronique envoyée par la Turquie à l'Iran en juillet 2017. Il s’agissait justement de condensateurs électroniques de modèle CSP 180/300, fabriqués par une société de Jérusalem. 
          L’humiliation imposée à l’ambassadeur israélien, obligé de passer à la fouille à l’aéroport d’Istanbul et contraint de se déchausser face aux caméras invitées à cet effet, est une preuve du désarroi d’Erdogan pour cibler Israël et pour trouver un angle d’attaque politique efficace. Ce sont des méthodes infantiles indignes d’un gouvernement de l’Otan. 
          Mais Israël évite depuis longtemps les représailles contre la Turquie. Contrairement à de nombreux pays occidentaux, Israël refuse de reconnaître le génocide arménien de 1915 perpétré par les Turcs car ils veulent ménager Erdogan et les relations bilatérales. Arrivé au point de non-retour, les Israéliens doivent décider si les Turcs sont des alliés ou leurs pires ennemis.

5 commentaires:

  1. Je crois que la position de Lapid concernant la Turquie est la plus raisonnable : À savoir, reconnaître le génocide arménien et rompre avec la Turquie d'Erdogan.Combien de couleuvres va encore avaler Israël avant de prendre ces décisions ?

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  2. pourquoi ne pas parler et reparler de l'occupation du 1/3 de l'ile de chypre par par les colons turcs. c'est de l'occupation d'un pays de l'U/E.
    l'UNION EUROPEENNE est sourde et muette concernant la turquie ; les droits de l'homme, la liberte de la presse, le genocide armenien et autres chantages....0.0......
    ISRAEL doit couper tout contact avec ce pays et aider ouvertement les KURDES ET REPONDRE A CE FOU QUE SA PLACE EST DANS UN ASILE

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  3. On ne saurait mieux dire. Je suis plongé dans un abime de perplexité depuis déjà longtemps, surtout de la part d'Israël mais aussi des pays européens qui laissent dire et faire ce dictateur qui en prend tout-à- fait à son aise puisque personne ne semble devoir lui faire comprendre que les limites sont largement franchies.

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  4. toujours du bon journalisme Mr Benillouche...

    tout est dit dans les commentaires également, la communauté internationale ne devrait pas prendre de "gants" avec ce dangereux personnage, mais il y a les gazoducs et les milliards qui vont avec...c'est vraiment jouer avec le feu dans un pays extrêmement sensible aux tremblements de terre destructeurs, mais bon, la Russie et Israel doivent certainement avoir une idée derrière la tête...si non, c'est incompréhensible...

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  5. Il est facile de mettre à mort un taureau furieux part contre de s'en amuser avec une cape rouge cela est une autre affaire. Rira bien qui rira le dernier.

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