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lundi 21 mai 2018

Ouverture du passage de Rafah grâce aux émeutes de Gaza



OUVERTURE DU PASSAGE DE RAFAH GRÂCE AUX ÉMEUTES DE GAZA

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright ©  Temps et Contretemps
         
Passage frontalier de Rafah

          Les Gazaouis peuvent se vanter d’avoir obtenu un résultat tangible après leurs manifestations. Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a annoncé jeudi 17 mai 2018 la réouverture par décret, pour un mois à l'occasion du Ramadan, du point de passage de Rafah, pour «alléger le fardeau des frères de la bande de Gaza». Le terminal a toujours été sporadiquement ouvert pour quelques jours et la dernière ouverture pendant trois semaines consécutives date de 2013.



Al Sissi au Sinaï

            Cette décision a été obtenue après la visite d’Ismaël Haniyeh au Caire à qui Abdel Fattah Al-Sissi, en échange, avait conseillé la modération et le retrait des émeutiers de la frontière israélienne. Le président égyptien avait assuré être «en contact avec les Israéliens et les Palestiniens pour que cesse l'effusion de sang». Le calme est effectivement intervenu ce qui confirme que les manifestations n’avaient rien de spontanées de la part des civils et qu’elles étaient téléguidées par le Hamas et envenimées par le Djihad islamique sur instigation de l’Iran.
Bousculade à Rafah

            Mais le passage de la frontière n’est pas si aisé puisqu’il faut payer un droit de passage élevé. Par ailleurs, il est dangereux car la rancune est tenace du côté des Égyptiens qui ne supportent pas les activistes et qui profitent d’en arrêter certains. C’est un moyen pour les services de renseignements de les forcer à dévoiler le nom de leurs chefs et de ceux qui sont chargés d’apporter de l’aide aux Bédouins terroristes du nord-Sinaï. 
Brigade al-Kassem

          Depuis 2015, une quinzaine de Gazaouis n’ont plus donné signe de vie après leur passage en Égypte, la plupart étaient des membres de la branche armée du Hamas, les Brigades Ezzedine Al-Kassem. Certains disparaissent alors qu’ils étaient sur le chemin de l’aéroport du Caire, à l’instar de Hussam Abu Watfeh, ingénieur civil âgé de 32 ans qui semble avoir arrêté par les services égyptiens de sécurité. Abdeldaim Abu Libdeh membre des brigades a disparu le 19 août 2015 alors qu’il se rendait en Turquie pour y suivre des études. Il avait été arrêté dans le bus en route pour le Caire par des hommes armés et masqués.
            Le point de Rafah est la seule porte vers l’étranger pour les habitants de Gaza qui ne peuvent obtenir l'autorisation de transiter par Israël. Bien que cette enclave ne soit pas contrôlée par les Israéliens, elle est soumise à de grandes mesures de sécurité, imposant depuis 2007 des heures d’attente et une fouille stricte des bagages sauf pour les rares cas humanitaires. On critique le blocus israélien mais celui de l’Égypte est plus rigoureux depuis 2015, à la suite des attaques subies par l’armée égyptienne au Sinaï. Les Égyptiens sont certains que le Hamas et le Djihad islamique apportent une aide technique et militaire aux terroristes.
Djihadistes tués au Sinaï

            Alors que le passage de Rafah est souvent fermé, on n'entend aucune critique de la part des soutiens arabes qui ne veulent voir qu’un seul blocus, celui israélien.  Le nombre annuel de jours d’ouverture diminue plus augmente la politique activiste de Gaza :125 jours en 2014, 32 en 2015, 41 en 2016 et seulement 29 jours en 2017. Ce sont des faits peu rapportés par l'Occident mais ils s’expliquent par les tensions croissantes entre le Fatah et le Hamas qui ne parviennent toujours pas à se réconcilier pour une gestion conjointe de la bande. 
          L’accord d’octobre 2017 avait donné la gestion administrative à l’Autorité palestinienne mais la branche armée du Hamas refuse de se plier aux exigences de démantèlement pour être intégrée aux forces régulières palestiniennes. L’Égypte tente de forcer la main des Gazaouis en imposant des restrictions car pour elle, les risques sont grands de voir des bandes armées rejoindre les terroristes du Sinaï.

            Il n’est pas facile de traverser le terminal de Rafah puisqu’il faut s’inscrire longtemps en avance sur le site de la Sécurité nationale égyptienne. Les voyageurs doivent patienter de 3 à 6 heures du matin au hall Abou Youssef al-Najjar avec le risque de se voir refoulés après un strict processus de tri. La décision égyptienne ne peut être contestée. Elle est sans appel. Il s’agit de décourager les éléments militants du Hamas. Quand, volontairement, on autorise le passage à certains d’entre eux, c’est pour les soumettre parfois à des tortures afin de leur extorquer des informations susceptibles d’intéresser les services de sécurité. Le Caire exige l’arrêt de tout soutien de Gaza à Daesh au Sinaï, où l’armée égyptienne mène des opérations militaires.

            À plusieurs reprises un responsable égyptien de haut niveau avait déclaré que l’Égypte avait l’intention d’ouvrir en permanence le passage de Rafah mais à condition qu’il soit supervisé par le gouvernement palestinien d’unité nationale. Le Hamas s’était engagé pour cette réconciliation mais cela n’a jamais abouti. Le président égyptien avait précisé qu’il refusera l’ouverture permanente de Rafah tant que le terminal ne sera pas géré par les autorités palestiniennes «légales». Cette situation montre que l’Égypte participe de manière plus stricte au blocus de Gaza mais que les Occidentaux feignent de l’ignorer en cherchant à faire porter toute la responsabilité sur Israël alors que des centaines de camions traversent chaque jour la frontière entre Gaza et Israël pour ravitailler la bande.

1 commentaire:

  1. Le monde est hypocrite et feint d'ignorer qu'il y a un second point de passage à la frontière égyptienne.
    C'est ainsi, malheureusement,
    Tant qu'on peut casser du sucre sur Israël, c'est tout bénef.

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