ERDOGAN, NOTRE
AMI, NOTRE ALLIÉ
Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
On
ne comprend pas les raisons qui poussent le gouvernement israélien à être indulgent avec Recep Tayyip Erdogan qui ne rate aucune occasion pour insulter Israël et ses
dirigeants. Il fut certes un temps où les échanges militaires étaient
importants entre les deux pays et que le ciel turc servait à l’aviation
israélienne pour ses exercices militaires. Il fut un temps où l’armée turque achetait tout son matériel militaire en Israël. Il fut un temps où la Turquie était l’enfant
chérie des Américains parce qu’elle représentait la barrière défensive de
l’Occident contre les pays de l’Est. Ce temps est révolu.
Restent
effectivement les échanges commerciaux entre Israël et la Turquie qui ont doublé
en cinq ans. En 2009, ils étaient évalués à 2,3 milliards de dollars puis ont
bondi à 4,9 milliards en 2014. Les exportations turques vers Israël s’élevaient
à 2,5 milliards de dollars alors que les importations en provenance d’Israël
ont atteint 2,3 milliards d’euros. Israël importe essentiellement du fer, de
l’acier, des machines électriques, des véhicules, des minéraux, du textile et
du béton tandis qu’Israël vend à la Turquie des produits chimiques, des
plastiques et des produits en caoutchouc.
La
question reste de savoir si Israël peut continuer à perdre son âme avec un pays
qui l’insulte et qui insulte ses dirigeants. Erdogan avait utilisé des noms
d’oiseau indécents à l’égard de Netanyahou : «Hé Netanyahou ! Tu
es un occupant ! Et c’est en tant qu’occupant que tu es sur ces terres. En même
temps, tu es un terroriste. Ce que tu fais aux Palestiniens opprimés sera
inscrit dans l’histoire et nous ne l’oublierons jamais. Le peuple israélien est
mal à l’aise avec ce que tu fais».
Mavi Marmara |
Les intérêts commerciaux d’Israël ne justifient pas que l’on accepte d’être traité
de paillasson. Depuis l’incident du Mavi Marmara, en mai 2010, les relations se sont détériorées et elles ne parviennent plus à se stabiliser malgré les excuses
que Netanyahou avait présentées et malgré le dédommagement de plusieurs
millions de dollars qu’Israël a payé aux familles des victimes turques.
Il
ne se passe pas une semaine sans qu’Erdogan profère, à toute occasion, des
insultes contre Israël allant jusqu’à l’accuser de «surpasser Hitler matière
de barbarie», lors de la guerre de Gaza. Pour de telles relations boiteuses avec la Turquie, Netanyahou est contraint de
sacrifier ses alliés kurdes soumis au matraquage d’une armée qui ne met pas de
gants pour martyriser les populations civiles. Pour des relations boiteuses
avec la Turquie, Israël accepte de nier une évidence reconnue par tous les
historiens, de nier le génocide arménien perpétré contre 1,5 million
d’Arméniens par le gouvernement ottoman en 1915. Déjà 29
pays et 48 des 50 États américains ont officiellement reconnu ces massacres à
l’exception d’Israël qui privilégie ses relations diplomatiques à la morale et
à l’évidence historique. Avec des amis comme cela, les Israéliens n’ont pas
besoin d’ennemis. Au début Erdogan a joué le rôle du musulman modéré pour rassurer les Occidentaux, mais islamiste
il est et islamiste il restera.
Guilad Erdan |
Le
ministre Guilad Erdan a raison de dire que la réconciliation de 2016 a été une «erreur».
Le fil est rompu et rien ne sera plus comme avant. De toute façon Erdogan a
choisi. Il avait choisi Assad contre Israël et aujourd’hui il fait ouvertement
une alliance avec la Russie et l’Iran, sur fond d’échanges nucléaires. Selon
Erdan «Il est nécessaire de montrer au monde entier qui est Erdogan et
quelles sont ses valeurs : un dirigeant anti-démocratique qui démontre des
attitudes antisémites, qui massacre les Kurdes, conquiert le nord de Chypre,
envoie des flottilles à Gaza, et soutient des organisations terroristes comme
le Hamas».
En
fait, depuis la révolution en Égypte, Erdogan continue à travailler pour
sa propre vision de la Turquie. Il n’a pas renoncé à prendre le leadership
musulman au Moyen-Orient, tombé en désuétude depuis la chute de Hosni Moubarak.
Il est donc prêt à utiliser tout chemin détourné pour élargir son influence
auprès des pays arabes afin de transformer la Turquie en un nouvel empire
néo-ottoman.
Avec ce genre de leader qui se comporte en dictateur vis-à-vis de
sa population et qui n’a pas sa place au sein des institutions européennes, il faut montrer les dents, il
faut hausser le ton, il faut prendre des mesures extrêmes. Il vient de faire un
virage contre l’Occident en se rapprochant de Poutine et de Rohani. Il faut
donc le renvoyer à ses chères études islamiques et s’allier à ses ennemis pour lui faire
entendre raison.
Netanyahou recule alors que c’est le moment de faire preuve d’intransigeance. Déjà les touristes israéliens ont déserté les stations turques donnant un coup sévère à l’industrie hôtelière. En touchant à l’économie turque par la suspension des relations économiques, on assènera une leçon que le dictateur n’a pas l’habitude de recevoir et qui lui fera entendre raison.
Netanyahou recule alors que c’est le moment de faire preuve d’intransigeance. Déjà les touristes israéliens ont déserté les stations turques donnant un coup sévère à l’industrie hôtelière. En touchant à l’économie turque par la suspension des relations économiques, on assènera une leçon que le dictateur n’a pas l’habitude de recevoir et qui lui fera entendre raison.
Plus de doute sur la volonté d’Erdogan d’instaurer un califat en Turquie et dans toute la région
RépondreSupprimerYesss
RépondreSupprimerSurtout en lui infligeant une raclée très coûteuse en matériel et en homme dans la province de magie, en Kurdistan syrien.
RépondreSupprimerQue son armée soit anéantie, que son image soit effacée, que son peuple se retourne contre lui.
Que les Russes rient de lui, que les Syriens n'en aient plus peur.
Que les 10 plaies d'Égypte traversent la Méditerranée et s'abattent sur le palais présidentiel turc.
Quel intérêt à rentrer en conflit ouvert avec la Turquie . Qui est cette homme tout le sait. Le travail des justes est fait par les autres
RépondreSupprimer