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dimanche 18 février 2018

Idées noires par Jean SMIA



IDÉES NOIRES

Le billet d'humeur de Jean SMIA

            
Saint Louis rendant justice

          Lorsque le Tribunal de Pontoise s’est déclaré incompétent : personne n’a fait appel de ce jugement. Alors, serait-ce l’incompétence des tribunaux qui fait qu’à présent la justice soit rendue en direct sur les chaînes télé ?
            Un tribunal à portes ouvertes où chaque spectateur, se prenant pour Saint Louis sous son arbre, ferait partie d’un jury flottant dont l’opinion serait modelée selon les préférences des responsables d’antennes (ou de leurs employeurs), dans un «show» où l’on ne souligne que ce qui fait de l’audience. 



Alain Jakubowicz

          Et ce show a ses vedettes : disciples de Jacques Vergés, les Dupont-Moretti et autres Berton ont institué cette sorte de «stand up» médiatique qui rend inaudible les voix et les conclusions des juges. Il est surprenant qu’Alain Jakubowicz se soit laissé entraîner dans cette «nouvelle» coutume, pourtant vieille comme le monde, qui consiste à couvrir les paroles de son contradicteur avec un porte-voix.
            Est-il alors anormal que nombre de jugements énoncés paraissent si éloignés d’une justice équitablement rendue ? Alors encore, selon l’expression de Raphael Enthoven, est-ce que ce vacarme médiatique nous rapproche de la vérité, ou alors à force de s’imaginer exister en donnant son avis sur tout : voulons-nous que la vérité se fasse jour selon le nombre de like ?  Et, au nombre de like, sachez que nous serons tous obligés d’admettre que la terre est plate !

            Lorsque l’on compile, d’une part les gens que l’opinion a déjà condamnés sans aucun jugement légal comme Ramadan, Weinstein, Darmanin, Hulot, Laetitia Smet, et d’autre part, les non-condamnés par un jugement légal :  Ben Daoud, Merah, Théo, ou l’assassin de Sarah Halimi, on prend conscience non seulement de la fragilité et de la difficulté de rendre la justice mais surtout de la perte de crédibilité et de confiance de la population envers sa justice et envers ceux qui sont en charge de nous sécuriser.
            Et bien qu’a priori cela n’a rien à voir, on ne peut, en toile de fond, ignorer les complaintes des policiers qui se désolent de retrouver en liberté dans les 24 heures des individus multirécidivistes qu’ils ont mis des mois à arrêter, et on ne peut ne pas réagir lorsque l’on compare le confort des conditions d’incarcération d’un Yvan Colonna avec celles d’un Salah Abdeslam, et il semblerait, là, que les Corses seraient exclus de ces «certaines parties de la population qu’il faut éviter d’offenser».
            Lorsque, faute de places dans les prisons, les assassins, les violeurs, les malfaisants et leurs complices parcourent les rues en toute liberté, il n’y a rien d’anormal à ce que nombre de braves gens envisagent de se procurer une arme pour protéger leur famille.

1 commentaire:

  1. On appelle cela "jeter à la vindicte populaire" ou "lyncher", une méthode très efficace qui consiste également à déclarer à l'avance que si un acte répréhensible correspond à une pratique dénoncée liée dans l'inconscient collectif ou dans les faits à un groupe humain quelconque, cet acte délictueux ne peut être que l'oeuvre d'un membre de la communauté incriminée qu'on met au pilori...

    De là, tous les fantasmes génocidaires qui réapparaissent sur la place publique.

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