IDÉES NOIRES
Le billet d'humeur de Jean SMIA
Saint Louis rendant justice |
Lorsque le Tribunal de Pontoise s’est déclaré incompétent : personne n’a fait appel de ce jugement. Alors, serait-ce l’incompétence des tribunaux qui fait qu’à présent la justice soit rendue en direct sur les chaînes télé ?
Un
tribunal à portes ouvertes où chaque spectateur, se prenant pour Saint Louis
sous son arbre, ferait partie d’un jury flottant dont l’opinion serait modelée
selon les préférences des responsables d’antennes (ou de leurs employeurs),
dans un «show» où l’on ne souligne que ce qui fait de l’audience.
Et ce show a ses vedettes : disciples de Jacques Vergés, les Dupont-Moretti et autres Berton ont institué cette sorte de «stand up» médiatique qui rend inaudible les voix et les conclusions des juges. Il est surprenant qu’Alain Jakubowicz se soit laissé entraîner dans cette «nouvelle» coutume, pourtant vieille comme le monde, qui consiste à couvrir les paroles de son contradicteur avec un porte-voix.
Alain Jakubowicz |
Et ce show a ses vedettes : disciples de Jacques Vergés, les Dupont-Moretti et autres Berton ont institué cette sorte de «stand up» médiatique qui rend inaudible les voix et les conclusions des juges. Il est surprenant qu’Alain Jakubowicz se soit laissé entraîner dans cette «nouvelle» coutume, pourtant vieille comme le monde, qui consiste à couvrir les paroles de son contradicteur avec un porte-voix.
Est-il
alors anormal que nombre de jugements énoncés paraissent si éloignés d’une
justice équitablement rendue ? Alors encore, selon l’expression de Raphael
Enthoven, est-ce que ce vacarme médiatique nous rapproche de la vérité, ou
alors à force de s’imaginer exister en donnant son avis sur tout : voulons-nous
que la vérité se fasse jour selon le nombre de like ? Et, au nombre de like, sachez que nous serons
tous obligés d’admettre que la terre est plate !
Lorsque
l’on compile, d’une part les gens que l’opinion a déjà condamnés sans aucun
jugement légal comme Ramadan, Weinstein, Darmanin, Hulot, Laetitia Smet, et
d’autre part, les non-condamnés par un jugement légal : Ben Daoud, Merah, Théo, ou l’assassin de
Sarah Halimi, on prend conscience non seulement de la fragilité et de la
difficulté de rendre la justice mais surtout de la perte de crédibilité et de
confiance de la population envers sa justice et envers ceux qui sont en charge
de nous sécuriser.
Et
bien qu’a priori cela n’a rien à voir, on ne peut, en toile de fond, ignorer
les complaintes des policiers qui se désolent de retrouver en liberté dans les
24 heures des individus multirécidivistes qu’ils ont mis des mois à arrêter, et
on ne peut ne pas réagir lorsque l’on compare le confort des conditions
d’incarcération d’un Yvan Colonna avec celles d’un Salah Abdeslam, et il
semblerait, là, que les Corses seraient exclus de ces «certaines parties de
la population qu’il faut éviter d’offenser».
Lorsque, faute de places dans les
prisons, les assassins, les violeurs, les malfaisants et leurs complices parcourent
les rues en toute liberté, il n’y a rien d’anormal à ce que nombre de braves
gens envisagent de se procurer une arme pour protéger leur famille.
On appelle cela "jeter à la vindicte populaire" ou "lyncher", une méthode très efficace qui consiste également à déclarer à l'avance que si un acte répréhensible correspond à une pratique dénoncée liée dans l'inconscient collectif ou dans les faits à un groupe humain quelconque, cet acte délictueux ne peut être que l'oeuvre d'un membre de la communauté incriminée qu'on met au pilori...
RépondreSupprimerDe là, tous les fantasmes génocidaires qui réapparaissent sur la place publique.