Macron à Berlin |
Emmanuel Macron
vient de remporter son premier succès, au niveau européen, en faisant voter par
les ministres du travail de l’Union Européenne un compromis sur la réforme de
la directive de 1996 sur le travail détaché. Le président de la république n’avait
pas ménagé ses efforts pour convaincre la majorité des pays européens qu’il
fallait mettre fin au dumping social dont étaient victimes les travailleurs des
pays dans lesquels la protection sociale était plus étendue et meilleures
étaient les conditions de travail. C’était une de ses promesses de campagne :
prouver, contre les détracteurs de l’Europe que celle-ci pouvait être protectrice.
Cette promesse a été tenue.
Peut-elle
contribuer à corriger cette étiquette de «Président des riches» qu’on lui accole et dont il ne pourrait,
le temps passant, se débarrasser, comme le capitaine Hadock de son sparadrap
? Les premiers mois qui ont suivi son élection, les Français ont été fiers
d’avoir élu un nouveau président qui étonnait le monde par sa jeunesse, mais
aussi par la qualité de ses interventions dans l’arène internationale, par sa
manière de tenir la dragée haute à Vladimir Poutine et à Donald Trump,
souvenons-nous, c’était symbolique, de la poignée de main avec ce dernier. La
France retrouvait son rang, elle sortait de l’ombre. Ce fut un sans faute sur
le plan international.
Sur le plan
intérieur, la désillusion a été rapide, Emmanuel Macron avait déclaré qu’il
n’était ni de gauche, ni de droite, mais de gauche et de droite. La composition
du gouvernement qui précéda les élections législatives, puis celle de celui qui
les suivit, peu différente du premier, révéla que le balancier penchait
beaucoup plus à droite. Dans l’ordonnance sur l’emploi, à propos de la
flexisécurité, le gouvernement privilégie plus la flexibilité que la sécurité. Le
gouvernement supprime l’ISF, institue «la flat tax» et
baisse de cinq euros l’APL, l’aide personnalisée au logement, plusieurs
milliards accordés d’un côté, quelques centaines de millions d’euros
économisées de l’autre.
Je pourrai bien sûr
citer d’autres mesures prises en faveur des entrepreneurs et des détenteurs de grosses
fortunes par le gouvernement et donc par Emmanuel Macron. Les électeurs de
gauche qui avaient voté en très grand nombre en sa faveur ont pris leurs
distances, comme le montrent les sondages. Ces électeurs savaient que des
réformes douloureuses devaient être mises en œuvre, mais ils n’imaginaient pas
que l’on prendrait aux pauvres pour donner aux riches ! Ils imaginaient
que tous participeraient à l’effort de redressement nécessaire !
Le Président
conçoit l’exercice du pouvoir de manière très personnelle, jupitérienne, tout
doit émaner de lui, il décide de tout, même dans les détails. A ceux qui s’opposent à lui, qui contestent
certaines mesures, il répète «c’était
dans mon programme donc je m’y tiens». Et de préciser «je vais de l’avant, le peuple me l’a
demandé, je me suis engagé, il est trop tard pour réclamer contre moi ou trop
tôt, attendez donc les résultats. Il n’y a nulle tromperie sur la marchandise».
Mais ce peuple dont
56% (dernier sondage Odoxa pour l’Express, la presse quotidienne régionale et
France Inter) pense qu’il est «un
mauvais président». Emmanuel Macron le connait-il vraiment ? L’a-t-il
côtoyé si ce n’est fréquenté dans son parcours, entre l’école privée, Sciences
po, l’ENA, les Banques, le secrétariat de la présidence de la république et le
gouvernement ? On peut en douter sinon il saurait ce que peuvent
représenter cinq euros, en moins, dans le petit budget d’une famille
monoparentale, d’un étudiant qui travaille pour payer ses études… Emmanuel
Macron ne prend en considération que ceux qui réussissent, les premiers de
cordée, les autres ne sont que des fainéants,
des fouteurs de bordel.
L’inauguration de la Halle Freycinet |
Il avait très bien
défini sa vision de la société lors de l’inauguration de la Halle Freycinet à
Paris en juin dernier : «une
gare c’est un lieu dans lequel on croise des gens qui réussissent et des gens
qui ne sont rien». On peut remplacer gare par France et on aura sa
vision de la société française. Manuel Macron est le président de tous les Français,
de ceux qui réussissent et des autres. Il aura besoin de tous ces Français pour
appliquer un certain nombre de réformes qui seront d’autant mieux acceptées que leur coût sera le mieux
partagé entre tous.
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