ISRAËL A IDENTIFIÉ LE CHEF DU HEZBOLLAH AU GOLAN
Par Jacques BENILLOUCHE
Copyright © Temps et Contretemps
Il
n’est pas dans les habitudes d’Israël de dévoiler ses informations et en patrticulier les portraits des chefs du
Hezbollah; mais il existe des exceptions comme celle concernant Haj Hashem. On
ignore le but recherché par le porte-parole arabophone de Tsahal, Avichai
Adraee, en diffusant l’information mais l’objectif est triple. Il s’agit de
prouver au Hezbollah qu’Israël est toujours informé des gesticulations internes
au sein du mouvement et qu’aucun secret ne peut être gardé.
Il s’agit aussi de
perturber la liberté d’action et de déplacement du chef islamiste qui devient
une cible dans le viseur d’Israël. Il s’agit enfin de créer le doute et la
suspicion dans l’entourage d’Haj Hashem pour que ses proches deviennent des
suspects chargés de fomenter un attentat contre lui. Sa vie devient presque
impossible dans ce cas. Il sait qu’il aura au-dessus de sa tête une épée de
Damoclès permanente qui le poursuivra nuit et jour et qui instillera la méfiance au sein
de son entourage.
Munir
Ali Na'im Shaiti, alias Haj Hashem, a été nommé par Hassan Nasrallah pour
commander les troupes du Hezbollah sur les hauteurs du Golan. C’est à lui
qu’incombe la responsabilité de la stratégie militaire à la frontière nord
d’Israël. Âgé de 50 ans donc relativement jeune, père de quatre enfants, il a
l’expérience des champs de bataille et du terrorisme face à Israël. Il a
inspiré, le 12 mars 2002, l'attaque terroriste de Matzuva dans laquelle deux
militants du Jihad islamique infiltrés en Israël depuis le Liban ont ouvert le
feu sur des véhicules civils circulant sur la route Shlomi - Matzuva. Six
Israéliens, dont un officier de Tsahal, avaient été tués dans l'attaque. Les
assaillants avaient été tués au combat avec les forces de sécurité
israéliennes.
Enterrement de Badredinne |
Sa
première expérience sur le terrain contre Tsahal date de la guerre du Liban de
2006 où il commandait un groupe du Hezbollah. Il y gagnera des galons puisqu’en
juin 2016, Hassan Nasrallah le nomma à la tête du front méridional de la guerre
civile syrienne pour combattre aux côtés des forces d’Al Assad. À la suite de l’assassinat du commandant
militaire suprême du Hezbollah en Syrie, Mustapha Badredinne, il fut désigné
secrètement pour prendre sa place. Depuis sa nomination, il s'est montré discret et a préféré rester anonyme durant
plusieurs mois pour protéger sa vie et ne pas finir comme tous ses
prédécesseurs.
Israël
suit de près cette nomination car elle intervient au moment où l’Iran tente de
prendre pied au Golan. Haj Hashem aura surtout pour rôle de coordonner
l’activité d’une zone où cohabitent l’Iran, le Hezbollah et l’armée régulière
syrienne. Il a en charge les 8.000 miliciens du Hezbollah qui combattent sur le
sol syrien et qui ont eu au
moins 2.000 tués. Si la guerre contre Daesh se termine, il aura pour tâche de
rapatrier vers le Liban ses forces militaires avec le risque de déstabiliser un
pays qui ne voudrait pas être la cible des forces aériennes israéliennes.
Hezbollah en Syrie |
Haj
Hashem est devenu une cible mobile car Tsahal le rend responsable de l’envoi de
drones au-dessus du Golan à des fins de renseignements. Il est par ailleurs un
expert des opérations spéciales. Cette publication intervient dans un climat de
tension accrue liée aux déclarations menaçantes de dirigeants israéliens à l’égard
du Hezbollah. En particulier, le ministre israélien de la Défense, Avigdor
Lieberman, avait accusé la milice chiite d’orchestrer des bombardements à la frontière
sur le plateau du Golan pour déclencher une guerre israélo-syrienne. Des obus
en provenance de Syrie se sont par ailleurs abattus sur le Golan sans faire de
victimes entraînant d’ailleurs une riposte de l’armée israélienne sur des
positions de l'artillerie syrienne.
Israël
ne se prive pas d’effectuer de nombreux raids aériens contre des convois
transportant des armes destinées au Hezbollah.
Il faut noter que, depuis la guerre de 1973, la ligne de cessez-le-feu
sur le Golan était relativement calme; mais la situation s'est tendue depuis l’implication
de l’Iran et du Hezbollah dans la région.
Le
Hezbollah doit cependant tenir compte des menaces contre le Liban. Le ministre
israélien de l’Éducation, Naftali Bennett, a déclaré le 19 octobre 2017
qu'Israël dévasterait le Liban et ses infrastructures, s'il était entraîné dans
une autre guerre contre le Hezbollah. Il a affirmé que le Liban serait tenu
responsable de toute action menée par le Hezbollah contre Israël parce que
l’État libanais a accordé une légitimité au parti chiite soutenu par l'Iran :
«Si le Hezbollah fait partie du gouvernement au Liban, et si des
milliers et des milliers de missiles sont cachés dans des maisons, alors le
Liban est impliqué. Ses infrastructures, son aéroport et ses institutions
gouvernementales entrent dans le jeu. Si vous ne voulez pas que cela se
produise, il faut juste démanteler cette chose appelée Hezbollah».
Bennett |
Haj Hashem doit donc inclure dans ses protocoles d’action et dans
sa stratégie les menaces non cachées d’Israël en cas de déclenchement d’hostilités.
La divulgation du portrait du chef du Hezbollah est un avertissement en bonne
et due forme, à la fois pour lui et pour le Liban.
Il est dans le collimateur. Le seul qui s'en est sorti pour l'instant est Hassan Nasrallah, mais il doit etre tres pales apres des sejours prolonges dans des bunkers.
RépondreSupprimer