Avec 32,3% des voix les candidats de La République en marche (LREM) ont remporté le premier tour des élections législatives. La droite a subi un sérieux revers, le parti socialiste est laminé, l’extrême-gauche et l’extrême-droite reculent. Les instituts de sondages, en fonction de ces résultats, octroient entre 400 et 450 députés au parti d’Emmanuel Macron, soit 70 à 80% des sièges. Du jamais vu, sous la Vème République. La droite comme la gauche ont déjà disposé de majorités absolues, mais elles n’ont jamais obtenu de tels pourcentages.
Du jamais vu
aussi, plus d’un Français sur deux, 51,29% des inscrits se sont abstenus de
voter, un record qui fragilise la légitimité du scrutin. 15,40% des inscrits
auront permis au parti du Président d’obtenir la majorité absolue dans la
prochaine assemblée. Le deuxième tour n’apportera pas de grands changements à
la configuration de cette assemblée. Occupant une position centrale dans
l’échiquier politique, les candidats LREM sont pratiquement assurés, à de rares
exceptions prés, d’être élus au deuxième tour. Celles ou ceux qui seront
opposés à un ou une candidate de la France insoumise bénéficieront d’un report,
sur leur nom, de voix de droite ; ceux qui seront opposés à un candidat du
Front National, bénéficieront d’un report de voix de gauche, dans une
proportion souvent plus faible, mais aussi de voix de droite, ce qui leur permettra
d’être élus.
Emmanuel Macron
avec une petite équipe, organisée en commando a réussi à pulvériser le monde
politique déjà vermoulu, en ouvrant des perspectives à tous ceux que les
alternances gauche-droite décevaient dans la mesure où elles ne provoquaient
pas les changements qu’ils escomptaient. Il s’est adressé prioritairement aux
couches moyennes supérieures de la société. Celles qui souhaitaient se libérer
de ce monde politique qu’ils considéraient comme un frein à l’expression de
leurs énergies, mais aussi un frein à leur épanouissement personnel. Elles ont
grandi, ces couches, avec comme modèle de management, celui de l’entreprise,
pas de l’usine, pas de la fabrique, celui de l’entreprise du 21ème
siècle. Macron a dit qu’il gouvernerait la France comme une entreprise, sur des
valeurs, bien sur, mais en mettant aux commandes des personnes issues de la
société civile, dans laquelle elles auraient fait leurs preuves et non des politiques.
Il a promis plus d’horizontalité, les idées monteraient de la base vers le
sommet, donc moins de verticalité dans la gouvernance.
Les législatives,
devaient s’accompagner d’un renouvellement de génération, d’une place plus
importante laissée à la diversité, d’une mixité totale entre les hommes et les
femmes. Ces candidates, contrairement aux habitudes passées, ne devraient pas
être envoyées batailler dans des circonscriptions ingagnables. Ces engagements
ont été tenus.
Par contre la
manière dont les candidats ont été choisis peut paraitre curieuse : ceux
qui postulaient ont envoyé, comme s’il s’agissait d’une demande d’emploi, leur
CV et une lettre de motivation à une commission ad hoc. Ceux qui passaient ce
premier barrage étaient convoqués pour un ou plusieurs entretiens «d’embauche».
Jusque là rien à dire, mais si leur candidature était retenue, ils devaient
s’engager à voter toutes les lois proposées par l’exécutif durant le
quinquennat. Pas de clause de conscience. La désignation ne devenait définitive
qu’après avoir été examinée, mais pas toutes quand même, par Emmanuel Macron
qui dit-on a passé des heures dans le huis clos de la commission d’investiture
du mouvement présidée par Jean-Paul Delevoye.
LREM n’a pas
présenté de candidats, dans 109 circonscriptions, la majorité d’entre elles
étant tenues par des candidats de droite Macron compatibles. Par
contre «Emmanuel Macron a veillé
personnellement à présenter des candidats de poids dans les circonscriptions où
les jeunes socialistes comme Mathias Feki, Axelle Lemaire, Najat Valaud
Belkacem ou Edouardo Rihan Cypel se présentaient pour les faire battre, afin de
tuer une possible concurrence à gauche dans les années à venir».
Emmanuel Macron
aura le 18 juin, les pleins pouvoirs sans
coup d’Etat, me faisait remarquer un ami, il a les mains libres pour
appliquer toutes les réformes qu’il a mises en chantier. Mais en absence de
véritables débats au parlement ou de véritables dialogues avec les forces vives
de la nation, qui ne seront pas plus représentées ou à doses homéopathiques dans
cette assemblée que dans la précédente, la contestation risque de s’exprimer
dans la rue. Le Président de la
République ne doit pas oublier que plus de 50% des français, les plus jeunes,
les ouvriers, les employés, les sans-emploi se sont abstenus de voter.
Soyez Macron compatible; ne dites pas " olympienne " mais Jupiterienne !
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