C’est ainsi qu’il
faut comprendre le vote exprimé par les Français lors de ce deuxième tour des
élections législatives, dimanche dernier. Les sondages de l’entre deux tours
prédisaient des répliques au tsunami du premier tour; le nombre de députés LRM
devait avoisiner les 450. Les Français ne l’ont pas voulu, ils ont, sans se
concerter, permis et, c’est heureux, l’expression de voix divergentes dans la
prochaine assemblée. Ils ont donné au
président Macron les moyens d’appliquer son programme, mais ils ont aussi fait
en sorte qu’il y ait au sein de l’assemblée nationale une opposition
suffisamment importante pour jouer le rôle qui lui est dévolu dans un régime
démocratique.
Un
gouvernement «Philippe numéro
2» devrait se mettre au travail, mais on vient peut-être d’assister à
la première crise au sein de cette nouvelle majorité. Un simple remaniement de gouvernement,
annoncé comme technique, devait avoir lieu hier. Il se justifiait, c’était
classique après des législatives, par la nomination de quelques secrétaires d’État
et permettait, dans la foulée, le remplacement de Richard Ferrand qui ne
pouvait rester à son poste de ministre
de la cohésion sociale alors qu’il était visé par une enquête du
parquet de Brest sur une affaire de location immobilière. Emmanuel Macron avait jugé qu’il valait mieux
l’exfiltrer du gouvernement vers l’Assemblée Nationale pour y diriger le groupe
LRM. Une «promotion»
saluée par les députes LRM qui vont l’élire à ce poste. Je me pose une question : un député,
président de groupe de surcroît ne doit-il pas répondre aux mêmes critères
d’honnêteté, de probité qu’un ministre ?
Ce bel
ordonnancement a été troublé par des «affaires»
qui concernent le Modem, soupçonné d’avoir utilisé pour ses propres activités
en France plusieurs assistants de députés européens payés par Bruxelles. Trois
grands ministères, dont deux régaliens, se sont trouvés sans titulaires. Sylvie
Goulard, ministre des armées, avait annoncé mardi son intention de démissionner
pour mieux se défendre et prouver sa bonne foi ; elle a été suivie hier
dans la journée par le Garde des Sceaux François Bayrou, président du Modem et
par Marielle de Sarnez, ministre des Affaires Européennes qui souhaite quant à
elle présider le groupe du Modem à l’Assemblée. Une ou un président de groupe
doit, certainement, avoir plus de pouvoir qu’un ministre pour que l’on puisse éprouver
une telle attirance pour ce poste ? Il est vrai qu’on le reste tout au
long d’une législature !
La position de
François Bayrou était bien plus difficile ; pouvait-il rester garde des
Sceaux alors qu’il pouvait lui aussi être visé, à tout moment par une
enquête ? Pouvait-il, dans ces conditions, continuer à défendre son projet
de loi sur la moralisation de la vie publique ? En démissionnant, il reprend
sa liberté de parole qu’il n’a d’ailleurs pas abandonnée pendant qu’il était
ministre, pour pouvoir mieux se défendre. L’ex-garde des sceaux s’est
dit : «victime d’une
cabale», sans nommer les personnes à l’origine de cette cabale. Il a aussi
posé un vrai problème qui dépasse son cas personnel : «l’ouverture d’une pré enquête relayée par
les réseaux sociaux est présentée comme une pré-condamnation» Il a
ajouté : «Nous ne pouvons
pas vivre dans une société de perpétuelle dénonciation, la démocratie ne
résisterait pas à cette déferlante».
François Bayrou n’a
pas pour autant négligé l’aspect politique : faisant référence à l’accord
conclu avec le candidat Macron, il a rappelé que «la majorité reposait sur deux piliers porteurs de stabilité et
d’idées nouvelles, La République en Marche et le Modem(..).il a
ajouté «Emmanuel Macron a
besoin d’une majorité large et pluraliste. Je serais à côté d’Emmanuel Macron
pour le soutenir et l’aider».
Nouveaux ministres |
Le remaniement
technique a été plus large. Il s’est conclu par l’arrivée de cinq nouveaux
ministres et de six nouveaux secrétaires d’État dont deux issus du Modem qui
voit son rôle diminuer dans ce nouveau gouvernement.
Faites attention, monsieur Akoun, je crois que vous allez filer du mauvais coton car vous vous posez beaucoup trop de questions !
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