RADIO JUDAÏQUES FM
LA CRISE DE L'AUDIO-VISUEL PUBLIC EN ISRAËL
Jacques BENILLOUCHE
au micro de
Olivier ISSEMBERT
C’est
une affaire qui était latente depuis plusieurs années. Pour comprendre le
problème il faut se pencher sur le rôle de Miri Regev depuis son arrivée au
poste de ministre de la culture. Elle s’est faite remarquer par une volonté de
renversement de l'élite de la nation qui pour elle était exclusivement
ashkénaze. Elle s’est aliénée ce qu’elle a qualifié de «junte culturelle»
d'Israël : Gauchistes laïcistes.
Tel-Aviviens. Ashkénazes. Elle a critiqué ceux qui pensent que «la musique
classique est mieux que la musique andalouse du Maroc ou que Tchekhov est plus
important que Maïmonide».
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Il
est vrai que sa famille est originaire du Maroc et que son nom de naissance est
Miriam Siboni. Alors l'objectif de Regev est de déloger les «élites»
afin de laisser place à des groupes jusque-là marginalisés. Elle sait manier le
bâton plus que la carotte. Il ne faut pas oublier qu’elle était général de
l’armée après avoir été chef de la censure puis porte-parole. Elle sait donc bien manier
les ciseaux. Elle s’en prend donc à tous les media qui osent la critiquer ou critiquer le gouvernement. Elle avait cherché à
museler la radio militaire Galeï Tsahal en l’enlevant à la responsabilité de
l’armée mais Lieberman s’est bien opposé.
Il
est étonnant de voir comment une carrière politique se dessine car elle a
rencontré Ehud Barak, à l’époque président du parti travailliste, mais il a
refusé de lui garantir une place sur la liste du parti. Elle a donc déduit qu’elle
avait une meilleure chance d'être élue au Likoud.
Alors
durant la précédente législature, en 2014, elle a réussi à persuader le gouvernement de
Netanyahou de fermer la radiotélévision publique israélienne IBA (Israël
Broadcast Autority), en prétextant qu’elle coûte cher, que le personnel y est
pléthorique (1.200 personnes), et que son audience vole au ras des pâquerettes.
Elle a surtout publié de nouveaux critères pour l'attribution des fonds publics
pour les institutions culturelles.
En
réalité, Netanyahou et ses proches ne supportent pas l’indépendance des
journalistes de l’IBA. Encore moins leur ton persifleur lorsqu’il s’agissait de
critiquer le pouvoir. Voilà pourquoi le premier ministre veut enterrer l’IBA pour le
remplacer par le «Taagid», une nouvelle corporation censée coûter moins
cher et se montrer plus docile que la précédente. Tous les journalistes ont été
licenciés et les plus dociles réengagés. Un budget a donc été voté (200
millions d’euros par an, contre le double pour l’IBA), des studios ont été
créés et quelques centaines de personnes engagées. Affaire classée ? Non, car
Nétanyahou a changé d’avis la semaine dernière. Et décidé que l’IBA devait
continuer à fonctionner alors que le «Taagid», qui est censé émettre à
partir du 30 avril, est «totalement inutile ».
Pourquoi
ce revirement auquel le ministre Kahlon s’oppose. Netanyahou est «prêt à
aller aux élections» pour faire prévaloir son point de vue. A priori, faire
tomber son propre gouvernement pour une futile question d’ego n’a aucun sens. Sauf
que le leader du Likoud est fin tacticien. Il sait qu’une campagne électorale
ferait passer au deuxième plan de l’actualité les trois enquêtes judiciaires le
concernant, lui et son entourage. Plus particulièrement le «dossier 1000», qui
risque de lui valoir une inculpation pour corruption dans moins d’un mois pour
avoir sollicité des «cadeaux» (cigares cubains de prix, champagnes rosés,
bijoux, voyages) d’au moins deux milliardaires en échange d’interventions
diverses. Certes, Netanyahou nie tout. Mais l’affaire est embarrassante et une
campagne électorale interromprait les investigations durant de longs mois.
Que c'est affligeant de voir et d'entendre la corruption qui règne aux plus hautes sphères du gouvernement d'Israël. Ceux qui ont été PREMIER MINISTRE au début de la création de l'Etat d'Israël et même un peu après DOIVENT se retourner dans leur tombe.
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