Pages

vendredi 7 avril 2017

Nouvelle charte : le Hamas persiste et signe



NOUVELLE CHARTE : LE HAMAS PERSISTE  ET SIGNE
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

Haniyeh et Sinwar à Gaza
         
          Le Hamas a décidé de publier une nouvelle version de sa charte qui comporte des prises de position ambiguës, sinon contradictoires, puisqu’il aborde certes l’idée d’un État palestinien dans les frontières de 1967 tout maintenant son appel à la guerre contre Israël. La reconnaissance de l’État d’Israël est encore un tabou. 



Ahmad Yousif

          Ahmad Yousif, responsable du Hamas, persiste à revendiquer sa «rivalité avec celui qui a occupé notre terre». Les dirigeants islamistes ont décidé de toiletter leur charte qui n’a subi aucune modification depuis 1988 alors que des événements ont chamboulé la région. Cette charte serait publiée dans les jours prochains.
            Si l’on veut résumer l’évolution du texte, on notera que la destruction d’Israël n’est plus exigée et que le Hamas veut échapper à l’accusation d’antisémitisme en désignant dorénavant ses adversaires comme les «occupants» et non plus comme les Juifs. À part cette différence sémantique, il n’y a pas de vraie révolution puisque l’État d’Israël reste une entité sans existence légale.
            Israël est cependant sous-entendu dans l’article 19 qui mentionne «la création d'un État palestinien indépendant et souverain le long des lignes du 4 juin 1967, avec le retour des réfugiés et des personnes déplacées dans leurs foyers». La charte ne précise pas sur quelles bases de frontières serait créé le nouvel État mais, paradoxalement, elle rejette «toute alternative à la totale libération de la Palestine de la mer Méditerranée jusqu’au Jourdain». (Palestine From the River to the Sea). Le Hamas avait déjà abordé le principe des frontières de 1967, en 2014, lorsqu’il avait accepté une solution politique dans les frontières de 1967, si la majorité des Palestiniens y était favorable.

            Mais l’intransigeance est encore de mise puisque «le Hamas ne renoncera pas à une partie de la terre de Palestine, quelles que soient les raisons, les circonstances et les pressions et peu importe combien de temps l'occupation peut continuer». Il continue de «légitimer tous les types de résistance et de lutte contre l'occupation». C’est donc une fin de non-recevoir à toute éventuelle négociation qui pourrait être engagée par Mahmoud Abbas.      
            Yousif a expliqué que «le Hamas avait accepté un État palestinien indépendant sur la base des frontières de 1967 afin de préserver le consensus palestinien». Mais tout au long de la nouvelle charte, l’accent est mis à plusieurs reprises sur le droit du Hamas à la résistance armée. Yousif a confirmé que la nouvelle charte continue de «légitimer tous les types de résistance et de lutte contre l'occupation».
            On ne voit pas l’avancée de cette nouvelle charte qui n’apporte rien de nouveau puisqu’elle ne reconnaîtra pas officiellement un État d'Israël. La charte fustige «l'occupation israélienne.  Le fait que le peuple palestinien ait été expulsé de ses terres et déplacé par la création de l'entité sioniste, n'annule pas le droit du peuple palestinien à toutes leurs terres».

            La seule nouveauté concerne les Juifs. La charte différencie «les Juifs en tant que peuple du Livre et adeptes d'une religion, d'une part, et l'occupation et le projet sioniste d'autre part. Le Hamas ne considère pas le conflit avec le projet sioniste comme un conflit avec les Juifs en raison de leur religion». Ahmed Yousif reconnaît que «notre charte en 1988 était un appel à la mobilisation pendant la première Intifada, elle ne prenait pas en compte la perception internationale. Les Israéliens ont toujours exploité cela contre nous».
            Yousif a précisé qu'un certain nombre de modifications ont été apportées à la charte «en réponse aux critiques à l’égard du Hamas concernant l'antisémitisme, le racisme, et d'autres questions considérées comme des violations du droit international».
            Alors que rien de nouveau et de transcendant ne figure dans cette nouvelle charte, le Hamas pense qu’il sera mieux perçu par les pays occidentaux puisqu'il ne prône plus la destruction d'Israël. En revanche il se montre mieux disposé avec l’OLP qu’il qualifie de «parapluie national pour tout le peuple palestinien».
Morsi et Sissi

            Avec cette charte amendée, le mouvement islamiste palestinien fait un pas timide vers la reconnaissance des frontières de 1967 tout en prenant ses distances avec les Frères musulmans pour renouer avec l’Égypte du président Al-Sissi.

2 commentaires:

  1. Le Hamas a commence a se preoccuper d'esthetique, pendant que les gouvernements israeliens font exactement l'oppose. Je suis persuade que la version anglaise sera encore plus conforme aux exigences internationales ce qui peut nous entrainer a des consequences graves, par exemple un boycott generalise qui serait largement appuye par les intellectuels occidentaux et les Juifs americains. Si le Hamas a digere le fait que la hasbara est un outil de guerre aussi efficace si meme plus qu'une Katioucha, alors nous sommes dans de sales drpas avec cette bande d'imbeciles qui nous rient de gouvernement (Bibi, Bennett, Liebermann, Ouri Ariel, Miri Reguev, Guilad Erdan et autres degeneres).

    RépondreSupprimer