La seconde étape
de la conférence de Paris sur le Proche Orient doit se tenir le dimanche 15
janvier en présence et avec le soutien des représentants de 70 pays mais en
l’absence d’au moins un des deux principaux protagonistes, Israël. La première
étape de cette initiative française avait eu lieu à Paris au mois de juin. Elle
devait permettre à plusieurs commissions de faire des propositions concrètes
pour faire progresser la solution des deux États.
La réunion de dimanche
prochain permettra aux pays participants de se prononcer sur les travaux des
différentes commissions et proposer un cadre de négociations, relativement
contraignant dans le temps, aux Israéliens et aux Palestiniens pour aboutir à
des compromis acceptables et sortir du statu quo. Il n’est pas sûr qu’elle
puisse déboucher sur des résultats concrets. Israël s’était prononcé contre
cette conférence, fut-elle à l’initiative de la France ou de l’Europe dans la
mesure où il considère, et il n’a pas tort, que dans ce type de réunion, il est
le plus souvent jugé à charge et que les décisions qui en découlent se font à
son encontre.
Quant aux Palestiniens,
c’est tout le contraire, ils y sont favorables car ils considèrent qu’ils sont en
position d’infériorité quand ils négocient sans intermédiaire avec les Israéliens. Ce n’est donc pas sous les meilleurs auspices que doit se dérouler
cette réunion, d’autant que la situation dans la région et sur le plan
international s’est modifiée : grâce aux bombardements de l’aviation
russe, et avec l’aide, au sol, des combattants des milices de l’Iran et du
Hezbollah, Bachar El Assad est passé à l’offensive, Alep-Est est tombé et la rébellion
est en déroute.
Alep |
La Russie mène,
dans la région, une offensive politique pour y confirmer son rôle de grande
puissance, et contre balancer l’influence américaine. Cela lui réussit d’autant
plus facilement que les Américains ont donné l’impression de déserter le
terrain et de lui en laisser le leadership. La Turquie a abandonné la rébellion
syrienne, s’est rapprochée du dictateur syrien et de la Russie. Erdogan devait
bien cela à Poutine qui, selon des sources bien informées, a été le premier à l’avertir
du coup d’État qui le menaçait et lui a permis ainsi de réagir très rapidement.
Pour en revenir au
but poursuivi par la conférence de Paris, il faut rappeler que le président
russe veut tenter une médiation entre les Israéliens et les Palestiniens, il
propose d’accueillir, à Moscou, Mahmoud Abbas et Benyamin Netanyahou pour une
rencontre en tête à tête. Il se substitue aux Américains dans le rôle de parrain,
mais il n’est pas certain que les Israéliens y gagnent au change, compte tenu
des relations que la Russie entretient avec l’Iran et le Hezbollah.
Sur le plan
international, la défaite d’Hillary Clinton et la victoire de Donald Trump
constituent, pour Benyamin Netanyahou et les droites israéliennes, une divine
surprise. Le nouveau président des États-Unis s’était déclaré, durant sa
campagne électorale, contre la création d’un État palestinien, pour la
poursuite de la colonisation. Il s’était engagé à déplacer l’ambassade des États-Unis
de Tel Aviv à Jérusalem. Une promesse faite par de nombreux candidats à la
présidence des États-Unis mais jamais réalisée après leur élection.
Ambassade américaine à Tel-Aviv |
Donald Trump, élu,
a choisi comme futur ambassadeur en Israël un partisan de la colonisation.
Israël s’attend à avoir des relations apaisées avec la nouvelle administration.
Il ne craindra plus les mauvaises surprises comme celle d’une abstention des États-Unis
au Conseil de Sécurité, contre une résolution condamnant la colonisation. Le
successeur de John Kerry ne consacrera pas 72 minutes d’un long discours au
conflit israélo palestinien et ne proposera pas de nouveaux principes, qui
pourraient servir de bases à un futur accord de paix dont l’extrême-droite
israélienne ne veut pas, même si Israël devait être reconnu, par ses voisins
arabes, comme un État juif.
A priori les Israéliens
ont raison de ne plus s’inquiéter, mais ils peuvent se tromper. Le slogan de
Trump était America First ……
une politique étrangère basée sur le pragmatisme. Il peut donc aussi bien rebattre les cartes.
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