Norbert Hofer |
La
percée de l’extrême droite, 36,4% au premier tour de l’élection présidentielle
en Autriche, elle arrive en tête du
scrutin, a surpris de nombreux
commentateurs d’autant que son candidat Norbert Hofer a des chances très
sérieuses d’être élu président de la
République à l’issue du second tour. En effet l’écart avec son adversaire,
arrivé en seconde position avec 20,4%,
Alexander Van Der Bellen un
ancien professeur soutenu par les Verts, semble difficile à combler.
Mais
est-ce si étonnant dans un pays qui a été
le premier dans l’Union Européenne, en 2000, à faire participer
l’extrême droite à une coalition gouvernementale, brisant ainsi un tabou qui
durait depuis la fin de la seconde
guerre mondiale. Un pays dont la
population a adhéré massivement au national-socialisme, qui a plébiscité
en 1938 à une écrasante majorité
l’Anschluss, le rattachement de l’Autriche à l’Allemagne nazie, et qui a
eu la chance de par sa situation géographique
et du contexte politico-militaire de l’après deuxième guerre mondiale
d’être qualifié de «première victime du nazisme». Une victime bien
consentante si on se reporte aux actualités
cinématographiques de l’époque qui ont filmé l’accueil triomphal fait à Hitler par la population autrichienne
lorsqu’il s’est rendu à Vienne. Ce certificat de bonne conduite alors que les
autrichiens ont participé aux atrocités allemandes, ce brevet de respectabilité
décerné par les vainqueurs a permis à l’Autriche de s’abstraire de ses
responsabilités, il n’y a pas eu de
dénazification.
Kurt Waldheim |
Quand
éclata l’affaire Kurt Waldheim, ce candidat en 1986 de la droite aux élections
présidentielles dont le passé nazi fut révélé en particulier par la Licra et
Beate Klarsfeld, les Autrichiens furent choqués, après son élection, de leur
isolement sur la scène internationale. Rares furent les chefs d’États
démocratiques qui acceptèrent de le recevoir. Les Autrichiens ne comprirent pas
ou firent mine de ne pas comprendre les
raisons de cet ostracisme. Ils assumèrent plus facilement d’être mis au ban de
l’Union Européenne en 2000 quand l’extrême droite néo nazie fit son entrée dans
un gouvernement conservateur. Ils devaient se douter que cette relégation ne serait pas trop longue.
Ils avaient raison. Elle ne dura pas longtemps, les
temps avaient changé, les idées de la droite extrême avaient fait leur chemin sur le continent. L’Europe s’était élargie à l’Est à des pays, à des peuples qui avaient
renoué avec la démocratie depuis la chute du mur de Berlin ou après l’éclatement de l’Union Soviétique. Ces pays,
à l’exception de la Tchécoslovaquie, n’avaient pas une longue expérience de la
démocratie. Avant la deuxième Guerre Mondiale ils vivaient sous des régimes
fascisants, dictatoriaux ou pour le moins autoritaires, ils furent ensuite
occupés par les Nazis ou alliés aux Nazis ; la guerre terminée, ils
passèrent sous le joug soviétique.
Frontière autrichienne |
Ils
se sont ensuite libérés du régime communiste, mais ils étaient ruinés
économiquement, leurs industries étaient obsolètes ou inexistantes Il fallait
les aider à se développer, à combler leur retard sur les autres européens. Des
milliards d’euros ont été consacrés à cette reconstruction, la solidarité
européenne a joué pleinement son rôle.
Mais il semblerait que la
solidarité ne doive fonctionner qu’à sens unique. Quand il a été demandé à ces
pays d’Europe Centrale ou de l’Est de manifester leur solidarité avec les
autres membres de l’Union en
accueillant, proportionnellement à leur population, à leur PIB, un certain nombre de demandeurs d’asile sur
leur sol, ils ont refusé catégoriquement. Ils ne se sentaient pas concernés.
Nous
n’avons pas été suffisamment attentifs à l’évolution de la politique
intérieure de ces pays. Leurs vieux
démons sont de retour, ils s’appellent racisme, xénophobie, ultranationalisme,
autoritarisme en Hongrie, en Slovaquie,
en Tchéquie, en Pologne. La droite extrême se renforce en Europe en présentant un visage plus avenant, moins
brutal, moins agressif. Elle veut profiter
de la perte de confiance des électeurs dans les élites politiques
traditionnelles. Elle se dé diabolise à
l’image de Marine Le Pen en marginalisant ses éléments les moins présentables,
les néo-nazis, qui font, quand même, partie de la famille.
Norbert Hofer, «un loup dans une peau de brebis»
selon Christian Rainer, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire profil, en est
le parfait exemple. Il a calqué son attitude sur celle de la présidente du Front National ; il a plus que doublé le
score obtenu par la candidate de son parti à la précédente présidentielle,
qui elle s’affichait proche des néo-nazis.
Marine Le Pen exulte elle a salué «un résultat magnifique» tweetant «bravo au peuple autrichien».
Il faut souhaiter, pour la France, pour l’Europe, que sa joie n’aille pas au-delà
du premier tour.
Les partis traditionnels n'offrent plus de rêves. De promesses non tenues en promesses non tenues, le peuple se retrouve devant la triste réalité: chômage, insécurité. Pour l'instant Marine Le Pen se tait, écoute et attend son tour. Elle qui n'a jamais gouverné aura beau jeu le moment venu de présenter une politique démagogue, forte des résultats obtenus en Autriche et autres pays de l'est. Même les juifs, pour une grande part inquiets de leur sort, pris en otages par un islamo-gauchisme, n'hésiteront pas pour beaucoup à lui offrir leurs bulletins de vote, pensant qu'elle défendra leurs intérêts. Triste illusion.
RépondreSupprimerBien cordialement
Veronique Allouche
Les Juifs de France se font assassiner, quittent la France. En ce moment, sous les gouvernements de la racaille européiste. Cela pourra difficilement être pire avec Le Pen.
RépondreSupprimerDidier Bous
Ce ne sont pas les "vieux démons " mais une réponse xénophobe à ce que les Autrichiens et autres Européens de l'Est considèrent comme une menace :l'immigration mal contrôlée et le libéralisme prédateur .
RépondreSupprimerJe lis aujourd'hui même, que dans le centre de Marseille une synagogue Or Thora est en passe d'être achetée par une association islamique pour en faire une mosquée. Le président du consistoire israélite de Marseille, Zvi Ammar, d'expliquer : "Ce qui arrive est dû à un transfert des populations." Le même Zvi Ammar qui avait conseillé aux Juifs de ne plus porter la kippa par mesure de précaution.
RépondreSupprimerAlors comme le disent Véronique Allouche, Jard et Bernard Nival, inutile d'aller chercher plus loin pourquoi le vote FN est aussi important en France, qu'on soit Juif ou pas. Monsieur Akoun a beau jeu de nous rappeler l'Anschluss, de sinistre mémoire, en passant sous silence le développement des mouvements pacifistes des années 1920, le krach de 1929, et le honteux traité de Munich qui avait vu l'Europe se coucher devant Hitler.
@bernard Nival
RépondreSupprimerQuand une immigration de cette importance est aussi mal contrôlée, alors oui les peuples se referment sur eux-mêmes et votent les extrêmes. Quant au "libéralisme prédateur", il n'est pas dit que le TAFTA soit signé, il n'est pas dit que l'économie mondiale puisse encore très longtemps faire des profits colossaux au vu des échanges commerciaux qui se réduisent à l'échelle planétaire.
D'autre part, l'Angleterre est en passe de sortir de l'Europe, ce qui ne manquera pas d'exacerber ailleurs davantage de replis identitaire. Monsieur Akoun a raison, Les vieux démons sont de retour. Quelques pas de plus et l'extrême droite pavoisera tête haute dans une Europe dominée par la peur et le rejet de l'autre.
Veronique Allouche
je n'ai pas voulu remonter trop loin dans l'histoire de l'Autriche, mais j'aurai pu rappeler qu'en 1897, Karl Lueger est élu maire de Vienne sur un programme antisémite.
RépondreSupprimerIl sera réélu jusqu'à sa mort en 1910,malgré la ferme désapprobation du gouvernement impérial. Il avait surnommé Budapest YOUDAPEST. Son souvenir fut rappelé et sa mémoire salués par Hitler lors de son entrée triomphale à Vienne.
L'Europe centrale, l'Autriche Hongrie en particulier, connut dans son ensemble, à cette époque, une fièvre d'antisémitisme, avec une résurgence de la vieille accusation de meurtre rituel, comme en 1882 à Tiszat Eszlar, en Hongie.
Et depuis, la température n'a pas baissé!!
Il me semble que l'on se place dans une autre situation que celle des années 30
RépondreSupprimerÀ aucun moment les pays européens, à l'époque, n'eurent à supporter une telle vague migratoire
À aucun moment, les pays européens de l'époque, ne furent confrontés à une telle propagande culpabilisatrice
À aucun moment, les populations européennes, ne furent, à l'époque, menacées de déchéance et de perte de rang social, c'était déjà arrivé
Et pour finir, à aucun moment, elles ne se virent appliquer un tel double standard, bon pour elles et innoapproprie pour d'autres....
Tirez en les conclusions que vous pourrez