POUR ISRAËL LE DANGER VIENT DU NORD
Par Jacques BENILLOUCHE
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Des civils syriens fuient Alep |
Israël sait que l’accord humanitaire signé entre
la Russie et les États-Unis sur la Syrie est insuffisant pour consolider la
paix dans la région qui est devenu un baril de poudre dont les mèches sont
tenues par différents belligérants ennemis. Le désordre en Syrie et le conflit
turco-kurde qui s’envenime risquent de déborder jusqu’aux frontières
israéliennes avec une implication de plus en plus évidente de Vladimir Poutine.
Les Russes, qui ont choisi les méthodes brutales déjà expérimentées en
Tchétchénie, frappent sur tout ce qui bouge en Syrie. Leur stratégie consiste à
vider le pays de sa population civile quitte à être accusés de procéder à un massacre
ethnique. La survie du régime de Bachar Al-Assad exige des méthodes radicales
qui doivent servir d’exemples.
Frappes russes Syrie |
Mais l’aviation russe se rapproche
dangereusement de la frontière israélienne, certes sans la violer, mais le
risque subsiste car les frappes russes déclenchent un exode croissant des
réfugiés syriens en direction du poste frontière de Quneitra au Golan. Par
ailleurs les Israéliens, qui restent prudents dans l’utilisation de l’espace
aérien syrien, n’ont aucun intérêt à s’immiscer dans les combats entre clans
arabes. Leur préoccupation consiste à neutraliser ou limiter les transferts de
matériel militaire au Hezbollah, pour ne pas qu’il parvienne jusqu’au Liban.
Frappes à Jabal Al-Mane |
Selon un observatoire syrien et la
télévision Al-Arabiya, trois missiles israéliens auraient touché le 18 février
la base de Jabal Al-Mane, au sud de Damas, occupée par le Hezbollah. Aucune des
parties concernées n’a confirmé cette frappe. Benjamin Netanyahou a indirectement
confirmé que les «actions épisodiques de Tsahal ont pour but d’atténuer la menace de la Syrie
transformée en un autre front contre Israël. Nous travaillons contre
l'ouverture d'un front terroriste supplémentaire que l'Iran tente d'ouvrir sur
le Golan, et afin de limiter le transfert d'armes mortelles de la Syrie au
Liban». Il ne fait aucun doute que la coordination est parfaite entre les
Russes et les Israéliens pour organiser la circulation militaire aérienne dans un
ciel syrien encombré.
Dore Gold |
Pour éviter tout incident majeur, le
numéro deux du ministère israélien des affaires étrangères, Doré Gold, en l’absence
d’un ministre en titre car Netanyahou cumule cette fonction, s’est rendu à
Moscou. Aucun officier général ne l’accompagnait car il semble que l’armée ne
fasse pas les mêmes évaluations de la situation que les diplomates. Il s’agit
de connaître les intentions des Russes qui bombardent Daraa à proximité du
Golan, entraînant un afflux de rebelles qui viennent chercher refuge dans le no
man’s land israélien du Golan ou en Jordanie.
Tsahal est convaincu que les Russes
veulent détruire toutes les bases rebelles le long de frontière avec Israël ce
qui ne laisse pas insensibles les Jordaniens et les Saoudiens qui pourraient
faire intervenir leur aviation. Une implication
militaire saoudienne dans le conflit syrien, avec l’aide jordanienne, semble
donc se préciser et Dore Gold a été justement mandaté à Moscou pour évaluer les
intentions russes.
Pour Israël le risque syrien est
faible tandis que le Hezbollah semble plus que jamais déterminé à attaquer
Israël depuis le nord du pays. L’armée se prépare à surmonter ce défi. Avec un
arsenal comprenant des roquettes et des missiles, l’organisation
terroriste peut frapper n’importe quelle partie d’Israël de manière très précise.
Une confrontation avec le Hezbollah serait très complexe parce que les
habitants du Liban sont utilisés comme boucliers humains et que les terroristes
utilisent les habitations civiles comme points de stockage de l’armement. Par
ailleurs il faut tenir compte des éventuels tunnels et du vaste réseau de chemins de mines destinés à
piéger les soldats dans des embuscades.
Colonel David Zini |
C’est pourquoi Tsahal s’est restructuré
au nord. Le 27 décembre 2015, une nouvelle «Brigade Commando», a été
créée en regroupant les unités d’élite Douvdevan, Egoz, Maglan et Rimon qui appartiennent
toutes au corps de l’Infanterie, mais qui dépendaient d’autres brigades ou bien
étaient indépendantes. Cette brigade commando fait partie de la 98e
Division d’Infanterie et a été placée sous le commandement du colonel David
Zini. Selon le chef d’État-Major Gadi Eizenkot : «On n’a pas besoin
d’avoir une grande intelligence stratégique pour comprendre que nous vivons une
période sensible. Les vents dangereux soufflant du Liban, les menaces proférées
par des chefs de l’État islamique en Syrie et en Irak, l’escalade en Judée et
Samarie ainsi que les menaces de la frontière sud, exigent la capacité de cette
nouvelle brigade».
Une réorganisation s’opère au sein
des troupes israéliennes au nord. La brigade Nahal se prépare à quitter la
frontière après 18 mois de présence aux frontières du Liban et de la Syrie. Un
calme trompeur règne pour l’instant alors que 600 miliciens de la brigade
des martyrs de Yarmouk, qui ont juré allégeance à Daesh, y sont stationnés et utilisent
les éleveurs de bétail et les civils pour recueillir des informations sur les
positions de Tsahal. Les Israéliens observent les combats qui déchirent le
Front Al-Nosra et cette brigade Yarmouk mais ils se sentent concernés en raison
de l'évacuation vers Israël des victimes syriennes, principalement des femmes
et des enfants pour un traitement médical.
Martyrs de Yarmouk |
Tsahal reste optimiste car la
probabilité que le Hezbollah lance une guerre contre Israël en 2016 est très
faible, parce que l'organisation est actuellement embourbée dans le conflit
syrien. Les discours de Nasrallah ne sont qu’à usage interne. Mais par
précaution, tous les scénarios sont envisagés, jusqu’à une attaque de
missiles. L'armée israélienne a effectué un changement spectaculaire depuis la
seconde guerre du Liban mais reste consciente du danger car le Hezbollah
dispose actuellement de plus de 130.000 roquettes et missiles, et plus le temps
passe, plus la précision de leurs armes s’améliore.
C’est pourquoi Israël agit
en Syrie au moyen de frappes secrètes pour contrecarrer le transfert de
missiles de précision. C’est pourquoi aussi, il négocie avec la Russie une
liberté d’action aérienne pour agir non pas contre Bachar Al-Assad mais contre
le Hezbollah et accessoirement contre Daesh.
À vous lire je me demande dans quel état le peuple d'Israël sortira, voir si il en sort, lors de la prochaine confrontation. Il ne nous reste plus qu'à attendre la décision du Hezbollah de nous anéantir et prier qu'il s'en abstienne.
RépondreSupprimerAu lieux de jouer la politique du pire, qui n'apporte rien de plus que ce que l'on connaît, merci dans un prochain article de nous parler de la force d'Israël à pouvoir résister voir anéantir nos ennemis.
Dans l'attente faisons confiance à notre Armée et à son commandement.
Bernard Meyer
Monsieur Meyer, ne dirait-on pas que vous ignorez qu'il est tout à fait politiquement incorrect de vouloir "anéantir nos ennemis", surtout s'il se trouve que ces ennemis soient des M... Mais shut ! J'en ai déjà trop dit.
RépondreSupprimerCordialement.