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dimanche 14 février 2016

Clôturer Israël par Gérard AKOUN


CLÔTURER  ISRAËL

Par Gérard AKOUN


            
          Benyamin Netanyahou  s’est rendu, sur la frontière israélo jordanienne,  mardi dernier, pour s’assurer de la bonne marche des travaux qui permettront dans quelques mois, d’achever la construction de  la  clôture de sécurité, qui doit séparer les deux pays. Il était accompagné, ce qui est assez rare pour une visite de ce genre, du chef d’État-major de Tsahal, Gadi Einzecot. La participation de ce dernier  à ce déplacement avait surpris certains observateurs.




            On a mieux compris pourquoi Benyamin Netanyahou avait tenu à ce qu’il soit présent, quand on a connu la teneur des déclarations du premier ministre. Ce dernier a déclaré : «que pour empêcher toute infiltration de terroristes sur tout le long des frontières, il fallait clôturer tout Israël, donc s’équiper de barrières, de clôtures de sécurité sur l’intégralité du territoire, et colmater les vides dans les barrières déjà existantes». Il a affirmé  «C’est la façon la plus efficace de protéger Israël, des bêtes sauvages qui l’entourent».  Il reprenait, à son compte, la définition imagée qu’avait faite Ehud Barak, il y a 4 ans quand il était ministre de la défense,  de la situation d’Israël dans son environnement géographique, celle d’une villa au milieu de la jungle.
            J’ignore si le chef d’État-major partage les idées de Netanyahou ou s’il lui a servi de caution à son corps défendant. Il est intervenu, sur le plan militaire pour dire : «que la priorité d’Israël aujourd’hui, était de détecter et détruire les  tunnels que creuserait le Hamas et qu’elle n’était pas de se livrer à des opérations militaires de grande ampleu. À propos de la vague d’attentats dont Israël est  victime, il a expliqué qu’il était difficile de les prévenir dans la mesure où  selon ses services : «près de 85 % des terroristes sont des jeunes, des célibataires qui prennent d’eux-mêmes la décision  d’assassiner».
            Je ne sais pas si Benyamin Netanyahou a mesuré la portée de ses propos, tant vis-à-vis des peuples qui entourent Israël, que de certains de leurs dirigeants qui se trouvent être, de fait même si ce n’est de droit, ses alliés parce qu’ils ont les mêmes ennemis. Je ne parle,  même pas, de l’effet que ses  propos vont provoquer dans l’opinion internationale. Mais en a-t-il mesuré le contre coup  pour son propre peuple ? Si Israël est entouré de bêtes sauvages, quel espoir demeure-t-il d’aboutir un jour à une solution pacifique ? On ne peut pas parler à des bêtes sauvages, elles vous tuent si vous ne les tuez pas, avant. La seule perspective offerte serait de se barricader et d’attendre l’arme à la main.
Primo Levi


            Est-ce cet avenir que Benyamin Netanyahou propose aux Israéliens ? Vivre dans un ghetto, mais cette fois, avec un armement ultra sophistiqué ? Il est vrai que les adversaires d’Israël, les Palestiniens en particulier, ne se précipitent pas pour négocier avec lui,  l’accord de compromis, pourtant nécessaire. Ils portent, eux aussi, le lourd fardeau des occasions manquées.  Mais les traiter  de bêtes sauvages, c’est se mettre au niveau de ceux qui traitent les Juifs de porcs et de singes. Se souvient-il, Benyamin Netanyahou, de cette phrase de Primo Levi : «là où il n’y a pas d’hommes, efforce-toi d’être un homme».

3 commentaires:

  1. Malgré tout le respect que j'ai pour Primo Levy, la citation que vous lui attribuée , n'est pas de lui. Elle

    vient du Traité des Pères , chap. 2 , michna 5 .

    Joam

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  2. Peut-être convient-il aussi de se souvenir que les conseilleurs ne sont pas les payeurs.

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  3. Il est vrai que la diplomatie doit être la reine des relations
    Mais face à un peuple qui inculque la haine à ses enfants, pensez vous vraiment qu'il y ait encore un espoir de discussions
    Bernard Meyer

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