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dimanche 8 novembre 2015

Panique chez les généraux iraniens



PANIQUE CHEZ LES GÉNÉRAUX IRANIENS
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

Le général Hossein Hamedani tué en Syrie.

De nombreuses informations concordantes d’origine arabe font état de la panique qui s’est emparée des Gardiens de la révolution combattant en Syrie. Ce sentiment s’est répercuté jusqu’à Téhéran pour devenir une affaire nationale ; nombreux sont les officiers iraniens qui refusent d’aller combattre en Syrie. Les sources sécuritaires en Israël confirment ce malaise qui s’est emparé du corps d’élite iranien.



Octobre sanglant

Le général Dadi tué au golan

Le mois d’octobre 2015 est effectivement considéré comme le plus sanglant du côté iranien. L’agence de presse iranienne Fars a confirmé la mort en Syrie de plus de 30 militaires de la Garde révolutionnaire. Des chefs militaires de haut rang sont tombés au combat à l’instar du colonel Mostafa Ezzatollah, du général de division Farshad Hasoonizadeh, du brigadier-général Hamid Mokhtarband et du général Hossein Hamedani, tous tués à Alep. Ces pertes sont la preuve des revers que subissent les militaires iraniens sur le champ de bataille. La volonté des mollahs de maintenir et d’accroître leur participation militaire au régime de Bachar Al-Assad s’oppose à présent au problème du nombre de plus en plus important des victimes iraniennes.

Selon le journal londonien Asharq al-Awsat, généralement bien informé, des hauts commandants des Gardiens de la Révolution ont organisé un début de mutinerie en refusant  de se rendre en Syrie pour combattre auprès des troupes de Bachar Al-Assad. Ils ont été suivis par de nombreux officiers subalternes qui ont fait l’objet de poursuites auprès du  tribunal militaire avec l’accusation de «mutinerie et trahison». D’autres généraux de la Garde révolutionnaire de la province d’Ahvaz, habitée par une grande population arabe sunnite proche de l’Arabie saoudite, ont déposé des demandes de départs à la retraite plutôt que d’avoir à commander leurs troupes en Syrie.  
Ce comportement est étonnant de la part de gradés constituant l’épine dorsale du régime de Téhéran qui a décidé d’ouvrir une enquête officielle contre ceux qui sont assimilés à des «déserteurs à un moment critique». Le Corps des gardiens de la révolution islamique, est en effet chargé de défendre les valeurs de la Révolution islamique. Ses membres répondent directement au guide suprême l'ayatollah Ali Khamenei à qui ils doivent prêter serment d'allégeance.

Manque d’officiers généraux

Le général Qassem Soleimani

Selon l’opposition iranienne, les forces Al-Qods, forces spéciales des Gardiens de la Révolution placées sous l'autorité du Département de sécurité et de renseignement extérieurs sont à court d’officiers généraux. Le major-général Qassem Soleimani, commandant les opérations extérieures de ces forces spéciales,  refuse de publier le nombre réel de victimes dans ses troupes. Les pertes sont de toute façon bien inférieures à celles dans les rangs du Hezbollah. 
Aux pertes iraniennes s’ajoutent les morts afghans et pakistanais que l’on peut dénombrer par les funérailles organisées en Iran. Le général a pris des initiatives de recrutement dans la province du Sistan-Baloutchistan. Les recruteurs ciblent les minorités religieuses et ethniques composées de Kurdes, de Baloutches et les musulmans sunnites, souvent pauvres, intéressées par l’offre de 830 dollars pour un service de six semaines en Syrie après leur formation rapide.
le cercueil d'Amin Karimi, Garde révolutionnaire tué en Syrie, lors de ses funérailles à Téhéran Octobre 28, 2015

L’engagement militaire russe en Syrie a entraîné une augmentation notable du nombre de victimes afghanes et iraniennes due au déploiement terrestre des gardiens et de la Force Al-Qods à l’intérieur des zones de combat.  Leur faible nombre et l’étendue de leur répartition dans les zones de combat expliquent les lourdes pertes en Syrie alors qu’à l’exception d’Al Qods qui sert comme force expéditionnaire, les Gardiens ont plutôt une fonction domestique moins dangereuse.
L’Iran, principal allié international du président Bachar Al-Assad, nie cependant que des troupes terrestres iraniennes opèrent en Syrie. Il prétend qu’il a seulement dépêché des «conseillers» pour aider l’armée syrienne et le Hezbollah libanais. Pourtant des sources libanaises révèlent que des centaines de soldats iraniens sont arrivés en Syrie en vue d'une offensive terrestre de grande envergure contre les rebelles sunnites, soutenues par des frappes aériennes russes pour combattre aux côtés de l'armée syrienne, du Hezbollah et des groupes paramilitaires chiites venant d’Irak.
 L’Iran ne cache pas son soutien politique à la Syrie. Une délégation de parlementaires iraniens s’était rendue en mission à Damas, conduite par le président de la Commission de sécurité nationale et des affaires étrangères du Parlement iranien, Alaeddin Boroujerdi. Ses déclarations optimistes étaient a priori à usage interne, car elles reflétaient mal la réalité sur le terrain : «La coalition internationale menée par les États-Unis a échoué dans la lutte contre le terrorisme. La coopération entre la Syrie, l'Irak, l'Iran et la Russie a été positive et couronnée de succès».
La situation de la coalition pro-syrienne s’est certes améliorée. Les frappes russes et les renforts massifs de l’Iran et du Hezbollah ont permis de stopper l’avance de Daesh dans le nord-ouest du pays et même de reprendre l’initiative de l’offensive pour tenter d’arracher aux rebelles les territoires perdus ces derniers mois. L’objectif primordial reste cependant de desserrer l’étau autour du réduit alaouite sur la Méditerranée pour maintenir un peu d’oxygène à Bachar Al-Assad.
Les troupes iraniennes sont en situation d'échec car elles font face à des groupes anti-Bachar qui ont reçu un nombre important de missiles antichars de fabrication américaine TOW. Ces rebelles ont ainsi pu détruire 123 chars de l'armée syrienne en octobre. Plus que des raids aériens russes, l'armée syrienne et ses alliés iraniens semblent surtout avoir besoin de davantage d'hommes sur le terrain. Les Russes ont pour l'instant exclu une intervention au sol. Quant aux Iraniens, ils ont atteint la limite de leurs capacités de mobilisation.
Pasdarans

L’aventure militaire reste cependant dans les gènes iraniens. Tant que l'Iran concentrera ses forces et ses objectifs en Syrie, alors Israël gardera sa neutralité. Mais les Israéliens observent avec intérêt l’épuisement physique et moral de leurs ennemis dans des combats qui les déciment et qui détruisent le moral des troupes comme on le constate avec le refus des hauts gradés iraniens de s’engager en Syrie. Les Pasdarans aiment bien parader sur les boulevards de Téhéran ou s'en prendre aux opposants civils mais ils sont réticents à risquer leur vie pour un pays étranger.


4 commentaires:

  1. Pascale CHATELUS8 novembre 2015 à 09:23

    On voit ça avec satisfaction.... mais bon si c est pour se trouver devant Daesh...

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  2. Merci pour ton article, Jacques.

    Nos ami(e)s qui me connaissent un peu, savent que je suis quelqu'un de pacifique, mais là ma réaction est simple : "Qu'ils crèvent !". Ils ont trois intentions en allant en Syrie : sauver un régime sanguinaire, comme le leur ; imposer la domination chiite à des Sunnites qui n'en veulent pas ; et surtout, établir une base rapprochée pour saigner à blanc Israël : heureux donc de leurs échecs !

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  3. La jeune génération iranienne qui a soif de liberté attend avec impatience que généraux ,gardiens de ceci ou de cela ,et ayatollahs quittent la scène politico-religieuse et rejoignent le paradis d'allah

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  4. l'arc chiite de l’Afghanistan à la méditerranée est loin de se mettre en place.
    ce projet a toujours été contré par des personnes responsables, a trop d'ennemis et de détracteurs légitimes, cela va être un gouffre pour l'Iran.
    ce n'est que le début.

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