Radio KOL-ISRAËL
ISRAËL RÉTICENT VIS-À-VIS DES MIGRANTS
ISRAËL RÉTICENT VIS-À-VIS DES MIGRANTS
Par Jacques
BENILLOUCHE
au micro de
Annie GABBAI
au micro de
Annie GABBAI
Benyamin Netanyahou a prévenu qu’Israël ne se laissera pas «submerger» par des réfugiés syriens et africains ou par une vague de migrants illégaux et d'activistes terroristes. Pour parer à cette invasion, il a annoncé la construction immédiate d'une clôture à la frontière avec la Jordanie et il planifie aussi une clôture au Golan à la frontière avec la Syrie. Pour lui, Israël n'est pas indifférent à la tragédie humaine des réfugiés syriens et africains mais Israël est un petit État, très petit, qui ne dispose pas d'une profondeur démographique et géographique. On connaît l’efficacité du mur électronique de 240 kms à la frontière égyptienne qui a réduit à zéro le nombre de migrants africains.
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Générosité
risquée
De son côté, le chef de l’opposition Itzhak
Herzog a appelé Israël à accueillir des réfugiés de Syrie en invoquant la
mémoire de la fuite des Juifs au cours de la guerre et des conflits récents. Il
est dans son rôle d’une part lorsqu’il critique le premier ministre et d’autre
part, quand il s'inspire de la conscience de gauche toujours généreuse pour défendre les opprimés. Mais, précisément, il n’a pas approfondi la question et il a réagi sous
le coup de l’émotion. Sa déclaration pourrait être prise pour de la démagogie.
Depuis le début du conflit en Syrie il y a
quatre ans, plus de quatre millions de réfugiés ont fui vers les pays voisins
comme la Jordanie, le Liban et la Turquie, mais aucun n'a tenté de rejoindre
Israël et encore moins les monarchies pétrolières du Moyen-Orient. Il n’est
pas question pour eux de quitter une dictature pour s’enfoncer à l'intérieur de potentats totalitaires anachroniques. Cependant, s'il accueillait ces nouveaux
migrants, Israël risquerait d’être confronté à des problèmes structurels, identitaires,
économiques et politiques.
Centre de Holot au Néguev |
Israël a déjà expérimenté ces problèmes avec
les clandestins africains qui ont traversé en nombre la frontière avec l’Égypte, avant la création de la barrière. Devant les difficultés qu'ils occasionnaient, il a dû créer un centre de rétention au
centre du Néguev, à Holot précisément, parce qu’il ne pouvait pas les intégrer
totalement. En passant d’un monde primaire à un pays de haute technologie, ils
ne pouvaient que mal s’intégrer, en restant en permanence dans une situation
précaire.
La présence d'une forte communauté d’immigrés a conduit à des
tensions avec la population israélienne qui s’est mobilisée contre cette
nouvelle immigration. Des manifestations et des actes racistes se sont
multipliés ces dernières années, en particulier de la part des résidents des
quartiers Sud de Tel-Aviv où se concentrent plus de la moitié des nouveaux
migrants. C’est pourquoi Israël a dû interdire certaines villes (Tel-Aviv et
Eilat) à ces clandestins.
Certes
Herzog a sous-entendu le cas des Vietnamiens. Le drame des boat people est
encore dans tous les esprits. On se souvient que durant l’été 1977 des milliers
de migrants sur des radeaux ou des bateaux de fortune erraient dans les eaux de
la mer de Chine. Ces frêles embarcations étaient bondées de réfugiés effrayés,
voués à la mort probable dans les eaux de l'océan mais aussi dans leur propre pays.
Certains ont été accueillis en Israël après avoir été secourus par des cargos
israéliens. Les enfants et petits-enfants de ces réfugiés ont grandi comme des
Israéliens dans l'État juif. Ils parlent couramment l'hébreu, travaillent dans
tous les secteurs, ont étudié et sont toujours reconnaissants vis-à-vis de leur
pays d'adoption en servant dans Tsahal. Malgré la reprise des relations
diplomatiques avec le Vietnam, ils ont refusé de rejoindre leur pays d’origine.
Mais il faut appuyer le fait que, contrairement aux migrants actuels, ces réfugiés avaient un fond pacifique et que
leur religion ne prêtait à aucune interprétation douteuse.
Le
problème identitaire ne peut être éludé. L’État hébreu accueille certes à bras
ouvert les Juifs car c’est sa vocation. Israël est une nation de migrants par
excellence, depuis 1949, mais seulement pour accueillir les Juifs opprimés,
pour réaliser le rassemblement des exilés, kibboutz galouyot, et pour
favoriser l’alyah des différentes communautés juives de la diaspora vers l’État
d’Israël. Mais la loi du retour ne concerne que les Juifs de la
Diaspora. Un grand problème se pose donc aux autorités face à ces migrants
non-juifs qui pourraient demander asile à Israël.
Le
problème financier ne peut être passé sous silence au moment où Israël connaît une crise
nouvelle. L’immigration juive est elle-même difficile. Les populations venues
d’Éthiopie mettent du temps à s’intégrer
parce que le changement est brutal. Les anciens agriculteurs et artisans des
Hauts Plateaux d’Éthiopie peinent à se reconvertir dans l’économie israélienne.
Les Juifs de France et d’Ukraine sont aussi confrontés à problèmes
d’intégration économique.
L’argument
des travailleurs étrangers est soulevé. Certes, pour ses besoins et sur la base
d’accords avec les pays d’origine, Israël est prêt à engager des travailleurs
temporaires Thaïlandais, Philippins, Bulgares, Turcs, Népalais et plus
récemment Chinois. Mais ils sont accueillis pour une durée déterminée, de deux à
trois années au terme desquelles ils doivent retourner chez eux sans exception. Or, les migrants syriens n’arrivent pas en invités temporaires.
Palestiniens en 1948 |
Le
problème fondamental des migrants est politique. Il faut se rendre à l’évidence
que les immigrants syriens, arabes ou musulmans en majorité, peuvent poser des
problèmes de cohabitation avec les Juifs et surtout avec les Arabes
palestiniens. Il n’est pas question de sélectionner, comme le veut la Serbie,
les réfugiés en fonction de leur religion. Des familles entières, sans
ressources, exilées, qui demandent asile
en Israël voudront y rester définitivement. Selon le gouvernement, elles
menacent les fondements de la société, la sécurité et l’identité nationale
parce que non-juifs ; ils peuvent altérer la nature juive du pays. De
plus, souvent pauvres, ils posent à l’État d’Israël un problème financier
sérieux. Pour accueillir les travailleurs étrangers, Israël a adopté un système
bâtard de titres de séjours provisoires, sans légiférer sur le statut juridique
de ces nouveaux arrivants.
Les
migrants posent donc un problème politique sérieux. Il est inconcevable d’accorder
le statut de réfugié, l’asile et la protection à ces populations sans que les
Palestiniens n’exigent de prétendre à ce même statut. Il est fort probable que
les Palestiniens profiteront de l’occasion pour rappeler leurs réfugiés de 1948
aux bons souvenirs du gouvernement israélien. Là est le problème car on ne peut
accorder à certains ce qu’on refuse à d’autres.
Enfin, le problème moral de l’errance des
réfugiés juifs pendant la guerre est hors-sujet. Les Israéliens réfutent le parallèle qui ne peut être appliqué selon eux. Les Juifs n’avaient pas d’État
dont ils pouvaient se prévaloir. Les réfugiés d’aujourd’hui disposent de plus
d’une vingtaine de pays arabes, à moitié dépeuplés, qui sont moralement
responsables de leurs «frères». Et puis il est difficile de distinguer
parmi ces pauvres hères ceux qui choisissent l’exil économique ou, plus grave
encore, ceux dont la mission est d’organiser le terrorisme dans le monde
occidental. En ces moments de tension extrême avec le terrorisme, Israël ne peut se permettre de favoriser à l'intérieur de ses frontières une cinquième colonne qui mettra en danger sa sécurité. Il aura donc du mal à accueillir une partie de la misère du monde.
J'avoue être troublé par certains passages de cet article... Par exemple, quand vous dites que les réfugiés vietnamiens des années 1970, à la différence des réfugiés syriens selon vous, "avaient un fond pacifique" et que "leur religion ne prêtait à aucune interprétation douteuse"... : faut-il comprendre que les Syriens qui fuient à la fois le régime criminel d'Assad et la barbarie de Daech auraient "un fond guerrier" ? Et faut-il refuser en Israël l'arrivée de réfugiés chrétiens ou musulmans sous prétexte que certains feraient de leur appartenance religieuse "une interprétation douteuse" ? Moi, je me méfierais plutôt de ceux qui font des interprétations douteuses...
RépondreSupprimer... Il est quasiment certain que les pays d'Europe vont se réveiller un beau matin, en découvrant parmi ces populations en errance, et certes malheureusement à plaindre, quelques terroristes infiltrés, qui se chargeront de rappeler au monde que leurs actions sont loin d'être terminées.
RépondreSupprimerAlors, ce jour là, ils finiront peut-être par comprendre la politique menée par Israël, et que chacun pourra constater.
Pourquoi les états du golfe qui possèdent des milliers de kilomètres de territoires non occupés, ne feraient-ils pas à leurs "frères" une espèce d'Eldorado, de "Terre promise" ? En affrétant même des avions qui iraient les transporter depuis les pays qu'ils veulent fuir...
Shana tova....Même à ceux qui ne nous aiment pas !
Claude
Selon les critères imposés par Angela Merkel à son peuple "devenu soudain le plus compassionnel du monde", ainsi que l'écrit Renaud Girard, et par conséquent à l'UE tout entière, priée de les adopter sans rechigner, on peut sans crainte de se tromper, affirmer que Israël a tout faux dans l'approche du problème des migrants que vous nous présentez :
RépondreSupprimer1 - Construire une clôture au Golan.
2 - Invoquer des problèmes identitaires.
3 - Interdire certaines villes aux clandestins.
4 - Faire un tri des migrants selon leur religion.
5 - Invoquer des difficultés économiques engendrées par certains migrants pour refuser d'en accueillir d'autres.
6 - Affirmer que "le problème fondamental des migrants est politique".
7 - Refuser le parallèle entre l'errance des réfugiés juifs pendant la guerre et celle des migrants d'aujourd'hui.
Sauf le respect que je vous dois, cher monsieur Benillouche, on peut difficilement imaginer écrire une plus mauvaise copie, toujours évidemment, selon les critères de madame Merkel.
Cependant, Renaud Girard se demande, à la fin de son article : "Face à l'Islam, Merkel n'est-elle pas naïve ?"
Voilà qui devrait peut-être vous valoir d'être absous au bénéfice du doute ?
Tous les arguments développés pour ne pas accueillir de migrants ressemblent étrangement à ceux développés par le Front national en France !!
RépondreSupprimerLa seule justification serait qu'Israël ne peut accueillir des citoyens d'un pays avec lequel il est en guerre. D'autant plus que ces citoyens ne sont pas en danger parce qu'ils auraient milité pour la paix avec Israël, mais parce qu'ils sont pris entre les feux tout aussi terribles de Daesh et de Assad. L'Europe est dans une toute autre situation et se doit d'en accueillir une partie. Ces migrants sont déjà plusieurs millions en Turquie, Jordanie et au Liban. Et en comprend bien qu'ils ne veuillent pas tomber de Charybde en Scylla en déménageant en Arabie Saoudite.