Pages

vendredi 11 septembre 2015

ONU : LE DRAPEAU DE QUELLE PALESTINE ?



ONU : LE DRAPEAU DE QUELLE PALESTINE ?

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps


            


          L'ONU a autorisé les Palestiniens à faire flotter leur drapeau au siège de l'organisation à New York. Il s’agit certes d’une mince victoire symbolique et d’une nouvelle tentative diplomatique des dirigeants palestiniens pour faire reconnaître leur État en obtenant progressivement une légitimité.  Mais un État est symbolisé par des armoiries, un emblème national, un hymne national, des textes fondateurs, une armée, une monnaie et surtout des frontières bien définies et reconnues. Beaucoup de ces éléments manquent à cette Palestine qui fera flotter son drapeau à l’ONU, en particulier la monnaie, les frontières et surtout l’armée puisque l’Autorité palestinienne ne dispose que d’une police.


Fatah Hamas



Drapeau Fatah

Mais une autre question n’est pas encore définie précisément. Dans les manifestations publiques, les Palestiniens arborent, selon leur camp, l’emblème du Fatah ou celui du Hamas. Celui du Fatah n’a pas cours à Gaza et il même interdit. Ce détail a échappé aux délégués de l’ONU et le choix de l’un ou de l’autre drapeau peut être considéré comme une ingérence dans les affaires intérieures des Palestiniens.
Drapeau Hamas

Le seul intérêt de ce vote consiste à compter les amis des deux bords et les victoires engrangées par les deux diplomaties. La Palestine était devenue «un État observateur non membre de l’ONU» le 29 novembre 2012, une date volontairement choisie par Mahmoud Abbas pour faire pendant à la résolution du 29 novembre 1947 portant création de l’État d’Israël. Le vote de 2012 avait été acquis avec une majorité de 138 voix pour, 9 contre et 41 absentions parmi les 193 pays membres de l’Assemblée.
Drapeaux Fatah et Hamas

Jeudi 10 septembre, une résolution demandant que les drapeaux des États non membres de l’ONU ayant statut d’observateur soient «hissés au siège et dans les bureaux des Nations Unies après ceux des pays membres» a été adoptée par 119 voix pour, 8 contre et 45 abstentions sur les 193 pays membres de l’ONU. Les Européens, incapables de s'organiser, ont voté en ordre dispersé malgré des efforts pour trouver une position commune. La France a voté pour, de même que la Suède, mais l’Allemagne s’est abstenue, tout comme l’Autriche, la Finlande, les Pays-Bas ou Chypre. Les États-Unis et Israël ont voté contre la résolution.

Quai d’Orsay

François Delattre

Fidèle à la politique suivie par le Quai d’Orsay, l’ambassadeur français François Delattre a fait valoir que «ce drapeau est un symbole fort, une lueur d’espoir pour les Palestiniens au moment où le processus de paix est en panne et où Israël poursuit une colonisation illégale en Cisjordanie». Cependant une vingtaine de voix «pour» ont disparu entre les deux votes de 2012 et 2015 mais aucun intérêt à faire un compte d’apothicaire.  


Riyad Mansour

Le représentant palestinien à l'ONU, Riyad Mansour, reconnaît qu’il s’agit «d'une mesure symbolique, mais elle va renforcer les fondations de l'État palestinien et elle offrira aux Palestiniens une lueur d'espoir au moment où le processus de paix avec Israël est dans une impasse totale». Cependant, bien que la Palestine ait été reconnue par 130 pays, elle n’est pas encore membre à part entière des Nations-Unies mais cela ne l’empêche pas d’intégrer les principales agences de l’ONU et la Cour pénale internationale.
            L’ONU dispose de vingt jours pour hisser le drapeau palestinien autour du périmètre de ses bâtiments et il est fort probable que cela coïncidera avec le voyage à New-York de Mahmoud Abbas qui doit prononcer un discours devant l'Assemblée le 30 septembre. Riyad Mansour a déjà prévu une grande cérémonie en plein cœur de Manhattan. D’ailleurs le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu est lui aussi attendu à l'Assemblée générale.

Non-événement

Ron Prosor

Israël a peu réagi, estimant qu’il s’agit d’un non-événement. Seule voix entendue est celle de l'ambassadeur israélien à l'ONU, Ron Prosor, qui a accusé l'Autorité palestinienne de «manipuler les Nations Unies pour marquer des points».  Le département d'État américain considère comme «contre-productifs les efforts pour faire reconnaître un État palestinien par le système des Nations Unies, en dehors d'un règlement négocié avec Israël». On constate que la querelle entre Netanyahou et Obama n’a pas laissé de trace dans les instances internationales.

Il est fort probable que le drapeau vert du Hamas ne sera pas hissé mais le drapeau jaune du Fatah. On se souvient que ces deux drapeaux avaient été déployés simultanément à Gaza en 2011 pour fêter l'accord de réconciliation signé au Caire et scellé par une poignée de main entre le président palestinien et chef du Fatah, Mahmoud Abbas, et le dirigeant du Hamas en exil, Khaled Mechaal.

Cette question symbolique de drapeau empêchera certainement le Hamas et le Fatah de s'entendre sur la formation d'un nouveau gouvernement et attisera la division entre deux clans qui s’accusent mutuellement d’être à l’origine d’une guerre fratricide. Cela pourrait être l’occasion pour le Hamas de faire cavalier seul pour négocier avec Israël un cessez-le-feu de longue durée qui lui permettra d’assurer sa mainmise totale sur Gaza. Il est étonnant que le choix d'un emblème puisse influer à ce point sur une diplomatie.

3 commentaires:

  1. ... Peut-être qu'après le drapeau, le "machin" qu'on appelle l'ONU, homologuera leur équipe de foot !!!
    Claude

    RépondreSupprimer
  2. Je ne serais même pas étonnée d'apprendre que l'ONU réfléchit sérieusement sur le cas du drapeau de l'État islamique. État qu'on nous dit riche à milliards, qui ouvre des succursales bancaires et va battre monnaie, qui fait reculer toujours plus les limites de ses frontières et dont on peut apprécier les hauts faits d'une armée toujours plus nombreuse !

    RépondreSupprimer
  3. Le drapeau d'un État Kurde : c'est pour quand ??

    RépondreSupprimer