Pages

samedi 9 mai 2015

NETANYAHOU A OUVERT LA BOÎTE DE PANDORE



NETANYAHOU A OUVERT LA BOÎTE DE PANDORE

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps



Benjamin Netanyahou, au prix d'un renoncement, a cédé à toutes les exigences de Naftali Bennett. Le sort a voulu que ses deux fidèles alliés d’extrême-droite Naftali Bennett et Avigdor Lieberman lui infligent une humiliation qui fera date. Ils ont attendu la dernière minute pour exiger l’impossible en transformant l’impossible en chantage. Netanyahou a accepté non seulement les postes de ministres exigés par HaBayit Hayehudi mais en plus de distribuer les milliards de shekels qu’il n’était pas censé détenir dans ses caisses.

Jusqu'à la dernière goutte


Bennett a obtenu le renforcement du budget de l’éducation nationale de 630 millions de shekels (150 millions d’euros) et  un milliard pour l'augmentation de la solde des appelés lors de leur dernière année de service militaire afin de renforcer son prestige auprès de l’armée. Ayelet Shaked a été nommée ministre de la justice sans aucune restriction, sauf la direction de la commission qui nomme les juges religieux, accordée a Shass. C’est une double gifle qu’il reçoit car elle occupait le poste de directrice de son cabinet quand elle l’avait trahi pour rejoindre Bennett. Le premier ministre ne laissera pas passer cette humiliation sans réagir. Il ne leur pardonnera pas d’avoir transformé sa victoire éclatante aux élections en échec patent. Adversaire pour adversaire, il finira par convaincre Lapid de remplacer Bennett dans un proche avenir. Isaac Herzog a déjà refusé la perche qui lui était tendue.

Netanyahou se serait certainement grandi en refusant de constituer un gouvernement étroit sous la menace. Il aurait dû remettre son mandat au président. Dans ce cas Isaac Herzog, qui manque de charisme, n’aurait pas été capable d’obtenir une majorité lui-aussi et de nouvelles élections auraient décimé les listes Bennett et Lieberman, victimes de leur d’intransigeance, tandis que Netanyahou aurait retrouvé son aura.
Uri Ariel et Bennett

Le chantage vient de placer la ministre de la justice Shaked à la tête de l'importante commission des lois du gouvernement pour contrôler l'ordre du jour de la Knesset. Elle désignera le futur procureur général et réorganisera les lois pour rogner sur les pouvoirs de la Cour suprême. La démocratie en Israël sera alors en perte de vitesse car il n’existera plus de contre-pouvoir politique. Enfin, Ouri Ariel, écarté du ministère du logement pour le ministère de l’agriculture, aura son mot à dire dans l'attribution de l’allocation budgétaire pour les implantations.
Leaders du Likoud

Le premier ministre n’ignore pas qu’en acceptant une seule fois le chantage, il a ouvert la boîte de Pandore qui symbolise la cause d’une catastrophe. Elle donnera des idées à tous les aigris et à tous les contestataires. Une seule voix de majorité permet de menacer de toutes les catastrophes et déjà, au sein du Likoud, les militants se plaignent que certains hauts postes aient été déjà distribués. Ils laissent planer le doute d’une guérilla politique à la Knesset si leurs demandes n'étaient pas satisfaites. Gouverner avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête ne sera pas aisé surtout quand il faudra affronter les Grands de ce monde.
Le député druze Ayoub Kara

            Ayoub Kara a été le premier à marquer sa grogne. Le député druze a exigé d’être ministre sous peine de menaces non voilées : «Si je ne suis pas ministre, il y aura des surprises». Sa voix compte bien sûr car la majorité ne peut pas se permettre d’être réduite à 60 députés et il se justifie : «Un gouvernement qui ignore les milliers de soldats et policiers druzes déployés sur les frontières d'Israël ne s’élèvera pas». Le député Kara a souligné que la population druze d'Israël ne peut pas être considérée comme seulement une ressource pour l'armée israélienne : «Les Druzes ne sont pas nés uniquement pour faire la guerre, ils sont également nés pour siéger à la table du Cabinet et je dis cela, un gouvernement ne sera pas formé qui n'a pas un ministre druze. Nous sommes une partie intégrante de ce pays».
            Dans l’histoire politique du pays, deux gouvernements ont déjà duré toute une législature avec une voix de majorité. Mais les ministres étaient plus responsables parce qu'ils avaient mis l’intérêt du pays avant leur intérêt personnel. Mais c’était dans une autre vie.

1 commentaire:

  1. Fernand COHEN-TANNOUDJI9 mai 2015 à 09:26

    Article limpide...qui est le reflet exact des tractations visibles...la dernière phrase est cependant inutile, car chaque être regarde aussi son intérêt personnel...les "Hommes d'Ideal" n'ont Jamais existe ou si....pendant une période courte de leur vie...

    RépondreSupprimer