LES PALESTINIENS DANS L’ENFER DJIHADISTE SYRIEN
Par Jacques BENILLOUCHE
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Camp de Yarmouk |
Les Palestiniens paient en Syrie le soutien du Hezbollah
au régime de Bachar Al-Assad. Les résidents du camp palestinien de Yarmouk sont
assiégés et ne doivent leur salut alimentaire qu’aux secours des Nations Unies.
Le camp est à présent contrôlé à 90% par les djihadistes de l’État islamique.
La pitié n’entrant pas dans la culture
des militants fondamentalistes, les exactions sont monnaie courante.
D'ailleurs Saeb Erekat, membre du comité exécutif de l’OLP a lancé l’alerte sur «la
persécution et l'abattage des réfugiés palestiniens dans un conflit qui n’est
pas le leur. Depuis quatre
ans, le camp de réfugiés d'al-Yarmouk continue d'être la victime du conflit
syrien interne malgré la réitération répétée par l'OLP et la grande majorité
des groupes palestiniens de notre position de longue date de la non-ingérence
dans les affaires intérieures des autres États». Certes l'OLP n'intervient pas mais le Hezbollah, fidèle allié, est partie prenante dans le conflit en opérant auprès des forces du régime syrien.
Milicien Al-Nosra à Yarmouk |
Une première
attaque avait été lancée contre le camp mais repoussée par les Palestiniens. Cependant, avec l’aide du Front al-Nosra, Daesh a réussi à réinvestir le camp en
procédant selon Erekat «à des enlèvements, des décapitations et des
massacres à Yarmouk ». L’alliance ponctuelle entre les deux groupes
rivaux Al-Nosra et État islamique s’explique par la même idéologie fondamentaliste wahhabite. Le
camp qui comportait jusqu’à 160.000 réfugiés a vu sa population réduite à
18.000 qui sont actuellement pris dans un piège mortel. Le leader du Conseil
national palestinien, Salim Zanoun, a déploré le fait que «les Palestiniens
avaient été plongés dans un conflit qui n’avait rien à voir avec le peuple
palestinien ou leur cause ». Le Hamas a relayé l’appel à la clémence :
«Nous exhortons toutes les parties d'épargner les camps palestiniens car les
Palestiniens de Syrie sont des réfugiés à titre temporaire».
Les Palestiniens fuient Yarmouk |
La solidarité
inter-arabe ne joue pas à nouveau alors que la situation des civils du camp empire chaque
jour. Le porte-parole de l'UNRWA, Chris Gunness, a décrit la situation dans le
camp comme «un affront à l'humanité de chacun d'entre nous, une source de
honte universelle». On n’entend pas beaucoup réagir ce qu’il appelle le «leadership
moral et diplomatique de la communauté internationale» d’ordinaire prompt à
s’élever lorsqu’il s’agit de s’élever contre «la prison à ciel ouvert de Gaza».
Le camp de Yarmouk situé à sept
kilomètres de Damas bénéficie d’une double peine. Il est à la fois assiégé par
les forces gouvernementales syriennes mais il est à présent envahi par les
djihadistes de l’EI et par la branche locale d’Al-Qaeda, Al-Nosra, qui occupent
90% du camp. Les forces
palestiniennes du groupe Aknaf Beit al-Maqdis, fidèles au Hamas et aux
Hezbollah, sont totalement encerclées par des troupes qui ne songent qu’à se venger. 18
civils et combattants du camp ont été tués dans les combats tandis que, sur fond
de barbarie habituelle, deux palestiniens ont été décapités et les photos de
leur tête diffusées.
Aide de l'ONU à Yarmouk |
De leur côté,
les forces gouvernementales syriennes continuent à s’en prendre aux djihadistes
en bombardant le camp au moyen de leur aviation mettant la population civile
entre le fer et l’enclume. Le camp est
totalement verrouillé avec des
conséquences sanitaires et alimentaires graves. Les appels des responsables palestiniens en
Cisjordanie et à Gaza ne sont plus entendus et ils comptent à présent sur l’inertie
de la Ligue arabe ou sur une hypothétique intervention des Nations unies
pour sauver ce qu’il reste à sauver.
Ce qui reste du camp |
Les djihadistes imposent à présent
leur loi sur le camp de Yarmouk et ont saisi ce qui appartenait aux
Palestiniens avec un sentiment de vengeance pour avoir été plusieurs fois
repoussés par les combattants palestiniens du camp. Une chape de plomb recouvre
le camp de Yarmouk soumis à l’arbitraire de troupes sanguinaires djihadistes
sous l’œil désintéressé des pays arabes «frères».
Ni l'Orient ni l'Occident n'interviendront. L'Occident en parlera à peine pour fustiger Israël responsable du déplacement des Palestiniens, en omettant de dire que ce camp date de décennies et que les descendants des réfugiés qui y habitent sont maintenus dans cet etat par la Syrie et par l'ONU par le biais de l'UNRWA.
RépondreSupprimerPréparons donc les arguments.