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mercredi 22 janvier 2014

IRAN : SCEPTICISME EN ISRAËL SUR LE PARI D'OBAMA


IRAN : SCEPTICISME EN ISRAËL SUR LE PARI D'OBAMA
Par Jacques BENILLOUCHE

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          Le président Obama est en voie de gagner son pari sur l’Iran après s’être personnellement impliqué dans un accord qui recompose les lignes au Moyen-Orient. L’accord sur le nucléaire est entré en vigueur le 20 janvier 2014. Ainsi, pendant six mois, les activités nucléaires iraniennes seront gelées en échange d’une levée partielle des sanctions internationales.


Round d’observation
Il s’agit pour les deux parties, pendant ce round d’observation, de jauger le climat de confiance qui se sera établi, avec cependant le choix pour chacune d’elle de mettre fin à l’accord à tout moment. Nul n’est dupe sur la difficulté d’atteindre un accord définitif car, à ce jour, les Iraniens ont seulement concédé d’interrompre provisoirement leur programme nucléaire sans l’abandonner totalement. Les Occidentaux ne perdent pas  de vue l’objectif du démantèlement total des infrastructures qui permettraient à l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire.

     Sont visées les productions d’uranium enrichi à Natanz et Fordow et de plutonium à Arak. Pour l’instant l’Iran s’est seulement engagé à limiter l’enrichissement de l’uranium à 5%, à diluer son stock d’uranium à 20% et à ne pas augmenter le nombre de ses centrifugeuses évalué à 19.000. L'AIEA a confirmé que «à compter du 20 Janvier 2014, l'Iran a cessé l’enrichissement d’uranium-235 supérieur à 5%». Selon Mohamad Amiri, directeur général à l’énergie atomique iranienne : «l'Iran a suspendu la production de 20% d'uranium enrichi en présence des inspecteurs de l’ONU, chargés de la surveillance nucléaire des sites de Natanz et de Fordow».

          L’économie iranienne va commencer à souffler puisque les Occidentaux se sont engagés à permettre l’exportation d’un million de barils de pétrole par jour et à assurer les tankers auprès des compagnies d’assurances occidentales. Par ailleurs, l’Iran recevra tous les mois une partie des 100 milliards de dollars bloqués dans les banques étrangères et dans l’immédiat un acompte de 4,2 milliards de dollars.
Victoire américaine
            
          Pour le président Obama il s’agit d’une victoire qui compense l’entrée en vigueur difficile de la loi sur l’assurance maladie aux États-Unis. Il estime avoir gagné son pari puisque les Américains sont à nouveau réintégrés dans la scène moyen-orientale après en avoir été écartés pendant trente ans.  Il a réussi à sortir l’Iran de son isolement pour l’amener à des décisions moins belliqueuses. Bien sûr, rien n’est fait puisqu’il s’agit d’un accord intérimaire et que l’Iran n’a pas encore manifesté sa volonté de freiner ses ambitions nucléaires. 
          Or c’est la politique à long terme qui inquiète Israël et les alliés américains d’Arabie saoudite et du Golfe. Benjamin Netanyahou, qui avait qualifié l’accord «d’erreur historique», pourrait, par dépit, freiner ses efforts pour parvenir à un accord avec les Palestiniens qui en seraient ainsi les grands perdants.
AIEA en Iran


          Mais les Israéliens doutent de la possibilité d’un pacte à long terme avec les Iraniens. Certes l’AIEA (Agence internationale à l’énergie atomique) est chargée des inspections et de la surveillance des sites nucléaires iraniens mais, selon l’accord, rien n’empêchera l’Iran de renoncer à ses engagements si tel était son souhait. Ils pensent que les chances de réussite sont très faibles et ils sont convaincus que l’Iran a signé cette trêve pour gagner du temps. La plupart des décisions prises sont en effet réversibles. La méfiance mutuelle n’a pas disparu et le chemin vers un accord définitif dépend encore de la volonté des «modérés» iraniens qui risquent toujours d’être débordés dans leur pays par les conservateurs qui voient d’un mauvais œil les restrictions nucléaires qu’on leur impose.
Je pense qu'il est temps que nous parlions - Parfait ! mais d'abord soit copain et passe-nous la clef en croix

          Si Obama a affirmé que «l'Iran doit accepter des limitations strictes sur son programme nucléaire qui rendent impossible le développement d’une arme nucléaire», l’accord ne permet pas de détruire définitivement les infrastructures nucléaires qui permettent à l’Iran de fabriquer sa bombe nucléaire, s’il le désire. Les Iraniens pourront toujours masquer la fabrication de matières fissiles. 
          En effet, l’Iran garde le droit d’enrichir de l’uranium à 5% mais seule la réduction du nombre de centrifugeuses de 19.000 à 5.000 pourrait conforter une avancée diplomatique sérieuse. La fermeture de l’usine souterraine de Fordow et le démantèlement du réacteur à eau lourde d’Arak, promis par Hassan Rohani, seront les signes d’une réelle bonne volonté. Les Iraniens envisagent de proposer, au-delà de cet accord intérimaire de six mois, de geler leur programme nucléaire pour une durée supplémentaire de trois ans, comme preuve de bonne foi, afin d’être autorisés ensuite à enrichir de l’uranium à des fins médicales et industrielles.
Cascades de centrifugeuses

          Mais Israël est convaincu que si l’Iran maintient, même à échelle réduite, ses capacités nucléaires, rien ne l’empêchera de développer de nouvelles installations secrètes qui produiraient un arsenal d’armes nucléaires que les occidentaux auraient du mal alors à enrayer.  Quoi qu’il en soit, l’écart des positions entre l’Iran et les Occidentaux semble encore trop large pour être comblé dans un délai raisonnable.

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