NETANYAHOU EN VISITE EN JORDANIE
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
Benjamin Netanyahou s’est rendu, le 16 janvier 2014, en visite surprise auprès
du roi Abdallah II de Jordanie. Il ne s’agit pas d’une première mais elle revêt
une signification cruciale à quelques semaines de la date butoir pour les
négociations de paix israélo-palestiniennes. Le premier ministre avait déjà
effectué trois visites durant l’année 2013.
Entretiens à huis clos
Le palais royal de Jordanie a confirmé que des discussions à huis clos ont
eu lieu entre les deux dirigeants sur les «développements dans le processus
de paix et les négociations israélo-palestiniennes parrainées par les États-Unis».
Depuis l’accord de paix de 1994, la Jordanie entretient des relations
cordiales avec Israël. D’ailleurs, le 9 décembre dernier, un accord avait été signé
avec Sylvain Shalom pour la création d’un canal qui reliera la Mer Morte à la
Mer Rouge. Le ministre israélien avait jugé cet «accord historique car il réalise
rêve de Herzl».
Le roi de Jordanie est
au centre des négociations puisqu’il avait reçu, durant ces derniers jours, successivement le président
Mahmoud Abbas et le secrétaire d'Etat américain John Kerry. Il semble qu’il ait
été mis à contribution pour débloquer l’impasse dans laquelle se trouve le
processus de paix en raison des positions tranchées des deux parties. Les thèses
restent inconciliables tant que les Palestiniens insisteront pour considérer
les lignes de 1967 figées avec pour conséquence d'inclure non seulement la Cisjordanie mais Jérusalem-Est et Gaza comme
territoires devant faire partie du nouvel État. De son côté, Netanyahou veut garder les grosses
implantations, refuse de diviser la Capitale et insiste pour que les Palestiniens
reconnaissent Israël comme la patrie du peuple juif.
Réfugiés syriens en Jordanie |
La Jordanie est partie
prenante dans ces négociations, d’une part parce qu'elle est concernée par la définition de sa frontière
avec le nouvel État palestinien mais surtout parce qu’elle a accueilli des
centaines de milliers de réfugiés palestiniens qui ont acquis le droit définitif
de séjourner dans le Royaume. C'est pourquoi de nombreux Israéliens considèrent la Jordanie comme la patrie des Palestiniens. C’est la raison aussi pour laquelle, depuis sa défaite de 1967, le royaume n’a
jamais pris de position tranchée en restant à l’écart des conflits pour éviter une
scission au sein de son peuple. Suite au conflit syrien, il vient encore d’accueillir
de nombreux réfugiés palestiniens qui risquent de déstabiliser l’équilibre
précaire en Jordanie et de permettre à des éléments perturbateurs, missionnés
par des intérêts étrangers, de s’infiltrer parmi les réfugiés avec l’intention
de renverser le régime jordanien.
Accord
secret avec Abbas
Déjà en avril 2013 Mahmoud
Abbas s’était rendu secrètement à Amman pour signer un accord avec le roi. La
validité de cet accord reste sujette à caution car, juridiquement, le président
de l’Autorité n’a pas été officiellement reconduit dans ses fonctions. Le président est arrivé à l'expiration de son mandat depuis plusieurs années et il n'a pas fait procéder à de nouvelles élections. Il
assure seulement la gestion des affaires courantes et les grandes décisions
engageant l’avenir des palestiniens lui sont en principe interdites. L’accord
signé dans le secret des cabinets reconnait au roi de Jordanie la
responsabilité de la garde des Lieux Saints musulmans, en particulier la mosquée
d’Al-Aqsa, avec le droit de les protéger par tous les moyens qu’il jugera
utiles.
Benjamin Netanyahou
s’était rendu lui-aussi secrètement, en décembre 2012 en Jordanie pour aborder
avec Abdallah II les termes de l’accord signé avec Mahmoud Abbas en autorisant
que des commissions politiques et juridiques travaillent dans le plus grand
secret. Les opposants au chef de l’Autorité palestinienne ne contestent pas le
choix du gardien des Lieux Saints mais ils craignent que la signature de cet
accord, sans consultation du parlement palestinien dont la mandat a aussi expiré, crée un précédent. Ils
redoutent que Mahmoud Abbas ne soit entraîné dans la signature d’autres
protocoles avec Israël mettant en jeu cette fois des concessions palestiniennes.
Il ne fait aucun doute
que Mahmoud Abbas a pris acte de la faiblesse de sa position et de la perte de
sa crédibilité, à la fois auprès des Palestiniens mais aussi auprès des Occidentaux. En signant cet accord avec le roi, il a voulu partager avec lui
les décisions cruciales concernant l’avenir de la Palestine et lui faire
endosser une partie de cette responsabilité. Mais cet accord sous-entend la
résolution du problème palestinien à travers la création d’une confédération
entre la Jordanie et une entité évaluée à maximum 50% de la Cisjordanie. Cela
réglerait ainsi la création d’un État croupion qui n’aurait de viabilité
qu’adossé au royaume de Jordanie.
Par ailleurs, en attribuant la garde des
Lieux Saints musulmans au roi de Jordanie, le problème de Jérusalem, pierre
d’achoppement de toute négociation, serait en partie résolu. La Jordanie entérinerait ainsi la souveraineté d’Israël sur toute sa capitale, exceptés les Lieux Saints
musulmans et peut-être quelques quartiers totalement arabes qui seraient cédés
aux palestiniens via la Jordanie.
Solution
sécuritaire
L’attitude du roi a évolué
devant les informations sécuritaires fournies par les Occidentaux et par le
Mossad israélien faisant état d’infiltrations en Jordanie d’un nombre croissant
de salafistes djihadistes, évalué alors à 500 combattants, qui n’ont pas hésité
pas à affronter la police jordanienne. Mais la situation a évolué en mars 2013
avec l’arrivée massive de plus de 5.000 combattants syriens lourdement armés,
installés dans des camps jordaniens. Le roi de Jordanie ne peut plus faire face
à un afflux de réfugiés atteignant près d’un demi-million de personnes sur une
population de 6 millions.
Djihadistes en Jordanie |
Il craint à la fois
pour la situation économique de son pays mais aussi pour la sécurité de son
royaume. Il ne peut plus contrôler cette arrivée massive de combattants
djihadistes qui mettent en danger l’équilibre, non seulement en Jordanie, mais
aussi au Liban, en Irak et même en Turquie. C’est pourquoi la Jordanie est
passée du stade de la neutralité au stade opérationnel. Ce choix lui a été
imposé malgré elle.
Les préoccupations du
roi Abdallah II reflètent «son souci de parvenir à un progrès tangible dans
les négociations israélo-palestiniennes pour répondre aux aspirations du peuple
palestinien, et dans le même temps pour protéger les intérêts jordaniens les plus
élevés». Il est acquis dorénavant que le règlement du conflit
israélo-palestinien nécessitera un accord tripartite dans le cadre d’une confédération
si l’on veut que le futur État palestinien soit viable.
Je pense que le Roi de Jordanie, doit travailler la main dans la main avec l'Etat d'Israël, si'l ne veut pas valser dehors de son Royaume. Les Palestiniens n'ont aucune parole et leur faire confiance est une erreur.
RépondreSupprimerDéjà qu'il est sur un siège éjectable, comme pour ASSAD, c'est lui qui pourra conserver la main sur son royaume ou les rebelles islamistes qui le jetteront dehors et qui n'attendent qu'une occasion de le faire.
RépondreSupprimerLe roi de Jordanie n'est qu'un intermédiaire de secours. Il n'a pas le droit de parler ni de décider au nom des palestiniens. Isarël non plus, sauf par la force, mais la force n'est qu'un moyen de gagner du temps.
RépondreSupprimerConcernant Assad, je crois que tout ceux qui ont souhaité l'éjecter sont en train de faire un virage à 180 degré