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jeudi 17 octobre 2013

PARTIE D’ÉCHECS À GENÈVE Par Gérard AKOUN





PARTIE D’ÉCHECS À GENÈVE

Par Gérard AKOUN
Judaïques FM




Vendredi dernier au cours d’un entretien téléphonique, François Hollande a assuré Benyamin Netanyahou «de toute sa fermeté à l’égard de l’Iran» pendant les négociations de Genève. Il maintiendra a-t-il dit «une ligne dure» ; il attend de Téhéran des actes,  notamment, ceci a été précisé par Laurent Fabius, l’arrêt de la construction du réacteur au plutonium, une filière autre que celle de l’uranium, pour se doter de la  bombe. 

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Soutien français



Je suppose que  le premier ministre israélien a apprécié ce soutien, la France fait partie du groupe, dit des «cinq plus un», formé par les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité plus un l’Allemagne, qui vont négocier avec l’Iran à Genève. Mais a-t-il été rassuré, je ne le pense pas, dans la mesure où ni les États-Unis, ni la Grande Bretagne, ni l’Allemagne et à fortiori la Russie ou la Chine ne se montrent aussi méfiants et donc aussi  exigeants vis-à-vis des propositions que pourrait faire l’Iran pour obtenir un allègement des sanctions économiques.
Réunion des délégations à Genève

Les principaux protagonistes de cette conférence, sont l’Iran, la Russie et les États-Uunis, les autres sont des figurants, à l’exception de la France, mais elle ne pèse pas très lourd, malheureusement. Quelles sont leurs positions respectives dans cette négociation qu’on pourrait assimiler à une partie d’échecs ?

Les Iraniens sont demandeurs d’un accord qui les soulageraient économiquement, mais  Ils veulent conserver leur stock d’uranium enrichi et garder la maitrise de cet enrichissement au prix de quelques concessions qui pourraient ne pas être de pure forme. Ils ont besoin de ne plus être ostracisés, de normaliser leurs relations avec l’Occident. Ils ne peuvent se contenter du seul allié russe, d’autant qu’historiquement, la Russie impériale  comme l’URSS, à sa  suite, ont toujours eu des visées expansionnistes sur le territoire perse, iranien, et ses richesses en hydrocarbures. 

Les Russes participent à la défense de leur allié en lui fournissant des armes sophistiquées ; ils  construisent en Iran des centrales nucléaires  mais ils voudraient bien éviter qu’il ne se dote d’un armement nucléaire. Quant aux Américains, ils souhaitent se dégager du Proche-Orient pour se consacrer au Pacifique. C’est pourquoi, tout en garantissant la  sécurité de l’État d’Israël, ils voudraient bien arriver à un accord avec les Iraniens à condition que ces derniers fournissent les preuves qu’ils ne développent pas de programme nucléaire militaire, comme ils ne cessent de l’affirmer, et qu’ils renoncent à la fabrication de la bombe. Pour ce faire, qu’ils permettent donc, les inspections surprises ou programmées de l’AIEA.
Catherine Ashton en négociation



Scepticisme d’Israël



Reste le protagoniste de poids: Israël qui ne participe pas aux négociations mais qui est concerné au premier chef par leur résultat. Benyamin Netanyahou ne fait pas confiance aux Iraniens ; il a raison de se méfier. Les Iraniens ne sont pas nets, quel besoin de développer une filière au plutonium lorsque l’on détient déjà un important stock d’uranium enrichi et qu’on envisage une utilisation pacifique de l’énergie atomique ? Le premier ministre  ne cesse de mettre en garde le groupe «des cinq+1» contre la signature d’accords partiels qui allégeraient les sanctions, en contrepartie de concessions iraniennes importantes, mais qui pourraient s’avérer réversibles soit parce que Rohani était de mauvaise foi, il ne cherchait qu’à gagner du temps pour atteindre le point de non-retour, soit parce que les plus opposés à l’Occident reprendraient les rênes du pouvoir en Iran. Il serait très difficile, alors, de relancer les sanctions économiques.
Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi à l'issue d'une première journée de négociation sur le nucléaire iranien, le 15 octobre 2013 à Genève

Israël réclame le démantèlement complet du  programme nucléaire  militaire iranien, la solution idéale, mais je doute que le groupe des «cinq plus un» soit disposé à soutenir une telle exigence. Il me semble que la proposition finale sera le fruit d’un accord russo-américain: l’Iran pourrait demeurer à un état de seuil atomique sans pouvoir fabriquer la bombe. Mais cela ne sera pas suffisant pour calmer les inquiétudes légitimes d’Israël, quelles que soient les garanties que lui offriraient les États-Unis.

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