F.N : 5301 VOIX CE N’EST PAS LA FRANCE
Par
Jacques BENILLOUCHE
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Le cas du Front National est un épiphénomène que les médias montent en épingle ou que les États-majors politiques soulignent avec vigueur pour mobiliser les esprits parce qu’ils n’osent pas avouer qu’ils ont failli et qu’ils n’ont pas répondu aux attentes de la population française. La gauche et la droite amplifient la montée du FN, chacune selon ses propres critères. La gauche s’en sert pour masquer une situation sociale qui n’a pas évolué et qui a plutôt empiré. La droite voit dans le FN un moyen de faire oublier ses divisions et son impossibilité à présenter un contre-programme crédible face aux errements socialistes.
Cliquer sur la suite pour écouter l'interview de Marine Le Pen
Catastrophe politique
On monte en
épingle une situation en l’assimilant à une catastrophe politique qui est loin
d’être justifiée, même si un canton de quelques milliers d’habitants a voté FN.
Alors on s’engouffre dans le raisonnement fallacieux de Marine Le Pen qui
raconte à tout-va qu’elle est capable de gagner des villes par centaines et d’obtenir
des milliers de conseillers municipaux. Mais la réalité est loin des craintes
annoncées par les politiques car le FN ne représente rien sur le plan électoral
même s’il arrivait à doubler d’un coup ses résultats.
Dans les départements, il n’a obtenu que 3 conseillers généraux. Sa
victoire à Brignoles lui a permis de compter deux conseillers généraux de plus
sur 4.042 élus dans les cantons. Deux députés ont été élus à l’Assemblée
Nationale : Marion Maréchal-Le Pen et l’avocat Gilbert Collard mais aucun
sénateur ne siège au Palais du Luxembourg. Les rivalités internes et les
ambitions personnelles, doublées d’un blocage à la tête du FN, ont tendance à décourager
les frontistes qui quittent le navire une fois élus, à l’exemple du maire d’Orange
Jacques Bompard qui a créé son propre micro-parti. 118 conseillers régionaux
siègent dans les régions sur 1.880. Mais les purges, effectuées avec un
esprit soviétique, conduisent à réduire ceux qui portent l’étiquette F.N. En
effet 7 conseillers ont été exclus du FN à l’instar d’Alexandre Gabriac,
fondateur des Jeunesses Nationalistes, ou encore Stéphane Durbeck, la
"caution noire" du parti.
Proportionnelle intégrale
L’élection au
Parlement européen, qui se joue à la proportionnelle intégrale, prouve que le
FN n’arrive pas à convaincre les électeurs lorsqu’il s’agit d’élections
nationales. La mauvaise humeur n’est que passagère et le vote un avertissement
aux autorités du moment. A peine 3 eurodéputés ont été élus sur 74 français et
766 européens. L’extrême-droite européenne se cherche encore avec ses 27
députés dont certains refusent l’étiquette dont on les affuble. Jean-Marie le
Pen, Marine Le Pen et Bruno Gollnisch sont les seuls rescapés des élections de
2004 qui comptaient 7 frontistes dont Carl Lang et Jean-Claude Martinez qui ont
quitté le parti. Enfin les villes n’ont élu que 5 maires et 85 conseillers sur
519.417 élus de France.
Le Pen et Bruno Gollnisch |
Voilà donc les
chiffres qui parlent d’eux-mêmes et qui prouvent que l’implantation de Marine
Le Pen est pour l’instant négligeable pour un parti qui ne représente qu’une micro
PME familiale. Certes, le FN compte surfer sur l’élection de Brignoles pour
améliorer ses résultats électoraux mais pour cela il doit d’abord trouver des
candidats pour ses listes, ce qui ne semble pas acquis. Autant les électeurs
votent facilement pour le FN dans le secret de l’isoloir, autant ils ne sont
pas prompts à s’afficher ouvertement sur des listes portant l’emblème de la
flamme tricolore.
Angélisme
Tous les
observateurs politiques paraissent surpris du résultat de Marine le Pen. Ou
bien ils cherchent à faire preuve d’angélisme, ou bien ils tentent de jouer aux
vierges effarouchées. La situation était prévisible car elle avait annoncé son
programme tout comme Hitler avait écrit Mein Kampf sans que personne n’ait
voulu le croire. Marine a préparé le terrain depuis 2007 alors qu’elle n’était
que la fille de son père mais elle avait déjà son programme qu’elle avait
décliné dans une interview qu’elle nous avait accordée dans son quartier
général du "paquebot" à Saint-Cloud, la première à un journaliste juif israélien.
Marine le Pen avait exposé sa stratégie de conquête de l’électorat français, l’électorat
juif en particulier qui pouvait lui donner une caution démocratique.
Tout était dit
pourtant dès 2007, il suffisait de l’écouter : «Je n’ai pas été élevée dans
l’antisémitisme et je ne me sens en aucun cas responsable de ce qui s’est passé
pendant la dernière guerre…. Moi, je ne vais pas chercher des voix car je pense
que nos compatriotes juifs sont assez intelligents pour se rendre compte,
encore une fois, que J.M Le Pen porte un programme qui est un programme de sauvegarde
de la France. C’est vrai que la
communautarisation, l’islamisation de pans entiers de notre société, notamment
par l’islamisme, est à mon avis un véritable cancer. Je crois que les Juifs se
rendent compte de cela et par conséquent, ils vont se tourner d’eux-mêmes vers
nous. Moi je ne veux pas aller chercher les voix niche par niche, en faisant
des promesses inconsidérées. Nous avons tous, et nous le savons, un destin
commun dans une nation à laquelle nous tenons
et rien que cela nous suffit pour marcher main dans la main.»
«Nous soutenons déjà ceux qui combattent l’intégrisme en France, et
en ce sens nous sommes les adversaires du gouvernement car il a non seulement
laissé l’intégrisme se développer dans notre pays mais il l’a encouragé
puisqu’il l’a reconnu par l’intermédiaire du Conseil Français du Culte
Musulman. La lutte contre l’intégrisme, l’intégrisme islamiste en particulier,
fait totalement partie de notre programme. Le F.N a soutenu Saddam Hussein
parce qu’il faisait une analyse qui je crois est encore juste aujourd’hui. Le
FN a dit : attention, l’Irak est le seul pays laïc qui respecte les minorités
non musulmanes, spécialement chrétiennes. Il est sûr que Saddam Hussein est
parfaitement contestable sur le plan démocratique et on ne peut pas dire
d’ailleurs que dans cette région du monde il y ait beaucoup de démocraties.
Mais en abattant ce pays laïc, on risquait très fortement de faire venir au
pouvoir un pouvoir islamique, intégriste, excessif et peut-être même terroriste»
Étiquette de droite républicaine
Elle refusait
déjà en 2007 la qualification d’extrême-droite : «Le F.N est à la droite
de personne. Nous sommes un parti qui est ni de droite, ni de gauche. Nous
sommes des nationaux, des patriotes et en tant que tels, nous avons vocation à
attirer à nous des gens qui doivent venir de tous les horizons politiques. C’est
pour cela que je lutte et je le dis souvent à mes amis juifs : attention, je
comprends que vous ayez, bien entendu, une affection toute particulière à
l’égard d’Israël, mais ne voyez pas non plus tous les problèmes français en
fonction d’Israël. Israël a ses problèmes et ils sont extrêmement lourds ; ils
se recoupent en partie avec ceux de la France. Je crois que beaucoup de nos
compatriotes juifs sont très conscients de cela. Ils doivent rejoindre le
combat national. »
Marine
Le Pen a décidé de lancer de la poudre aux yeux en changeant de dialectique et c’est ce qui la rend plus
dangereuse car elle parvient à séduire au-delà de son parti. Finis les jeux de
mots douteux et les attaques antisémites frontales. Elle a même pris des
mesures à l’encontre d’éléments perturbants dans son parti pour le rendre plus
lisse, sinon visiblement plus républicain. Mais au lieu d’agiter le chiffon
rouge de l’extrême-droite, ses adversaires devraient mettre en évidence les
parties de son programme totalement irréalistes, sinon inapplicables.
La sortie
de l’euro effondrerait l’économie française pour la rendre vulnérable face aux
autres monnaies. Nous connaitrions alors les spasmes des dévaluations
successives qui appauvriraient les Français. Le protectionnisme conduirait
peut-être à de l’autarcie mais à une pauvreté totale. L’immigration ne peut
être combattue que par des armes démocratiques sauf à affréter des centaines de
charters pour renvoyer chez eux des milliers de maghrébins dont une grande
partie est indispensable comme main d’œuvre pour les entreprises françaises. Il
faut réduire le chômage en combattant le pessimisme des entreprises
françaises qui attendent tout de l’État. L’exemple des États-Unis et d’Israël
est éloquent puisque la résignation ne fait pas partie du programme des
entreprises.
Mais pour cela il faut des partis qui jouent le jeu, à droite
comme à gauche, et qui ne voient pas dans l’effondrement de l’économie une
assurance pour leur retour aux affaires. La gauche a déçu car on attendait
beaucoup d’elle et de tous ses énarques dont on croyait qu’ils dominaient leurs
sujets. Ils ont pris le pouvoir en apportant avec eux des dossiers vides et des
réformes minimales alors que le pays avait besoin d’un remède de cheval. Plutôt que de souffrir à petites doses, autant lui administrer le choc salutaire. Mais
la déception ne pourra pas cependant se traduire par des mesures extrêmes ni
par l’arrivée de bonimenteurs qui jouent parfaitement de l’illusion.
Merci Jacques pour cette mise au point, toutefois la montée du FN me semble
RépondreSupprimerirréversible en cette période.
Nous n'avons dans tous les partis que des luttes internes qui font la honte
de ce pays sans compter des prises de décisions qui vont à l'encontre des
citoyens et un manque évident de patriotisme.
il nous faut un de Gaulle.
Robert
c est francois mitterand qui a fait monter le front national pour diviser l electorat de droite, et une fois des municipales gagnees par le FN, on voit le ballon de baudruche se degonfler au fil de leurs investitures...et pour Brignoles ce sera la meme chose...le FN n a aucun programme politique, ni d ailleurs ni la gauche, ni la droite....
RépondreSupprimerne pas oublier que les gens votent fn car ni la droite ni la gauche ne les satisfont;NE PAS VOTER F N ,il y a des listes qui ne porteront tort a personne
RépondreSupprimeril ne faut pas retenir le nombre de voix , mais le pourcentage!
RépondreSupprimer53% et des brouettes,c'est une majorité dans un endroit donné! il ne faut pas extrapoler , mais il ne faut faire comme si c'est une score négligeable et sans importance!
Cher monsieur Benillouche,
RépondreSupprimerAu lendemain de l'élection cantonale partielle de Brignoles, on peut s'exclamer, comme vous le faites : "5 301 voix ce n'est pas la France", mais on peut aussi constater que cette élection a été l'occasion pour les électeurs, d'administrer une grande claque à la gauche, en l'éliminant au premier tour, puis à la droite en l'éliminant au second tour.
En démocratie, il n'est pas rare qu'un parti atteignant 20 ou 25% des voix soit en mesure de gagner des élections.
C'est précisément ce à quoi le FN est en train de travailler, pendant que l'UMP et le PS se rejettent la faute de leur cuisante défaite, sans pour autant accepter de se remettre en question.
Très cordialement.