ÉCHEC DE LA STRATÉGIE MUSULMANE DE BARACK OBAMA
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps
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Obama le Caire 2009 |
Dès son arrivée au pouvoir, le président américain
Barack Obama avait prononcé, le 4 juin 2009 depuis l'université du Caire, un
discours intitulé «Un nouveau départ» destiné à améliorer les relations
américaines avec les musulmans. Le choix de l’Égypte avait été volontaire pour démontrer
aux pays arabes modérés, alliés des États-Unis, qu’ils constituaient des pièces
maitresses dans la stratégie américaine au Moyen-Orient. Mais cela ne l'a pas empêché d'abandonner Moubarak au premier coup de feu tiré.
Alignement sur les thèses politiques
Or, les dernières manifestations antiaméricaines dans tous les
pays musulmans consacrent l’échec de Barack Obama dans sa tentative d’aligner
sa politique sur les thèses des nouveaux régimes issus des révolutions arabes. L’exemple
particulier des deux pays, la Libye et l’Égypte, qui ont reçu une aide
militaire et financière illimitée prouve qu’il a échoué à s’attirer les bonnes
grâces des gouvernements islamistes, arrivés au pouvoir après le départ des
dictateurs. Le défi diplomatique de ces journées de violence est tel que les
États-Unis sortent affaiblis alors qu’ils avaient fait preuve de tolérance face
à la prise de pouvoir des islamistes.
Les diplomates devront à nouveau travailler à
récupérer des relations sévèrement endommagés. Mais l’ingratitude à l’égard des
américains semble une constante. Alors que Mohamed Morsi avait demandé l’aide
des États-Unis pour combler son déficit et assurer la continuité budgétaire de
son pays, l’ambassade américaine au Caire était attaquée sous le regard des forces de forces
de l’ordre passives. Il est inconcevable de croire que l’armée, équipée par Moubarak
et Tantawi, n’avait pas les moyens de s’opposer à des manifestants civils au
point d’être assimilée à un tigre de papier.
Toute la stratégie d’Obama est à revoir et il devra concevoir une nouvelle méthode pour s’adapter aux forces politiques nouvelles qui gèrent les anciennes dictatures. Le Pakistan, qui reçoit 2 milliards de dollars d’aide annuelle américaine, a laissé les sympathisants du groupe islamiste Jamaat el-Daawa manifester en toute impunité dans la capitale Karachi.
Toute la stratégie d’Obama est à revoir et il devra concevoir une nouvelle méthode pour s’adapter aux forces politiques nouvelles qui gèrent les anciennes dictatures. Le Pakistan, qui reçoit 2 milliards de dollars d’aide annuelle américaine, a laissé les sympathisants du groupe islamiste Jamaat el-Daawa manifester en toute impunité dans la capitale Karachi.
Les guerres menées par les américains s’avèrent
stériles. La lutte contre le groupe terroriste Al-Qaeda, né en Afghanistan a
échoué puisqu’il a réussi à essaimé son idéologie et ses activistes dans le
monde entier. Les manifestations anti-américaines, parfois meurtrières, ne
peuvent uniquement s’expliquer par la diffusion d'extraits d'un film
islamophobe, nul de surcroit, «l'innocence des musulmans»,
qui décrit l'islam comme un «cancer». La
Maison Blanche sait pertinemment que la vidéo qui se moque du prophète Mahomet
est un alibi pour justifier les attaques contre les intérêts américains
dans le monde, à Benghazi en particulier, où l’ambassadeur a dû faire face à un
commando préparé et organisé dans une attaque préméditée.
Certes l’égyptien Mohamed Morsi a fait preuve de
modération en appelant au calme à la télévision sans réussir à convaincre une
population qui a manifesté sa colère contre les américains parce qu’ils
soutiennent Israël. L’Égypte veut être associée à l’occident, sur le plan
économique en particulier, mais elle ne pourra réussir que si elle contrôle les
attaques contre les représentations diplomatiques. D’ailleurs Dennis Ross,
ancien conseiller d’Obama pour le Moyen-Orient a pointé du doigt la
faille : «Les investisseurs ne
viendront pas en l'Égypte, si le pays n’a pas prouvé qu’il a établi la loi
fondamentale de l'ordre.» Les américains sont toujours bons comme pompes à
finance mais cela ne les empêche pas d’être fustigés.
Pourtant à l’université d’Al-Azhar en 2009, Obama a
reconnu les erreurs des États-Unis et s’était engagé à trouver une solution
innovante pour le conflit israélo-palestinien. Les sondages prouvent qu’il n’a
retiré aucun intérêt et que sa côte chez les musulmans a plutôt baissé parce
qu’il est accusé pour son attitude ambigüe. En effet, il cible d’une
part les terroristes avec ses drones et fait
preuve d’autre part de permissivité avec les organisations terroristes et leurs
nombreuses nébuleuses.
En fait les pays musulmans acceptent la qualification d'alliés pour percevoir les millions de dollars d’aide mais s’efforcent de rester neutres avec les terroristes qu’ils doivent combattre. Aucune reconnaissance ne semble due alors que les États-Unis ont financé et armé les rebelles libyens dépenaillés qui croyaient pouvoir renverser Kadhafi avec quelques fusils de chasse. L’ingratitude semble être la qualité majeure des combattants musulmans car sans l’aide de Barack Obama, Benghazi aurait connu l’enfer d’Alep et Kadhafi serait encore au pouvoir. Et c’est pourtant à Benghazi que l’ambassadeur américain a été lynché.
En fait les pays musulmans acceptent la qualification d'alliés pour percevoir les millions de dollars d’aide mais s’efforcent de rester neutres avec les terroristes qu’ils doivent combattre. Aucune reconnaissance ne semble due alors que les États-Unis ont financé et armé les rebelles libyens dépenaillés qui croyaient pouvoir renverser Kadhafi avec quelques fusils de chasse. L’ingratitude semble être la qualité majeure des combattants musulmans car sans l’aide de Barack Obama, Benghazi aurait connu l’enfer d’Alep et Kadhafi serait encore au pouvoir. Et c’est pourtant à Benghazi que l’ambassadeur américain a été lynché.
Consulat de Benghazi |
Haine arabe
La haine s’est exprimée dans tous les pays arabes à l’exception
peut-être de l’Arabie saoudite qui verrouille avec efficacité l’information sur
ce qui se passe chez elle. Même les pays dits «modérés» ont pris le train en marche pour ne pas paraitre soutenir
«l’impérialisme» américain. Certes
les forces de l’ordre n’ont pas affronté les manifestants avec la même
détermination. En Tunisie, elles ont tué 4 personnes et blessé 29 autres aux
abords de l’ambassade américaine lorsque qu’un millier d’islamistes a pris
d’assaut l’ambassade, pénétrant dans son enceinte, brisant ses vitres en
profitant d’incendier des bâtiments de l’école américaine située à proximité. 5.000
islamistes ont aussi mis le feu à l’ambassade d’Allemagne sans comprendre leur
motivation à s’attaquer à un pays généralement neutre. Dans tous les cas la
référence à Ben Laden était présente : «Obama,
Obama, nous sommes tous des Oussama», criaient les islamistes radicaux.
En Égypte, le président Mohammad Morsi a dénoncé les
violences mais il n’a pu stopper les manifestants qui ont affronté la police
près de l’ambassade. Même au Sinaï, que les égyptiens croyaient avoir pacifié, des
bédouins ont attaqué le camp de la force multinationale. La secrétaire d’État
américaine Hillary Clinton a estimé que les pays arabes n’ont «pas troqué la tyrannie d’un dictateur pour
celle des foules». Beaucoup de pays, qui cherchaient à calmer l’ardeur de
leurs manifestants ont cru devoir s’aplatir
pour tenter d’endiguer la colère de la rue : «Ce film est inacceptable et injustifiable, et porte préjudice aux
musulmans ainsi qu’aux non-musulmans qui rejettent les insultes portées aux
religions et aux prophètes».
Barack Obama n’a pas compris qu’un demi-siècle après
le triomphe des idéologies nationalistes, panarabes et socialisantes, l’heure
était à l’idéologie islamiste pour le monde arabe et qu'on lui reprochera toujours d'être l'allié d'Israël. Et pourtant tous les
dictateurs avaient brandi cette menace prémonitoire que ceux qui réclamaient plus
de libertés et de respect des droits de l’homme seraient balayés par les
tenants d’une idéologie encore plus contraignante er pernicieuse. La mise en garde n’avait pas
été prise au sérieux parce que les occidentaux croyaient avoir à faire à des
militants démocrates, à l’heure où les pays arabes connaissent une régression en
matière de tolérance religieuse.
Le président américain avait la certitude qu’il
garderait en tout état de cause son influence car les islamistes n’ont pas la solution aux
problèmes économiques et sociaux mais il s’est mépris sur la capacité des
barbus à islamiser les pays où ils prennent le pouvoir. En fait il a prouvé son
erreur de stratégie d’avoir tout misé sur les pays musulmans ce qui risque de
lui coûter son élection si son concurrent se montrait plus incisif et plus
charismatique.
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