LA DÉPENDANCE D’ISRAËL
VIS-À-VIS DU PÉTROLE KURDE
Par Jacques BENILLOUCHE
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Cependant depuis le 25
mars, le flux de pétrole brut en provenance des Kurdes a été temporairement
suspendu. Il ne représente certes que 400.000 barils/jour, soit 0,5% de
l'approvisionnement mondial en pétrole. Il semble que le gouvernement fédéral irakien et le GRK (Gouvernement
régional kurde) seraient parvenus à un accord pour reprendre les exportations
par la route du Nord. Mais cet arrêt temporaire a mis en évidence la
dépendance d’Israël vis-à-vis du pétrole du Kurdistan et le risque sur la
sécurité énergétique israélienne. Au cours des trois premiers mois de
cette année, 40% des approvisionnements en pétrole d'Israël provenaient du
Kurdistan irakien, soit près du double de la proportion en 2022. Israël a
importé environ 183.000 barils/jour en février, soit plus de cinq fois le
volume au cours du même mois l'année dernière, sachant qu'Israël a consommé
environ 210.000 bpj ces dernières années.
Israël est client
du GRK depuis 2014, lorsque les Kurdes ont décidé de vendre indépendamment leur
brut via le port turc de Seyhan. À la mi-2015, Israël importait jusqu'aux
trois quarts de ses besoins en pétrole brut du GRK. Les expéditions du
Kurdistan irakien ont offert une source fiable de pétrole provenant d'un point
de chargement à proximité, en maintenant ainsi les coûts de fret à un faible
niveau. Mais Bagdad a porté plainte contre la décision d'Ankara d'autoriser le
GRK à exporter du pétrole via Seyhan sans son autorisation, Les flux de brut ont
alors été interrompus le 25 mars.
En plus des
expéditions du Kurdistan irakien, Israël s'approvisionne également en pétrole
brut auprès de l'Azerbaïdjan, du Brésil, du Gabon, du Kazakhstan et du Nigéria.
Auparavant, il importait également du
brut russe, en particulier entre 2018 et 2020, mais aucun type de brut ne peut
remplacer le KBT pour des raisons techniques, financières et politiques. Après
l’arrêt de pétrole du nord de l'Irak, la question a été soulevée sur les
qualités de brut qui pourraient potentiellement remplacer KBT. L'une des
premières alternatives serait le pétrole russe vendu à prix réduit au milieu
des sanctions occidentales contre Moscou.
Mais alors qu'Israël n'a pas rejoint
l'Occident pour sanctionner le pétrole russe, des facteurs politiques font de
l'acte d'importer du brut russe une voie précaire. Sur le plan financier, le
pétrole russe serait la meilleure option, mais ce serait un risque politique pour
Netanyahou car cela accroitrait les tensions avec les États-Unis.
L’incident de la
rupture d’approvisionnement pourrait pousser Israël à se rapprocher du Brésil où
la production est en hausse, et même des États-Unis, bien que la qualité du
brut soit en cause. Il est certain que le remplacement de KBT sera une solution
coûteuse pour Israël en raison des coûts de fret plus élevé et des prix pratiqués
par les autres fournisseurs.
Pour l'avenir, des
risques politiques potentiels pour le commerce pétrolier israélo-kurde se
profilent également à l'horizon. Bien qu'un accord ait été trouvé
entre Erbil et Bagdad pour reprendre les exportations de brut via Seyhan, on ne
sait pas comment ces ventes seront gérées. Si le GRK continue de
commercialiser sa production de brut sans ingérence de Bagdad, alors le pétrole
continuera probablement d'affluer vers Israël. Mais même si les
expéditions via Seyhan reprennent, les développements récents ont révélé un
point faible dans la sécurité énergétique d'Israël. Il reste à voir
comment Israël choisira finalement de faire face à ce défi.
On a assez de problemes avec les USA pour aussi les envenimer en achetant du petrole russe!
RépondreSupprimerCertes cela ameliorerait nos relations avec la Russie, mais jusqu'a present, et malgre les critiques (assez justifiees il faut l'avouer) americaines sur la pretendue "reforme" judiciaire, qui, en fait, n'est que l'etablissement d'une democratie "populaire" (genre anciens pays sovietiques) en Israel ferait fuir a moyen terme la quasi totalite des industries de pointe et surtout l'arret des investissements occidentaux pour qu'on doive payer le petrole plus cher. Cela ne diminuera pas le parc automobile israelien et paradoxalement contribuerait a augmenter les recettes fiscales d'Israel. Le seul probleme, c'est que l'inflation augmentera, mettant en peril de plus nombreuses couches de la societe israelienne.