BENNY GANTZ, LE GÉNÉRAL DEVENU HOMME D’ÉTAT
Par Jacques BENILLOUCHE
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Gantz avec ses militaires |
Benny Gantz a tissé sa
toile tranquillement, avec patience, sans chercher à dépasser les étapes. Il a
su à chaque fois, soit se mettre en avant quand il avait rejoint le
gouvernement de Netanyahou, soit en retrait quand il avait participé à la
coalition avec Yaïr Lapid et Naftali Bennett. Il a attendu son heure qui semble
âtre arrivée. Que ce soit à l’armée ou en politique, il est l’homme du courage
et de l’audace. Il avait décidé de quitter le quarteron pour rejoindre
Netanyahou quand il avait compris que l’inertie menait à de nouvelles élections
et que le pays était las des caprices des chefs. Cependant, Netanyahou,
omnipuissant à l’époque, n’a pas su prendre la perche qui lui était tendu pour
constituer un véritable binôme au pouvoir. La majorité qu’ils avaient ensemble,
plus de 70 sièges, leur assurait un gouvernement de longue durée. Mais le
premier ministre, spécialiste de la solitude du pouvoir, n’avait rien voulu
déléguer allant même jusqu’à écarter son concurrent potentiel. La première
victime fut le Likoud qui a été renvoyé dans l’opposition, un épisode
douloureux pour Netanyahou.
Gantz-Netanyahou dos à dos |
Benny Gantz avait alors trouvé sa voie au ministère
de la Défense après avoir été chef d’État-major. Mais face à un nouveau premier
ministre, Naftali Bennett, contesté et fragile, considéré illégitime à son
poste et à un ministre des Affaires étrangères, Yaïr Lapid, qui s’estimait
parfaitement à sa place sans faire de vagues, il s’était alors imposé
progressivement comme l’homme fort du gouvernement, mais discret. Il avait
réussi à combler quelques lacunes diplomatiques après l’invitation à son
domicile offerte au président palestinien Mahmoud Abbas [1]. C’est un grand
honneur qu’il lui a fait, un peu démesuré par rapport au poids réel du chef
palestinien, de plus en plus contesté au Fatah, et bien sûr au Hamas. Il avait
certes empiété sur les attributions de ses collègues, mais il s’était justifié
en affirmant que son action était utile pour débloquer les relations avec les
Palestiniens.
Après avoir reçu, avec surprise, Mahmoud Abbas chez
lui à Rosh Haayin, le ministre de la Défense avait annoncé une série de mesures
de confiance pour les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza. En ce sens il
suivait les traces de Yitzhak Rabin qui avait su créer des relations
intéressées avec Yasser Arafat. En choisissant le terrain neutre de son
domicile, il avait évité de mettre ses collègues ministres dans une situation
embarrassante. Il se sentait bien dans le fauteuil de chef des pourparlers avec
les Palestiniens. Fairplay, Yaïr Lapid avait été jusqu’à le féliciter en
mettant l'accent sur les questions sécuritaires : «La réunion Gantz-Abou
Mazen est importante à la fois pour la sécurité d'Israël et pour son statut
international. La coordination sécuritaire et civile avec l'Autorité
palestinienne est essentielle à la sécurité d'Israël et est dirigée de manière
responsable et professionnelle par le ministre de la Défense».
Bien sûr, il n’avait pas fait l’unanimité ni au sein du gouvernement, et encore moins au sein de l’opposition. Il avait choisi une autre stratégie que celle du gouvernement qu’il avait remplacé. Au lieu de jouer le jeu du Hamas contre l’Autorité palestinienne afin d’empêcher toute unification, il avait préféré renforcer Mahmoud Abbas, considéré par la droite comme un leader partisan du terrorisme et envisager des programmes de planification à long terme, supplémentaires pour les territoires palestiniens.
Dans la foulée, Gantz s’était rendu à Amman pour
rencontrer le roi Abdallah II qui avait souligné «la nécessité de maintenir
un apaisement global dans les territoires palestiniens et de prendre toutes les
mesures nécessaires pour cela, afin de trouver un véritable horizon pour
parvenir à une paix juste et globale, fondée sur la solution à deux États».
Il avait tout fait pour améliorer les relations entre la Jordanie et Israël après
la nette rupture de 2009 à 2021, quand selon le roi, elles avaient atteint «leur
pire état».
Il semble bien placé pour renouer les relations
devenues statiques avec les chancelleries occidentales après les voyages froids
et stériles de Netanyahou en France, en Italie et en Allemagne et surtout pour
restaurer la confiance avec les pays arabes. Benny Gantz est totalement soutenu
par la Maison Blanche qui voit peut-être une lueur d’espoir dans les relations d’Israël
avec les hauts responsables palestiniens.
Gantz à Washington |
Les Israéliens, qui ont toujours cherché un leader
militaire chargé de prendre en main les destinées du pays, semblent l’avoir
trouvé. Les sondages semblent le confirmer bien qu’ils se soient toujours
trompés. Mais ils donnent une tendance qui s’affirme de jour en jour. Il n’est
pas question de se lancer dans le décompte des sièges, mais ils prévoient qu’en
cas d’élections, le Parti de l'unité nationale de Benny Gantz serait le plus
grand parti, dépassant largement le Likoud et Yesh Atid de Yaïr Lapid.
Gantz-Blinken |
Un nouveau scénario s’affiche qui pourrait voir
l’avènement d’une union du Centre et de la Droite modérée avec l’exclusion des
partis extrémistes de droite comme de gauche. Le pays a besoin d’une stabilité
et d’un changement d’homme au sommet. Israël pourrait alors trouver une
stabilité pour régler les défis auxquels il est confronté : l’Iran, le
Hezbollah, la crise économique, les relations avec la Diaspora juive, la crise
du logement qui montre son nez, l’augmentation du coût de la vie, la réduction
de la pauvreté et surtout la fuite des cerveaux vers l’étranger.
[1]
https://benillouche.blogspot.com/2022/01/mahmoud-abbas-reactive-les-relations.html
Il faudrait ajouter que Benny Gantz a tout fait pouur faire tomber sa coalitiopn avec Lapid et Bennett. Samorgue me rappelle celle de tous les generaux ayant abouti dans la politique, en Israel et ailleurs.
RépondreSupprimerEnfin, les sondages d'opinion n'ont guere de valeurs quand les prochaines elections legislatives sont prevues en 2027, que l'actuelle coalition remettra sur le tapis la "reforme" judiciaire destinee a placer une dictature a la place de la democratie en Israel. Et avec une dictature, les resultats des elections seront dignes des resultats sovietiques.
Je conseille a Gantz d'imiter Ehoud Barak et de se trouver un bon poste juteux, assurant l'avenir economique de ses enfants, petits-enfants et arriere petit-enfants.
Bon article, Benny Gandz est vraiment un homme d'état mais il y a eut un faux pas avec l'Azerbaïdjan contre l'Arménie et ça, cela ne passe pas, même si l'Arménie à soit-disant de "bonnes relations" avec l'Iran
RépondreSupprimerL'Arménie subit un génocide par les Turcs...
ZAKHOR, AL TICHKAH !
2nids Sabrié Stiller Goldenberg Maury
Le commentaire de Georges Kabi est surréaliste, il semble écrit par quelqu’un qui vit sur une autre planète. Il n’a pas sa place après la pertinente analyse de Jacques Benillouche.
RépondreSupprimerSurrealiste, pouvez-vous vous expliquer?
RépondreSupprimerBenny Gantz a collaboré avec Naftali Benett et Yaïr Lapid,
RépondreSupprimerIl est tout sauf arrogant,
Les prochaines élections législatives auront lieu quand il faudra réélire un nouveau gouvernement, 2027 est utopique,
Benny Gantz n'a rien à faire d'un poste juteux, il s'intéresse à notre pays et à ses concitoyens.
Benny Ganz, dans le precedent gouvernement, faisait tout son possible pour ne pas s'engager. Il ne voulait pas trop se mouiller, esperant une carriere politique "solo".
RépondreSupprimerAujourd'hui, nous avons un gouvernement de droite, tout a fait de droite et seulement de droite. Et Bibi est revenu a ses ficelles, seulement voila, pour constituer son gouvernement il a du promettre monts et merveilles alors qu'Israel n'echappe pas a la crise economique mondiale, que l'inflation (une specialite de la droite israelienne) commence a atteindre des positions dangereuses, et pire, a accepter de soutenir economiquement 2 millions de parasites.
Sa seule voie de sortie passe par l'etablissement d'une dictature, commencant d'abord par des provocations militaires destinees a faire taire les opposants. On en est en plein dedans.
Et toutes les villes israeliennes visees par le Djihad Islamique sont des villes qui votent massivement pour...Bibi. En 76 ns de vie, j'en ai vu pas mal de combines bizarres, tant en France qu'en Israel et ailleurs.