Elle quitta donc le style exclamatif et baissa d’un octave le ton
de sa voix. Jusqu’à maintenant, c’était clair. Plus le temps passait, plus le
pays s’enfonçait dans une torpeur citoyenne. Fondamentalement, le goût de la
vie, start-up nation, shekel au top, chômage résiduel, armée modèle, soleil et
mer, Tel Aviv et Jérusalem, le gaz, universités, les accords d’Abraham…… Il y
avait bien, l’inégalité, les minorités arabes, le Hezbollah, l’Iran. Et cet
éternel cul de sac Palestine/Israël, transformé peu ou prou en statu quo. Et
l’enracinement de la droitisation. Comme partout. En fait, une normalisation.
La continuité de la transformation d’un pays originellement et par nature
atypique en pays classique. Ben Gourion l’avait imaginé. On y trouve aussi des
putains.
Sauf que… Sauf que la mise en accusation de l’emblématique acteur
de cette normalisation infligea une première secousse sismique. La noria des
élections à répétition troubla un peu plus l’endormissement des consciences. Un
premier état de stupeur saisit le pays quand un vrai gouvernement bouta l’icône
politique hors de son royaume. Un vrai gouvernement, composite, hétéroclite,
mais qui adopta un vrai budget, développa un vrai programme. Trop beau,
cependant pour être vraiment vrai. Comme un diable hors de sa boite, l’artiste
renversa la table politique et reprit son sceptre. Au prix fort. Au prix de la
libération du pire extrémisme religieux. Au prix du feu vert donné à un
Saint-Just éprit d’anti-justice. Contribuant tous à sa préservation du risque
de son emprisonnement. Hors de tout intérêt pour l’intérêt de l’Etat.
Yariv Levin |
Mais, ce réveil identitaire ? Poussa Jonathan. Autant par stimulation que par obstination. Simple. Evident. Trop, c’est trop. Trop de diktat du religieux. Trop d’affichage de racisme. Trop d’atteinte au rôle et à la place de la justice. Trop de prise des gens pour des idiots. Trop d’hypocrisie dans l’affichage d’un pseudo rééquilibrage des pouvoirs. Trop de hâte éperdue, de non-concertation. Trop de mépris vis-à-vis du chef de l’Etat, comme des minorités.
Le débordement impacta d’ailleurs, d’abord les citoyens âgés. Plus
conscients politiquement. Les premières réunions de contestation en
attestaient. Puis, justement. Les jeunes apparurent. Les femmes rejoignirent.
Pour que, finalement, les manifestations, devenues d’opposition, ne deviennent
la représentation d’une société tout entière. Retrouvant de plus en plus sa
volonté d’engagement citoyen. Retrouvant ainsi, en quelque sorte, l’élan
idéologique qui avait, au départ de l’aventure israélienne, nourrit de sa force
les créateurs de l’Etat et de la nation.
Alors, effectivement, par erreur d’un calcul qui se voulait machiavélique et qui s’est retourné contre son initiateur, en deux mois, une ou deux jeunes générations, le sens de responsabilité collective, de solidarité, d’attachement intime à quelques principes de vie en société, s’est activé.
«Democratia». Le cri s’est imposé. Et sous le mot, la chose. Une notion iconique, qui a remplacé le personnage iconique. Une notion matérialisée dans l’esprit qui anime ces manifestations. Engagé mais joyeux. Libre et non libertaire. Visible même dans un affrontement avec des forces de police, policé justement, rarement violent.
«Democratia». Un concept plus exigeant qu’il n’y
parait. Qui appelle sans doute une redéfinition, plus homogène avec les
aspirations et les pratiques de ces jeunes, de ces femmes, faisant irruption
dans l’univers de la citoyenneté. Demandant une participation active, par une
subsidiarité ascendante, demandant une ouverture plus grande, plus libérée, sur
un monde qui s’agrandit sans cesse.
Il ne restait plus à Jonathan, qu’à rendre les armes. Merci! Merci à toi ! Cette fois, ton truc a marché ! L’amie sourit
largement. Elle se mit à chansonner : Mon truc en plumes / C’est très
malin / Rien dans les mains / Tout dans le coup de reins. Je te laisse les
plumes, sourit à son tour Jonathan, Je garde «Democratia».
On a voulu nous faire croire que ces manifestations étaient le fait « d’anarchistes », de « gauchistes », voir même de « terroristes ». Cet article démontre bien en quoi elles consistaient avec pour mot d’ordre « Democratia ».
RépondreSupprimerSi Israël continue dans cette voix, alors il faut s’attendre à l’amplification de son isolement sur le plan international. Le ton monte entre Washington et Jérusalem. C’est de mauvaise augure car sans les USA Israël serait une nation affaiblie, tant elle a besoin de son soutien . Pas mieux en Europe où les critiques de ce gouvernement s’intensifient .
Un espoir cependant. Si d’une façon générale la démocratie est un concept fragile, la dictature l’est plus encore qui finit par être abattue face à la volonté du peuple.
Il n'y a que deux modéles d'homme providentiel en politique :
RépondreSupprimerThémistocle et Bonaparte.
Le premier a été ostracisé et a trouvé un refuge doré en Perse, ou Iran.
Bonaparte a fait le combat de trop, comme un vieux boxeur, et il a fini KO à Sainte-Héléne, où le climat est bien plus malsain qu'à l'île d'Elbe.
L R