LENDEMAINS D’ÉLECTIONS, ISRAËL, ÉTATS-UNIS
Par Francis MORITZ
En-Dieu-nous-avons-confiance-liberty-états-unis |
Jour national de prière pour les chrétiens nationalistes |
Face
aux événements, les Américains globalement sympathisent beaucoup plus avec Israël
qu’avec les Palestiniens, 55% contre 26%, cependant ce dernier pourcentage n’a
cessé d’augmenter sur une période de 20 ans. Les adultes ont une opinion trois
fois plus favorable d’Israël que de l’Autorité palestinienne. Pour autant cette
opinion est clairement en hausse. Depuis 2013, elle a doublé chez les Démocrates ;
elle atteint 38% contre 14% chez les Républicains. Une majorité d’Américains
conservent leur sympathie envers Israël, mais elle est en régression. Pendant
que pour les jeunes adultes le niveau de sympathie envers les Palestiniens est
en hausse.
À
droite, les Républicains restent à plus de 75% pro Israéliens depuis la
dernière élection présidentielle avec parfois quelques nuances. Tandis que les Démocrates
sont de plus en plus divisés. Coté Démocrates, la division au sein du parti et ses
sympathisants s’intensifie. Le clivage entre pro Israéliens et pro Palestiniens
est réel, de 40% pour les premiers qui se qualifient eux-mêmes de libéraux contre
38% pour les seconds qui se qualifient de modérés et conservateurs, L’écart se
creuse entre les deux ailes du parti dont l’aile sociale, on dirait de gauche
en Europe marque de plus en plus son soutien aux Palestiniens.
Candidate républicaine au Sénat en Georgie Marjorie Taylor Greene et chrétienne nationaliste |
On
se rappellera la campagne du sénateur Sanders. Cette aile qui s’est approprié
son idéologie se préoccupe maintenant des droits civiques des Palestiniens a
l’instar du comité des droits de l’homme de l’ONU, prône la création de deux États
et prétend imposer de nouvelles règles, subordonnant la position américaine,
dans ses relations avec Israël. C’est l’émergence nouvelle et clivante au sein
du parti démocrate d’une question identitaire. Les libéraux du parti (l’aile
gauche) s’identifient désormais comme progressistes et favorables aux
thèses palestiniennes.
Le
président Biden, qui s’est lui-même qualifié de rassembleur en début de mandat
est manifestement devenu un pourfendeur, dès lors qu’il proclame dans son récent
discours que la démocratie est en danger, au vu des élections de mi-mandat et face
au parti républicain. On rappellera cependant les 76 millions de voix
recueillies par Donald Trump. Ce faisant, il instille la peur et ses corollaires
que sont l’inquiétude et le doute. Il clive davantage les différences entre Américains.
Bien
que la préoccupation numéro-1 des Américains soit l’inflation et leur pouvoir
d’achat, le conflit israélo-palestinien est devenu une variable d’ajustement. Un
exemple, l’AIPAC a contribué à récolter de l’ordre de deux millions de dollars
dans une campagne électorale en Caroline du Nord, mais les fonds n’ont pas pour
autant été utilisés pour une campagne pro- israélienne.
Manifestation commune en 2021 de Black lives matter et pro palestiniens font Jewish voice for peace |
Chez
les jeunes Américains, ceux qui évoluent chez les moins de 35 ans, 40% restent
sympathisants d’Israël, contre les deux tiers de plus de 65 ans mais ce
pourcentage est en diminution. On constate que l’influence des réseaux sociaux
est telle que ces jeunes assimilent de fait les revendications des Palestiniens
comme identiques à leurs propres attentes. L’idéologie pro palestinienne
progresse d’autant mieux qu’elle bénéficie de la participation de deux
organisations juives très actives : J.Street plutôt pro israélienne
qui soutien une solution à deux états et de Jewish voice for peace dont
les slogans bien connus sont FREE PALESTINE, ISRAEL APARTHEID.
Déclaration
de sa directrice générale Mme Tally Ben Daniel : «le gouvernement
israélien parlera souvent de guerre mais il est devenu clair qu’il n’y avait
qu’un seul camp avec une armée». On observe aussi que cette
organisation entretien des liens avec black lives mater. Ces organisations
provoquent également des difficultés au sein des communautés juives pendant que
leur argumentation trouve un écho parmi les jeunes en particulier, déjà très
réceptifs au narratif des réseaux sociaux pro palestiniens largement diffusés.
Septembre 2022 Rassemblement des partisans de Donal Trump en prière avant son meeting |
La
religion et la politique
La société américaine est confrontée à des convulsions qui se traduisent par plus de violences, plus de groupes extrémistes, plus d’antisémitisme et de racisme. La pensée dominante a changé. Ce n’est plus le seul patriotisme dont les Etats-Unis pouvaient être fiers. On observe la multiplication de fractures. On y assiste dans le même temps à l’émergence et l’irruption en politique du nationalisme chrétien qu’endossent certains élus du parti républicain qui soutiennent le mouvement sans y adhérer franchement et son entrée dans le débat national. Certains de ses partisans et personnalités politiques de droite, réclament la prévalence des commandements bibliques sur les lois, voire sur la volonté populaire.
Candidate républicaine en Georgie Marjorie Taylor Green en campagne avec D.Trump |
On
y voit une similitude avec l’une des revendications des partis religieux en
Israël. Le gouvernement de Netanyahou avait fait d’Israël un État juif. Cette
frange des chrétiens, qui ne font pas l’unanimité, déclare que leur pays est chrétien
par la volonté divine. Elle prône que les valeurs chrétiennes doivent prévaloir,
ce qui inclurait l’enseignement de la religion. Plus de 60% des Chrétiens
pensent que c’était la volonté des pères fondateurs. Au-delà de ce groupe, les Américains
pensent en majorité que les États-Unis doivent être une nation chrétienne, tout
en concevant que la religion et l’État doivent restés séparés.
Il
n’en reste pas moins que ceux-là même, pensent que les enseignements bibliques
doivent être pris en compte dans l’élaboration des lois. Enfin un tiers de ses
partisans déclare également que les religions des minorités affaiblissent la
société américaine. A qui pensent-on, sans le dire clairement ? Cette émergence
provoque aussi une fracture au sein de la communauté chrétienne. Une
association s’est créé : «Les chrétiens contre le nationalisme chrétien».
Le gouvernement américain actuel a déjà fait savoir qu’il refuserait de
travailler avec de futurs ministres d’extrême-droite. Les politiciens ne sont
jamais en mal de déclarations et de gesticulations. La plupart du temps les
dures réalités du terrain s’imposent.
On
verra sous peu quel sera le résultat des élections de mi-mandat qui pourraient
faire basculer les deux Chambres à droite et si on imagine que les prochaines élections
amèneront à la Maison Blanche un président républicain porteur de toutes les
valeurs de la droite et de ses différentes composantes. La similitude avec le
gouvernement israélien élu pour quatre ans est flagrante. Bien sûr, toute cela
n’est que fiction et toute ressemblance avec des personnes connues ou en activité
serait pure coïncidence.
La dynamite que représente le cocktail nationaliste et religieux est sur une pente ascendante dans les différents continents. L’homme est-il devenu fou ou à ce point crédule? Où est passé le rationalisme, l’amour des siens et non la haine des autres?
RépondreSupprimerJe crains Monsieur Moritz que la réalité dépasse votre fiction et que le 8 novembre les américains soient submergés par une vague rouge….
Mais en même temps la vague bleue est-elle plus rassurante pour la minorité que nous sommes?
Merci pour votre article peu réjouissant mais hélas pertinent.
Les apparences peuvent être trompeuses, la base du parti Démocrate vient des minorités visibles, influencées par le mouvement Black Muslim et s'identifie aux Palestiniens. Les agressions contre des juifs deviennent une banalité même quand il y a décès. À l'université les juifs se font discrets.
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