La persécution sévit dans de
nombreux pays du Moyen-Orient où le présent n’est pas très différent du passé. Un
groupe pour lequel cela s’est avéré particulièrement vrai est celui des Druzes.
On a largement évoqué les accords d’Abraham. On devrait aussi y associer ceux
de la foi abrahamique qui compte parmi ses plus fidèles adeptes les Druzes. La
grande majorité d’entre eux réside en Syrie. On y estime leur population de 500
à 750.000, au Liban entre 280 et 350.000 et environ 120.000 en Israël, Ces
chiffres sous toutes réserves. Alors que
les chrétiens pourraient considérer les Juifs comme païens et vice versa, les Druzes
ont une longue histoire de solidarité avec le peuple juif avec lequel il
n’existe pas de contentieux religieux, ayant, tous deux, été opprimés au fil
des siècles par les califats et les États musulmans de la région. Ils servent couramment
dans Tsahal après avoir servi dans le bataillon Herev Gdoud jusqu’en 2015 date
de sa dissolution. Israël soutient et respecte cette minorité.
De jeunes militants druzes patrouillent pour protéger leur village |
Le Liban leur garantissait à
l’origine les mêmes droits que les autres citoyens. Ce qui n’a pas duré
longtemps. Ils se sont trouvés mis à l’écart par la majorité musulmane. En
Syrie, ils avaient acquis une représentation politique lors de la prise de
pouvoir du parti Baas en 1963 mais furent rapidement écartés en faveur des
priorités des groupes musulmans et arabes. Ils sont ostracisés par ces
derniers. Seule une réelle solidarité intracommunautaire et une fermeture aux
autres religions leur permet d’assurer la survie de leur communauté, non sans
quelques épisodes sanglants, comme la Syrie en connaît depuis le début de la
guerre.
Discrimination et préjugés sont les
deux plaies qui les accablent au Moyen-Orient, sauf en Israël, foyer protecteur
comme l’est le centre mondial des Bahaïs à Haïfa. Al Qaeda les a persécutés
comme les chrétiens à partir de fin 2011. En 2012 des centaines de tombes et de
lieux saints furent détruits par les islamistes à Idlib.
Le district à majorité druze de
Suweida, dans le sud de la Syrie est le théâtre de luttes acharnées opposant
divers groupes armés de toutes obédiences, gouvernementales, étrangères pour le
contrôle de la région. Le dernier fait nouveau a été la victoire des Druzes sur
la milice pro gouvernementale Quwwat al Fajr (les forces de l’aube).
C’est un changement important tant pour la population qui reprend son souffle
après avoir dû faire face à de multiples exactions, enlèvements, rançons,
pillages. Ce démantèlement de la milice signale l’affaiblissement des forces de
Damas dans la région. Une autre milice, Falhout, a été expulsée par les Druzes
sous l’autorité des chefs religieux des villages alentours.
Le chef druze Sheikh Hikmat al-Hajari |
Le régime actuel, pour éviter
l’escalade, a poursuivi la stratégie de l’ancien régime en destituant le
général de brigade Ayman Mohamed à la tête du renseignement militaire local, pour
donner l’apparence d’un désaccord avec ses propres séides. En juillet 2018 les islamistes massacrèrent
plus de 200 membres de la communauté druze et prirent 24 otages. L’homogénéité
relative et la solidarité de la population druze n’incite pas le président
syrien à provoquer un affrontement frontal. Il temporise chaque fois que le
niveau d’exaspération monte. Trois chefs druzes religieux sont les hommes clés
de la communauté. Le Sheikh Hikmat al-Hajari semble le plus proche de Bachar El
Assad, tandis que les deux autres Yusuf Jar Boua et Hammoud al Hannawi, qui se
distinguent par des positions parfois différentes, n’ont jamais formellement
remis en cause le régime. Les druzes sont prudents. De plus ils sont très
sollicités simultanément par les affidées de l’Iran, de la Russie et des États
Unis.
La pénétration du Hezbollah dans le
sud de la Syrie est perceptible, l’organisation terroriste y a développé un
trafic de drogue qui s’étend désormais de la Jordanie au Golfe. Amman tente sans
grand succès de sécuriser sa frontière qui traverse principalement les zones
désertiques au sud de Suweida. La Russie engluée en Ukraine tente, elle,
d’envoyer des délégations avec un succès limité. Les forces américaines
stationnées à Al-Tarif, via sa milice locale Mahatir al Tharwa (commandement
révolutionnaire) ont établi une forme de coordination avec les forces druzes
sur place. C’est aux États Unis que se trouve la communauté druze la plus
importante hors du Moyen-Orient. Parallèlement, même si c’est peu évoqué,
Israël tente à son tour d’étendre son influence par le canal communautaire de
sa propre population druze qui lui est fidèle. Les Druzes savent jusqu’où ne
pas aller trop loin et ne sont pas en mesure, actuellement, de se séparer du
régime.
Suweida au sud de la carte |
Malgré son affaiblissement relatif,
Damas demeure, dans l’immédiat, un acteur important dans la lutte régionale
pour le pouvoir. Il faut savoir que depuis des années les communautés druzes
bénéficient d’envois de fonds de l’étranger ainsi que du soutien par l’étranger
de ses milices et d’un système d’aide humanitaire indépendant de Damas. Il faut
également tenir compte du rôle économique de la communauté druze relativement
importante, établie à Damas. Le marché de gros de la Capitale reste une plaque
tournante importante pour les produits agricoles en provenance de Suweida. Il
est aussi factuel que le secteur public emploie du personnel de cette origine.
Les salaires constituent un revenu régulier pour les communautés du sud.
Au-delà, dans ce qu’il convient d’appeler pudiquement l’économie informelle -
en clair le trafic de drogue et celui des armes - fournit des ressources
importantes aux habitants de Suweida.
En 2014 Le Sheikh druze Balous
fonde la milice Rijal al Karameh avec une double caquette, religieuse et
laïque alors que le conflit syrien révélait la faiblesse des chefs traditionnels
dans les régions. Les trois chefs religieux nommés précédemment y virent une
menace pour leurs prérogatives au sein de la communauté. En 2015 Sheikh Balous
déclara son opposition au régime. Ses trois collègues unanimes et clairvoyants
condamnèrent sa décision. Peu de temps après il fut assassiné. Ses partisans
comprirent la leçon et s’alignèrent sur la position des trois autres chefs
religieux. Depuis, Damas soucieux de ne pas envenimer les relations, maintient
le statu quo. Dans ce que certains observateurs qualifient déjà «d’après-guerre
de Syrie», Israël pourrait sans doute trouver un appui sinon un relais au
sein de cette communauté qui, contrairement à d’autres minorités, a su demeurer
sur place et survivre dans la tourmente qu’ont représenté ces dix dernières
années de guerre et de drames pour les minorités existantes.
Le leader Druze a contré les efforts israéliens pour obtenir un retrait simultanée des soldats syriens et Israéliens, et pour obtenir la neutralité du Liban dans les conflits régionaux.
RépondreSupprimerJoumblatt s'est joint aux syriens et aux anti-israéliens.
Les Druzes libanais, et a leur tete, Walid Jumblatt se sont alignes sur les Chiiyes de Nasrallah. lusieurs Druzes ont ete tues dans des affrontements avec Israel. L'un d'eux fit meme preuve d'une rare sauvagerie, meme dans la egion. Il fut abattu apres sa liberation.
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