LA VIEILLE GARDE PALESTINIENNE DÉPASSÉE PAR SES JEUNES RADICAUX
Par Jacques BENILLOUCHE
La Cisjordanie n’a jamais connu pareils troubles
depuis 2015 alors que l’Autorité palestinienne ne fait rien sur le terrain.
Elle est soit débordée par ses jeunes qui veulent en découdre, soit intéressée à
maintenir la pression sur Israël et à laisser se développer les troubles pour détourner l'attention sur sa corruption. Les attaques sont perpétrées par des
Palestiniens qui n’appartiennent à aucune faction politique face à un vide
sécuritaire. Les jeunes attribuent la situation aux Accords d’Oslo de
1993 qui n’ont pas été totalement appliqués. Ils ne font ni confiance au Fatah et
ni au Hamas qu’ils estiment corrompus et préfèrent créer leur propre structure
à l’image du groupe armé autonome Lion's Den basé à Naplouse.
Les accords d’Oslo avaient divisé la Cisjordanie en
trois zones : la zone A sous contrôle total de l’AP mais Israël est forcé
d’y intervenir devant la carence des dirigeants palestiniens. La zone B sous
contrôle sécuritaire israélien mais sous administration palestinienne. La zone
C sous contrôle total israélien tant en ce qui concerne la sécurité que l’administration.
Il était prévu que l’AP construise progressivement des structures étatiques
pour préparer l’avènement d’un État indépendant mais rien n’a évolué depuis,
les responsabilités étant partagées. Selon les accords, l’AP devait collaborer
avec Israël pour combattre le terrorisme mais elle a refusé pour ne pas être taxée de collaboratrice, voire de sous-traitante.
Yasser
Arafat était puissant, craint et respecté et il imposait le calme qui régnait dans
la région jusqu’à sa disparition en 2004. Mahmoud Abbas a choisi au contraire la stratégie de la passivité. Les jeunes
le lui reprochent aujourd’hui, et surtout le pressent à recourir à la lutte
armée. La nouvelle génération est écœurée par les luttes intestines entre Hamas
et Fatah qui laissent la part belle aux Israéliens. Les jeunes ont mal accepté d’être témoins de combats meurtriers fratricides, comme ceux de 2007 qui se
sont soldés par plus de 600 morts Palestiniens. La nouvelle génération ne veut
plus croire à l’idéologie périmée des factions palestiniennes et elle déplore
la division du mouvement palestinien. Elle estime que Mahmoud Abbas a favorisé
cette rupture pour permettre d’une part la survie du Fatah face au Hamas et d’autre
part pour empêcher le Hamas de prendre le leadership en Cisjordanie. Alors les jeunes
n’ont plus confiance dans leurs institutions et accusent leurs dirigeants de
trahison surtout lorsque l’AP les pousse à déposer leurs armes en échange d’une
garantie de sécurité.
Ronen Bar, chef du Shabak |
Le Shabak, la sécurité intérieure, doit reconstituer
tous ses dossiers et toutes ses fiches, car les siens sont périmés avec la
nouvelle génération de jeunes adolescents beaucoup plus portés sur les armes et la violence. Cela
explique la difficulté de mettre un terme rapidement aux émeutes et aux
troubles. L'infiltration parmi cette nouvelle vague est presque impossible. Les Intifada étaient d’un autre temps. Cela explique surtout la
difficulté d'éviter les attaques contre l’armée et contre les
implantations. Israël doit changer son logiciel sécuritaire en Cisjordanie
sachant, d'autant plus, que l’AP est affaiblie.
Le ministre Hussein Al-Sheikh avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas |
Le ministre des Affaires civiles de l'AP et secrétaire
général du comité exécutif de l'OLP, Hussein Al-Sheikh, se défend en accusant
Israël d'affaiblir l'Autorité palestinienne par des opérations militaires
continues mais il ne fait rien pour imposer la loi et l'ordre dans sa région. Il n’a pas empêché les 172 attaques, fusillades et jets de cocktails Molotov
contre Tsahal. Certains experts estiment que la situation qui prévaut
aujourd’hui ressemble à celle des deux intifada de 1987 et 2000 avec la différence
que les jeunes ne sont plus contrôlés. Leurs actions, spontanées et souvent individuelles, préfigurent un nouveau mouvement
radical violent.
Jeunes armés au camp de Balata |
Le refus de Mahmoud Abbas de passer la main et de
permettre l'avènement d'une nouvelle gouvernance, crée des dissensions internes parmi les
prétendants qui se trouvent confrontés à la contestation de la nouvelle
génération soutenue, armée et financée par l’Iran via le Djihad islamique. Le
Hamas ne veut pas être en reste et fait de la surenchère sachant qu’il a du mal
à contrôler ceux qui veulent en découdre avec Israël. Ce sera le défi auquel
sera confronté le nouveau gouvernement et le nouveau chef d’État-major. Si les
troubles ne sont pas maitrisés, il est à craindre de la part des résidents des
implantations, l’émergence de milices juives privées armées qui chercheront à se
défendre par des méthodes non conventionnelles.
C'est le produit de l'éducation que l'autorité Palestinienne a donné aux jeunes, et à la politique de la droite nationaliste israélienne.
RépondreSupprimerMichel LEVY : La droite nationaliste n'a jamais incité à aller tuer les arabe. Des arabes, sans ayant à craindre pour leur vie, vivent en zone C de la Judée Samarie. Alors, qu'aucun juif n'ose s'aventurer en zone A et B, sous contrôle de l'A.P. de peur de s'y faire lyncher, car les manuels scolaires financés par l'A.P. les incitent. Ne mettez donc pas sur le même plan, l'A.P. et la droite nationaliste. Merci
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