EIZENKOT VEUT PROUVER QUE LES GÉNÉRAUX ONT TOUJOURS LA CÔTE EN ISRAËL
Par Jacques BENILLOUCHE
Eizenkot |
Le dernier à entrer en politique est l’ancien chef d’État-major, Gadi
Eizenkot, qui était très sollicité en raison de ses origines marocaines. Il a
choisi le camp de Gantz avec qui il était très proche sur les champs de
bataille. Les sondages ont encore peu réagi à son arrivée mais les Israéliens
sont réputés pour décider à la dernière minute, voire à l’entrée du bureau de
vote. Cela explique que les sondages expriment mal la réalité des scrutins. Les
Israéliens sont rassurés par la présence d’un général sur les listes
électorales. D’ailleurs, quatorze chefs d’État-major sur 21 sont entrés en
politique ainsi que 28 généraux de division, 11 généraux de brigade et 16
colonels.
Les deux premiers à avoir
donné l’exemple dans l’Histoire ont été Moshé Dayan et Yigal Alon, puis plus
tard le plus décoré de l’armée Ehud Barak. La réussite de ces militaires n’est
pas toujours au rendez-vous car les méthodes de commandement à l’armée n’ont
rien à voir avec les joutes politiques ou les campagnes électorales. Tous ne
réussissent pas la mutation brutale, à l’instar de Moshé Yaalon qui a eu une
carrière politique très courte.
De gauche à droite Moshe Dayan, Yitshaq Sadeh, Yigal Allon. |
Benny Gantz a
choisi Gadi Eizenkot pour «gauchir» et équilibrer sa liste face à Gidéon
Saar et Zeev Elkin qui représentaient la droite dure au Likoud. Eizenkot
a d’ailleurs exprimé ses vues pacifiques sur les implantations de
Cisjordanie. Lors d'une réunion à Métoula avec
des militants, il a vivement critiqué ceux qui préconisent la «construction
de colonies partout en Judée-Samarie parce qu’elles conduiraient Israël au désastre».
Il a également exprimé son soutien à la loi sur le désengagement qui
a vu l'évacuation de Chomesh et d'autres implantations en 2005. Par obligation
de réserve, il n’avait pas exprimé jusqu’alors ses positions politiques : «Les
gens qui ne comprennent pas, nous conduiront à un État binational. L'expansion
illimitée des colonies et le contrôle continu sur des millions de Palestiniens
menacent la vie d'Israël et la capacité à rester un État majoritairement juif
et démocratique». Il a critiqué les députés du sionisme religieux Itamar
Ben Gvir et Bezalel Smotrich, ainsi que certains membres du parti Likoud qui sont
chargés d'orienter Israël dans cette direction. Pour lui, «ces députés ne
croient pas vraiment à une implantation élargie, mais la réalité politique les
pousse à avoir des opinions qui vont à l'encontre des intérêts nationaux de
l'État d’Israël».
Eizenkot, à travers ses anciennes fonctions
militaires, se qualifie lui-même de «grand expert de la question
palestinienne», dont le programme «comprendrait l'achèvement et le
scellement de la barrière de sécurité en Cisjordanie, la création d'hôpitaux en
Cisjordanie pour traiter les Palestiniens, la création de zones industrielles
pour améliorer l'économie palestinienne et l'indépendance énergétique des
Palestiniens».
Mais face à une idéologie ancrée dans les esprits, voire une intoxication
politique, être une autorité en matière de sécurité n'est plus la clé pour
gagner les élections. Les Israéliens ont changé d’état d’esprit car jusqu’à ces
dernières années, leurs principales préoccupations étaient la sécurité en
général et notamment le conflit israélo-palestinien. Les élections à répétition
ont poussé les électeurs israéliens à s’intéresser à l’identité juive du
pays et à ses références démocratiques. Ils votent d’abord pour une personne et
non plus pour un programme ou une idéologie. Auparavant, les électeurs voyaient
le chef d'État-major comme le symbole de la sécurité, mais paradoxalement de
nos jours, la sécurité est symbolisée par des gens qui n'ont même pas servi
dans l'armée comme le chef du parti Otzma Yehudit, Itamar Ben-Gvir. Un autre
changement important a modifié le comportement des électeurs à travers l’identité
religieuse. Plus un électeur est religieux et plus il votera Likoud sans tenir
compte de sa compréhension des affaires étrangères et de la sécurité, encore
moins des questions économiques.
Ben Gvir dans l'implantation Barkan |
Gadi Eizenkot
estime que les valeurs de l’État sont mises entre parenthèses. Les dirigeants d'extrême
droite, Bezalel Smotrich et Itamar Ben-Gvir, sont devenus populaires en
particulier parmi les jeunes électeurs, parce qu’ils «représentent le
contraire de ce qu'il représente. Il me semble paradoxal que deux personnes
dont la caractéristique commune est qu'elles ont enfreint la loi, et dont l'une
n'a pas du tout servi dans l'armée israélienne, tandis que l'autre a servi
pendant 10 mois, servent de modèles pour la jeunesse israélienne. C'est un
monde à l'envers».
Eizenkot a quitté
l'armée, mais en tant que personne qui comprend la complexité des ennemis qui
entourent Israël, il est convaincu que ce qui a peut-être été ignoré par les
politiciens israéliens doit être au centre des préoccupations pour prévenir de
futurs conflits. «La réalité est toujours compliquée, et les civils
israéliens ne la voient que lorsqu'il y a des pics de violence, alors que la
réalité est que Tsahal déjoue continuellement les attaques terroristes en
Cisjordanie. Israël n'a pas eu de stratégie contre les Palestiniens pendant des
années. Il n'a jamais été clair ce que nous voulions, aller de l'avant avec les
Palestiniens. Et lorsque la violence éclate, nous devons laisser Tsahal et le
Shin Bet faire leur travail, et nous devons faire la différence entre les
terroristes et les 90% de Palestiniens ordinaires qui veulent travailler et
mener une vie normale».
Groupe Lion's Den |
Eizenkot veut
démystifier le groupe Lion’s Den qui ne se compose que d’une trentaine de
membres. Mais le plus inquiétant est le solide soutien dont bénéficie le groupe
dans toute la Cisjordanie. Il explique la fosse aux lions comme un événement
tactique qui pointe vers un problème plus large d'une Autorité palestinienne
affaiblie et ce sont le Hamas et le Djihad islamique qui ont réussi à s'emparer
du cœur des Palestiniens en Cisjordanie. Eizenkot pense que Netanyahou, «a mis en avant une politique dangereuse qui a
affaibli l'AP tout en renforçant le Hamas. La stagnation du processus de paix
était une erreur. Cela a donné un coup de pouce au Hamas. Nous avions un
intérêt commun à maintenir la force de l'AP».
Bien que le Hamas et le Jihad islamique n'aient pas encore officiellement exprimé leur soutien à la violence en Cisjordanie, les cellules du Hamas en pleine planification d'attaques ont été démantelées par le Shin Bet. Pour Eizenkot, «si le Hamas dirige des attaques en Cisjordanie, alors il doit payer un gros prix. Je vois un besoin de gagner contre le régime du Hamas. Quiconque pense que le Hamas devient pragmatique a tort. Je le vois comme un ennemi, et nous devons gagner contre lui. Je ne lui fais pas confiance».
Itamar Ben-Gvir, Michael Ben-Ari, Benzi Gopstein et Baruch Marzel |
Eizenkot a rejoint Gantz qui a promu la politique de séparation de Gaza de la Cisjordanie et qui a donné son approbation pour un maximum de 20.000 permis d'entrée pour les Gazaouis pour travailler en Israël, tant que le calme demeure dans le sud d'Israël. La décennie la moins calme de l’Histoire d’Israël a été sous Netanyahou. Eizenkot ne croit pas qu'un gouvernement dirigé par Netanyahou, avec Ben-Gvir comme allié central, soit la solution : «Netanyahou a peut-être une chance d'atteindre les 61 sièges, mais ce sera une évolution négative pour l'État d'Israël»,
Bonjour monsieur Benillouche ne votant pas et ne vivant pas en Israel et m'interdisant de prendre position sur les élections et le choix de ses citoyens. Nous attendons en tant que juifs de la diaspora une certaine objectivité de votre tout en respectant vos choix politique. Nous sommes abreuvés tous les jours d'informations biaisées par les presses étrangères et un peu d'objectivité nous ferait du bien.
RépondreSupprimermerci
@unknown
RépondreSupprimerLa politique ce n’est pas des mathématiques, il n’y a pas de neutralité il n’y a que les idées de chacun. À vous d’aller chercher un autre point de vue, une autre vision ailleurs si celle-ci ne vous convient pas mais l’objectivité des opinions en tant que telle vous ne la trouverez nul part.
Jacques Benillouche a au moins le mérite de donner des faits et de les expliquer clairement. C’est déjà pas si mal….
Chacun à sa place. Et les généraux aux leurs. Mosche Dayan est l'exemple d'un homme qui ne fut pas à sa place. Israël étant sorti vainqueur d'une guerre que la Jordanie lui avait déclarée, pourquoi Dayan, ministre de la Défense, s'était-il empressé de donner le Mont du Temple au WAQF ? Et Benny Gantz pourquoi a-t-il rendu visite à Mahamoud Abbas qui utilise le double langage, dans son fief à Ramallah ?
RépondreSupprimerFrenkel, simplement pour réparer l’absence de contact entre Bibi et Abbas. Bibi avait tourné le dos à Abbas et au roi de Jordanie.
SupprimerTout comme les relations avec les Usa qui étaient si exécrables qu’il fallait d’urgence preter allégeance tout en exigeant ZÉRO accord avec l’Iran.
Tout cela a été accompli. Sans compter les +20 ambassadeurs israéliens non nommés par Bibi et que ce Gvnt a nommé pour asseoir la voix forte d’Israël à l’extérieur.
Tout comme construire la séparation d’Israël et de la Palestine (en dur) plutôt qu’en un grillage percé.
Tout en allant chercher les terroristes de Naplouse / Djenine / Tulkarem… « jusque dans les chiottes » comme dirait l’autre.
Tsahal le fait avec presque aucune mort collatérale en face.
Et tout cela sans le fanatisme de Ben Gvir ou l'impérieuse nécessité de mettre les mains dans les coffres de l’état (de la part des partis religieux) pour aider leurs frères dans le besoin… mais sans aucun discernement quant à l’intérêt de l’ensemble du pays.
Il faut les aider cependant. C’est urgent.
Aucun ex-chef d'etat-major n'a reussi sa carriere politique. Ils sont probablement (je l'espere) des wxperts en matiere militiaire, mais c'est tout. Un adage israelien le dit assez bien: attache un ane a un arbre pendant 10 ans, et il deviendra colonel".
RépondreSupprimerEt toutes guerres gagnees par Israel ont ete attribuees a des politiciens et les defaites aux militaires. Il y a quelques annees le depute d'origine sovietique Liebermann declarait qu'il enverrait Tsahal et en 2 jours Gaza n'existera pas. Gaza est toujours la, Liebermann a ete reelu de justesse. Les exagerations et les provocations de Ben Gvir n'auront aucun effet meme si il deviendra ministre. Et commme disait Sharon:"Ce qu'on voit d'ici, on le voit pas de la-bas". A propos, ni Ben Gvir ni Smotritch n'ont jamais ete a l'armee. C'est tout dire.