CRISE DANS LA HAUTE TECHNOLOGIE
ISRAÉLIENNE
Par Jacques BENILLOUCHE
Les startups sont contraintes de procéder à des
licenciements massifs, allant jusqu’à réduire de moitié leurs effectifs en
raison de la situation volatile du marché et du manque d’investissements.
Pendant la période bénite, elles ont dépensé beaucoup de fonds en se
développant trop rapidement. Aujourd'hui, le recrutement a été tari et pire, elles sont
forcées de licencier. Les sociétés israéliennes de haute technologie ont levé 9,5
milliards d'euros au premier semestre 2022, ce qui représente un certain
ralentissement.
Ces sociétés fonctionnent à l’américaine, sans
déontologie ni morale au point de licencier sur le champ, sans avertissement ni
préavis, parfois des très anciens salariés, contraints ensuite de s’orienter
vers de nouvelles fonctions. Ils ont souvent du mal à retrouver leur salaire
mensuel de 25.000 shekels. C’est une crise qui prend de plein fouet les
startups qui réduisent leurs effectifs et gèlent les embauches. Les géants de
la technologie, tels que Meta, Microsoft, Google et Intel, sont touchés en
raison de l’incertitude mondiale. Les
grandes entreprises ont supprimé 29% des emplois de l'industrie. Les recours des salariés devant les tribunaux augmentent.
Asurion, le géant mondial d'assurance pour les
appareils électroniques, a fermé Soloto, le centre de développement de la
société en Israël mettant à la porte 120 employés tandis qu’une quarantaine
d'employés ont un sursis jusqu’à la fin de l’année. Aid Genomics, leader dans
le domaine du diagnostic et de la thérapie du cancer et des maladies
infectieuses, a annoncé l’arrêt de ses activités en Israël et le transfert de
ses activités à l’étranger, entrainant le licenciement de 400 employés en Israël.
Antidote Health,
OrCam, Snyk, Vee, Fundbox, Cybereason et Hewlett-Packard ont licencié un grand
nombre d'employés. Elles le font souvent par anticipation pour éviter des
pertes potentielles avec répercussions sur la croissance de l’économie.
Soloto à l'époque glorieuse |
Contrairement aux autres activités, il est
difficile pour la haute technologie de faire des prédictions sérieuses, alors
on licencie par précaution. Nous sommes loin de la pénurie massive de
personnels lorsque les entreprises s’arrachaient les ingénieurs à prix d’or. L'investissement dans les startups est donc devenu très risqué. Le ralentissement a commencé en juillet lorsque des centaines
de salariés ont été licenciés à la suite d’investissements en baisse.
Ces entreprises qui ont connu des jours meilleurs, en sont aujourd’hui à
demander l’aide du gouvernement pour éviter une crise beaucoup plus grave et la
fermeture de centres de haute technologie les plus avancés du monde. Les
querelles entre dirigeants, l’absence de programmes économiques sérieux et le
vote aux élections sur la base du choix d’un dirigeant et non pas d’un
programme, seront le principal défi du nouveau gouvernement qui découlera des
élections. Les nouveaux dirigeants auront à maintenir une croissance positive.
Encore faudra-t-il avoir enfin un gouvernement stable qui s’intéresse à ses
entreprises et à sa population. La situation est grave car la haute technologie
est le poumon de l’économie israélienne.
L'industrie technologique israélienne est entrée dans sa troisième année de
turbulences. Premier COVID-19 en 2020, qui a atteint son apogée en 2021, et
maintenant le début d'une crise économique mondiale. Alors que le taux de
démission des employés avait tendance à baisser au cours de la première année
de la pandémie, 2021 a été plus mouvementée. L'augmentation la plus importante
concerne le recrutement de travailleurs dans les entreprises de croissance
israéliennes. L'incertitude actuelle dans l'industrie technologique est le
résultat des changements dans l'économie mondiale.
Sisense en Ukraine |
Sans surprise, la majorité des emplois dans l'industrie technologique
israélienne sont de nature technologique : 69% des employés de l'industrie
technologique israélienne occupent des postes technologiques, 13% dans le
développement commercial, 12% dans les opérations et 5% dans des postes de
direction. Parmi les postes techniques, un tiers sont dans des rôles de
programmation. Environ la moitié du personnel occupant des postes non
techniques est employée dans des fonctions de vente, d'exploitation et de
marketing. Le nombre de femmes dans le hightech reste faible.
La délocalisation et
l'impact de la guerre en Ukraine : la moitié des entreprises
technologiques israéliennes pratiquent la délocalisation, environ 20 % des
entreprises le font en Ukraine et, par conséquent, ont été touchées par la
guerre.
Cela ne m'etonne pas. Il y a d'autres facteurs que le Shekel. Un grand nombre d'entreprises se sont installees dans le merkaz pour creer des teams israeliens (Amazon, Google, Apple + start-ups bien sur...) et il n'y a juste pas assez de personnes high-techs pour toute cette demande => dans un premier temps, les employes ont pu jouer les prima donna, exiger de travailler a 2 blocs de chez eux, voiture ou taxi et augmentations. Leur cout brut est devenu plus important qu'en Europe (Amazon a engage des ingenieurs de 10 ans d'experience a ILS 60k/mois par exemple). Donc tout le monde a cherche a delocaliser les parties moins technologiques, et aller en Russie, Ukraine, Armenie, Bulgarie et autres. Et lorsque la conjoncture baisse, c'est en Israel qu'on peut le plus facilement eliminer les couts. Dont acte.
RépondreSupprimerEn effet, situation préoccupante nécessitant un recyclage des salariés licenciés. Mais la demande en compétences tech est forte et ils devraient pouvoir retrouver un emploi en Israël. Restons raisonnablement optimistes.
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