Sous les auspices voltairiens, «Gardez-moi de mes amis. Quant
à mes ennemis, je m’en charge», la première salve anti-bobards s’adressa au
registre politique. Les États-Unis d’Amérique, grands défenseurs de l’Occident,
de la démocratie et de ses valeurs, de l’économie ouverte et libre, premiers de
cordée de la grande solidarité internationale. Ces bons amis du monde libre.
C’est vrai, ils le sont. Mais il est vrai aussi, dans une variable de 1/10e
à 9/10e, rarement à 100%. Car la priorité, affichée (Trump) ou non
(Biden), reste «America First». Normal. Mais il faut le savoir.
Maintenir l’hégémonie du dollar, faire de l’Otan une arme de dissuasion massive
mais commode pour eux, préserver l’Europe alliée, mais alliée docile…la figure
du grand frère n’est pas tout-à-fait la vérité vraie.
Tout aussi vraie, la réalité du couple célébré, le couple
franco-allemand, moteur de l’Europe en construction. Mais on l’oublie, le
mariage n’est pas toujours un long fleuve tranquille. À preuve, et épreuve, les
derniers coups de canif dans le contrat. Le nouveau gouvernement allemand choisit
des avions américains plutôt que ceux promus par Paris. Il crée une alliance
dans le secteur énergétique, hors de concertation avec son bon partenaire. Tout
n’est pas faux. Le couple tient. Probablement parce qu’il le faut. Mais la
fable du grand amour peut être prise avec quelques pincettes.
Autres grands héros, et grands héraults également, du droit, de la
justice, de la paix entre les hommes. ONU, UNESCO. Des acronymes, a priori
dignes du respect universel. Là encore, avec plus ou moins d’efficacité, peut-être
moins que plus, ces deux honorables organismes internationaux interviennent dans
la vie des États et celle des populations. Mais il se trouve qu’un des petits États
bénéficie de leur plus constante attention. Israël. Condamné par des rafales
renouvelées de résolutions. Qui attestent par leur nombre impressionnant d’une
déviation tout aussi impressionnante de leurs beaux principes d’action.
Le mouvement engendrant le mouvement, une seconde salve visa cette
fois le registre institutionnel. Principalement deux territoires. Où,
visiblement, la bobarditude, comme osa la nommer Jonathan, avait généré des
racines profondes, dont témoignèrent des débats nourris. Le premier
affrontement porta sur l’Histoire. Que l’Histoire constitue la grande trame de la
connaissance s’imposa comme une évidence aux dix courageux participants. La
divergence se manifesta à partir de ce constat commun. Pour les uns, l’Histoire
constitue le déterminant majeur du temps présent. Fidélité et mémoire. Pour les autres, finalement plus nombreux, l’Histoire,
richesse certes, mais richesse aléatoire, est un faux-ami typique, qui vicie, asphyxie
le présent. Créativité, liberté. Pour les uns, identité française, grand Israël.
Pour les autres, diversité démographique, deux États.
Symbole du judaïsme |
La guerre éclata quand le second registre apparut. La religion. Guerre
des mots, des arguments, pacifique mais vigoureuse. L’informaticien, devenu en
l’occurrence monsieur 100.000 volts, prit d’entrée de jeu la position extrême. Total
respect du sentiment et de la pratique individuels, totale séparation de
l’institution religieuse des institutions et de la vie publiques. La religion peut
être vérité pour ceux qui le choisissent, elle se bobardise pour ceux qu’elle
prétend obliger. En l’absence dans l’audience d’extrémistes religieux qui
auraient certainement risqué la crise cardiaque, la contre-offensive provint de
deux pharmaciennes pratiquantes. Mesurées et fermes. La profondeur de
l’engagement religieux rend au contraire pur artifice la distinction vie
spirituelle et vie active. Le bobard n’est pas celui qu’on désigne. Il n’est
pas dans la toute croyance, il est dans sa limitation.
Le soleil devenait trop haut et la mer trop tentante pour que le
débat ne fasse, lui aussi, trop de vagues. Jonathan félicita monsieur 100.000
volts et ses compagnons, en soulignant que les bobards étaient très
certainement comme les promesses, qu’elles n’engageaient que ceux qui les
croyaient.
Les deux pharmaciennes, encore échauffées par leur engagement, soulignèrent ensemble, qu’en ces temps d’élections, il fallait juste prier pour les croyants, et espérer pour les autres, que les bobards anti-démocratiques ne convainquent pas une majorité de gogos satisfaits. L’informaticien jeta un Amen de solidarité.
Que serait le charme de la vie si les bobards nous épargnaient? Nous serions dans Le Meilleur des Monde de Aldous Hukley. Quel ennui ce serait d’être soumît une fois pour toutes à une entité quelconque, religieuse ou doctrinale!
RépondreSupprimerA chacun sa vérité, à chacun sa réalité, interchangeables selon les bobards qu’on nous instillent et que nous-mêmes nous proférons à autrui et même à soi-même et c’est bien ainsi…la vie n’étant pas un long fleuve tranquille.
Tout bouge et tout change, nos opinions d’hier deviennent souvent obsolètes, nos idées d’aujourd’hui s’éteindront peut-être demain car rien n’est figé dans le marbre.
Finalement,Souchon, toujours un peu nostalgique, n’a pas tort:
« On avance, on avance, on avance.
Tu vois pas tout ce qu'on dépense. On avance.
Faut pas qu'on réfléchisse ni qu'on pense.
Il faut qu'on avance. »
Ah, Souchon !! Il ne reste plus à Jonathan que s'incliner
RépondreSupprimer