RÉUSSITE ÉCONOMIQUE DES
ARABES ISRAÉLIENS
Par Jacques BENILLOUCHE
Dr Sobhi Basheer |
ETH Zurich |
Dr Sobhi Basheer est né à
Sakhnin, un village arabe israélien de Galilée, situé entre Tibériade et Akko.
Il est sorti major de sa promotion en chimie à l’Université Hébraïque de
Jérusalem mais, malgré son diplôme et son rang, il n’est pas arrivé à être
embauché dans l’industrie chimique en Israël, un secteur stratégique aux
exigences sécuritaires importantes. Il n’était pas aigri mais il avait voulu forcer
le destin en collectionnant les diplômes qui le rendraient indispensable. Il est
parti effectuer un doctorat à l’ETH de Zurich, où a également étudié Albert
Einstein. En 1992, il reçoit la récompense du meilleur doctorant Européen, pour
ses quatre années de recherche sur la dégradation du cyanure par les enzymes. Le
fruit de son travail est aujourd’hui utilisé par Novozyme, le plus grand fabricant
d’enzymes au monde. Il a ensuite décidé de partir à Tsukuba, «la ville de la
Science du Japon» où il obtint un financement pour l’étude des enzymes
utilisées dans les huiles.
Mais l’appel du pays natal est plus
fort. Il rentre en Israël où on lui fait la faveur d’un poste de recherche non rémunéré au Technion, pendant quatre
ans, pour étudier ses précieuses enzymes avec ses propres économies. Il s’est
donc trouvé contraint de créer une structure économique personnelle en
profitant cependant de l’aide financière du gouvernement israélien et de
l’Union Européenne. Il a commencé dans son propre petit centre de recherche
dans une caravane près de Tibériade, la Galilée Society. En 2001, avec quatre
autres chercheurs arabes israéliens, il s’installa dans la zone de Shefar’arm pour
fonder Zeituna, une start-up qui produit de la margarine à partir d’huile
d’olive, abondante dans la région.
Les
affaires marchent mais il poursuit son véritable but en construisant un
deuxième étage pour ses bureaux et son laboratoire, et en créant Enzymotec, une
start-up spécialisée dans les enzymes dédiées aux industries pharmaceutiques,
alimentaires et cosmétiques. En 2006, plus de 180 personnes travaillent pour son
entreprise qui concurrence ouvertement le géant mondial Unilever. Son objectif
n’étant pas de «faire de l’argent» mais de faire de la recherche, il
décida de vendre sa société pour
financer un nouveau projet, TranBioDiesel pour libérer le monde de la
dépendance au pétrole arabe.
En utilisant uniquement des enzymes
(non toxiques pour l’homme), il a réussi à produire du biodiesel à partir d’huiles
végétales, mais également à partir d’huiles de très mauvaises qualités et non
comestibles, comme les huiles usées de cuisine par exemple. Les enzymes du Dr
Basheer sont «révolutionnaires» car elles sont modifiées et peuvent
produire du biodiesel pendant un an sans être remplacées, tout en transformant
des huiles de mauvaises qualités, ce qui rend évidemment le procédé industriel
beaucoup plus rentable. Sept unités pilotes utilisant ces enzymes ont été mises
en place aux Etats-Unis, en Corée, en Italie, en Thaïlande, en Grèce, aux
Pays-Bas et bien évidemment en Israël. Des industriels viennent de signer de
gros contrats avec TransBioDiesel pour démarrer des unités de
plus grosses capacités.
Enzymocore |
Il est co-président de Enzymocore
Ltd, qu’il a fondé en 2007, aujourd'hui une société cotée au Nasdaq. La demande
du marché pour des biocatalyseurs plus écologiques et moins chers a obligé
EnzymoCore à répondre à une forte demande de l'industrie du biodiesel. Ce
concept s'est transformé en un nouveau modèle commercial de coentreprise, qui
se reflète désormais dans la devise de base de l'entreprise, la valorisation
des déchets.
Nafea Bshara |
Le deuxième exemple de réussite se
trouve en la personne de Nafea Bshara, arabe israélien qui est derrière
la puce Graviton d’Aws. Bshara est né à Haïfa lorsque ses
parents vivaient dans les dortoirs étudiants du Technion, Institut israélien de
technologie, où son père étudiait pour un doctorat en génie électrique. Ensuite,
la famille a déménagé à Ma'alot Tarshiha en Haute Galilée, où il a grandi. Il a
été rapidement identifié comme un élève doué et s'est retrouvé dans le
programme scientifique d'enrichissement pour les jeunes de l'Institut Weizmann.
Lorsqu'il avait terminé ses études secondaires, il avait envisagé d'étudier le
génie électrique ou l'informatique à l'université, mais hésitait en raison de
l'expérience traumatisante de son père qui n'avait pas trouvé de travail en
tant que diplômé universitaire, car la plupart des emplois pertinents à
l'époque étaient dans les industries de la défense, fermés à son père en tant
qu'Arabe.
Il a été accepté au programme
d'excellence Rothschild du Technion où il a rencontré pour la première fois
Bilic Hrvoje, un immigrant juif de Bosnie déchirée par la guerre, né en 1971 en
Yougoslavie où son père était PDG de Yougoslavie Telecom, la plus grande
entreprise de télécommunications du pays. Il avait fui pendant la guerre après
l'éclatement de la Yougoslavie et était arrivé en Israël sans un sou en poche,
laissant derrière lui ses parents.
Bshara et Hrvoje |
En 2011, Bshara et Hrvoje avaient décidé
de fonder Annapurna Labs, avec l’aide du gourou technologique israélien Avigdor
Willenz, l'un des cofondateurs de Galileo, qui leur avait fourni un financement
initial de 20 millions de dollars et avait amené plusieurs anciens dirigeants
de Galileo comme Ronen Boneh et Manuel Alba à les rejoindre. Hrvoje était
devenu PDG d’Annapurna. Le succès a été tel qu’Amazon, via (AWS) Amazon Web
Services, a acquis Annapurna pour 350 millions de dollars.
L'équipe d'Amazon Annapurna Labs,
avec ses centres de développement aux États-Unis et en Israël basés à Yokneam, couvre plusieurs disciplines, notamment
l'ingénierie du silicium, la conception et la vérification du matériel, les
logiciels et les opérations. Le créateur d’Annapurna vendu à AWS, Nafea
Bshara, est aujourd’hui vice-président d'AWS et l'un des principaux esprits
derrière le développement de sa dernière série de puces. Bshara avait rejoint
Galileo, qui a été vendu en 2000 à Marvell Technology pour 2,7 milliards de
dollars, et a été nommé vice-président de cette société.
Avigdor Willenz |
La puce Graviton, développée par
Bshara et ses collègues, rapporte à Amazon 5 milliards de dollars par an. Elle
a été développée à Haïfa et depuis 2018, trois versions ont été publiées et la
puce rivalise avec Intel et le géant taïwanais TSMC. La réussite de l’Arabe
israélien Bshara est totale et sert d’exemple à ceux qui veulent prouver que
leur intégration est réussie en Israël.
Ont-ils fait preuve de reconnaissance vis-à-vis d'Israël ?
RépondreSupprimer@Yaacov
RépondreSupprimerCitez-moi concrètement la reconnaissance des entreprises juives vis-à-vis d'Israël.
“ médecins ou pharmaciens grâce à une discrimination positive,”
RépondreSupprimerPourquoi “discrimination positive,” ?
Sources?
@ JY SION
RépondreSupprimerLa discrimination positive est une loi israélienne qui impose dans les concours de médecine et de pharmacie de réserver 20% des places aux étudiants arabes.
Je confirme l'allégation concernant la discrimination positive.
RépondreSupprimerLe besoin ou la nécesssité politique de cette discrimination va officiellement jusqu'à réduire aux candidats arabes le nombre de points aux examens psychométriques d'entrée dans les Universités israéliennes. La différence est au minimum de 100 points ce qui est ...apréciable.
En corollaire : la discrimination se fait au détriment des étudiants juifs qui de surplus commencent leurs études aprés avoir donné 3 ans de leur vie à l'armée.
Ce qui n'empeche pas en "preuve de reconnaissance" de voir conspués et expulsés de leur classe des jeunes revetus de l'uniforme de Tsahal par nombre de ceux qui ont bénéficié de cette mesure.
Par curiosité promenez-vous au café adjacent de l'Université Har ha Tsofim de Jérusalem pour vérifier de visu le résultat positif de cette discrimination. Vous ferez l'économie d'un voyage dans un pays exotique qu'affectionne en ce moment particuliérement Mr Macron...