A Damas des étudiants syriens manifestent en soutien de la Russie |
Faux profil utilisé par les outils de désinformation russes |
Voici le genre de message qu’une milice irakienne pro iranienne
a mis en ligne : «Chaque victoire russe nous donne de l'espoir», «La
Russie est l'épée de la vengeance qui rend justice à tous ceux qui ont souffert
des maîtres autoproclamés du monde. Une grande partie du globe attend la
victoire inconditionnelle de la Russie», ont proclamé des Irakiens sur
Sabereen, une chaîne Telegram axée sur l'actualité irakienne et politique qui
compte un quart de million de followers.
Les dangers de la
désinformation. Les médias occidentaux se concentrent très justement sur la
désinformation dirigée vers le monde occidental. La propagande russe en langue
arabe est peut-être plus dangereuse encore, car elle s’appuie sur l’existence
d’un double ressentiment anti-américain et anti-occidental, particulièrement
parmi la population chiite. Elle s’applique à déformer les perceptions du
public sur la guerre de la Russie en Ukraine. En lien avec la mentalité des
habitants, les analystes suggèrent que l’autoritarisme de Poutine le rend
particulièrement populaire dans certains pays arabes.
En Syrie, les partisans du régime de Bachar El-Assad croient
tous que les États-Unis tirent des roquettes sur la Russie qui ne fait que se
défendre. Les exemples de propagande russe en arabe sont nombreux, disent les
chercheurs. Par exemple, il existe de nombreux faux rapports sur le président
ukrainien Zelensky fuyant son pays, sur la manière dont la Russie protège les
civils dans la zone de guerre et sur les raisons pour lesquelles les États-Unis
et l'UE sont seuls responsables de la crise mondiale du blé. Le narratif
réécrit par Moscou souligne toujours que la Russie n'est «pas responsable». C’est le slogan permanent
de la désinformation.
Certains des messages proviennent de médias russes financés par
l'État diffusant en arabe, comme RT (Russia Today). RT a été enregistrée comme «agent
étranger» par les États-Unis en 2017. En mars de cette année, l’UE en a
suspendu la diffusion en raison de «la manipulation et la désinformation
systématique de l’information» qui menacent la stabilité de l'UE. Mais
RT Arabic lancée en 2007 n’a pas été interdite et compte parmi les cinq chaines
arabes les plus populaires du Moyen Orient. RT semble beaucoup plus attractive
que l’offre occidentale en Arabe et depuis l'invasion de l'Ukraine, est devenu encore
plus populaire. De
plus, au cours des trois derniers mois, RT Arabic a encore progressé, déclare
Moustafa Ayad, directeur de la section Afrique, Moyen-Orient et Asie de
l'Institut pour le dialogue stratégique, ou ISD, une organisation à but non
lucratif basée à Londres qui surveille l'extrémisme en ligne.
Diffusé par RT pour souligner la différence de traitement entre réfugiés ukrainiens et réfugiés arabes. |
RT Arabic est souvent reprise par d'autres agences d'État comme l'agence syrienne SANA et la CGTN Arabic de Chine. Mais les pages Facebook et autres organisations en ligne qui ne le sont pas, sont bien plus importantes que les médias clairement affiliés à la Russie. Il est important de regarder au-delà des agences affiliées à l'État pour voir l'impact des médias exclusivement Facebook qui partagent, réorientent et renomment le contenu de RT et de Sputnik. Ce sont des entités qui n'existent que sur les réseaux sociaux et ne sont généralement pas des agences de presse accréditées, mais jouent un rôle dans la diffusion de contenu pro-russe.
L'ISD a également découvert des comptes avec des centaines
de milliers d'abonnés qui sont dirigés par ce qu'ils appellent des «Kremlinistas
attrayants», des femmes russes qui publient des histoires pro-russes en
arabe. Les comptes et les images sont faux mais, comme l'écrit l'ISD, «le
public masculin du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord en redemande». La
plupart des comptes mis en évidence ont depuis été suspendus. Ces types de
diffuseurs qui s'étendent sur toutes les réseaux sociaux sont regardés deux
fois plus que n'importe quel média officiel, souligne Mustafa Ayad.
Les raisons qui attirent
le public moyen-oriental.
Les citoyens des pays aux gouvernements autoritaires ne font
souvent pas confiance à leurs propres médias et s'appuient davantage sur les
informations partagées par les réseaux sociaux. Des
chercheurs suggèrent que les médias russes et leurs affiliés sont beaucoup
plus actifs sur les réseaux sociaux que les médias occidentaux de langue
arabe. Par exemple, RT Arabic publie deux ou trois fois plus qu'Al Jazeera
ou la BBC, constatent-ils.
Un ressentiment ancien
contre l’Occident. Dans
un rapport pour le Centre européen d'études de sécurité George C. Marshall, les
analystes ont résumé les 10 principales façons dont la Russie a tenté
d'influencer les messages internationaux autour de sa politique étrangère. Des
travaux récents de l'ISD indiquent que certaines des tactiques les plus
couramment utilisées sont désormais appliquées à la guerre en Ukraine. Par
exemple, un thème qui séduit les Moyen-Orientaux : la Russie s'oppose «à
l'intervention extérieure dans les affaires souveraines d'un pays», comme
le relève le rapport du Marshall Center. On croit rêver !
Les Irakiens, dont le pays a été envahi par les États-Unis en
2003, peuvent comprendre. La chaîne Telegram, Sabereen, est dirigée par
des milices alliées à l'Iran. Un autre thème est que la Russie préfère un monde
multipolaire à un monde dominé par les intérêts occidentaux. Cela résonne
auprès des États, comme l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, dont les
dirigeants ont de fortes tendances nationalistes et qui aspirent à plus
d'influence au niveau régional et mondial ou comme le mentionne un compte
Twitter pro-russe, «tout le monde ne veut pas recevoir les ordres de l'Oncle
Sam».
Les récits russes sont conçus pour déformer la réalité, mais,
explique Dmitry Gorenburg, chercheur au Centre Marshall, «Les récits
comportent tous un élément de vérité qui constitue le fil conducteur de ces
récits. Ils utilisent l’hypocrisie et l'implication de l'Occident dans le
colonialisme régional, ainsi que les conflits régionaux, comme un moyen de
mettre en évidence - ce que la Russie considère comme la nature perfide et
fourbe du soutien occidental à l'Ukraine».
«Il s'agit en fait de protestation», a déclaré Yasser
Abdel Aziz, un analyste des médias basé au Caire. «Il y a de larges
secteurs du public arabe qui pensent que les médias occidentaux sont biaisés et
que l'Occident, en général, est biaisé contre les Arabes et l'islam. Il y a
beaucoup d'amertume», a-t-il conclu, et la Russie exploite cela avec ruse. Sur
le plan de l’information voire de la lutte contre la désinformation, la marge
de progression d’Israël reste considérable. Il est peut-être temps de mettre
les moyens adéquats.
C'est un bon article pour les gens éveillés, pour les autres qui aiment se faire manipuler par les médias Russes, c'est un grave danger pour la stabilité de notre planète, restons optimistes, les Américains qui possèdent les plus grandes réserves d'or au monde y pourvoiront tôt ou tard...patience..
RépondreSupprimer2 nids Sabrié Stiller Goldenberg/Maury