La plateforme Energean à Karish |
Les négociations sur la frontière maritime entre Israël et le Liban
démontrent - si besoin est - que le Liban est sous le contrôle du Hezbollah,
mouvement islamiste chiite fondé par l’Iran et disposant d’une armée qui lui
permet de prendre le pays en otage.
Annonce du raccordement de Karish au réseau
La ministre de l'Energie Karine Elharrar |
Le vendredi 16 septembre, la ministre de l’Énergie Karine Elharrar informe se
préparer au raccordement du réservoir de Karish au système israélien. Les tests du système de livraison comprennent l’acheminement de gaz
naturel du rivage vers la plateforme de forage sans extraction de gaz. Le
forage proprement dit est censé commencer en octobre.
Nasrallah : Nos yeux et missiles sont braqués sur Karish
Cérémonie à Baalbeck |
Cette déclaration a entrainé une violente réaction du
Hezbollah. Lors d’une cérémonie organisée samedi matin à Baalbeck, pour la
commémoration du quarantième du martyre de l’imam Hussein, en 680. Nasrallah a
abordé le dossier de la délimitation des frontières maritimes avec Israël ;
il a notamment souligné que le Hezbollah suit de près les négociations
indirectes menées à ce propos. Il déclare que c’est l’État libanais qui a la
charge de la question, mais se dément immédiatement après en proclamant : «Nos
yeux et nos missiles sont braqués sur Karish».
Le Hezbollah a aussi publié une vidéo qui révèle les
coordonnées de l’emplacement de la plateforme gazière de Karish, assortie de
menaces contre Israël. Un haut responsable du Hezbollah y
annonce l’utilisation d’une «arme stratégique» - sans en préciser la
nature - pour bombarder Karish.
Instantané de la vidéo diffusée par le Hezbollah |
Le parti de Dieu est prêt à utiliser son arsenal militaire pour empêcher Israël d'extraire du pétrole et du gaz de la Méditerranée. Il avait menacé à plusieurs reprises de se livrer à des attaques si le travail d’extraction devait aller de l’avant. Son chef a explicitement menacé d’une guerre si Israël commençait l’extraction du gaz du champ de Karish, sans accord préalable sur le tracé de la frontière maritime entre les deux pays. Dans un discours prononcé le 13 juillet 2022 le leader chiite avait assuré que son parti disposait des capacités militaires terrestres, aériennes et maritimes nécessaires pour empêcher Israël d’exploiter ses ressources en hydrocarbure.
«Tous les champs (pétrolifères et gaziers), tous les puits de pétrole, toutes les plateformes maritimes, nous en connaissons les noms, l’activité, l’état opérationnel ou non, ceux qui sont encore en phase de prospection… Tous ces détails sont en notre possession. Si vous voulez continuer à étouffer le Liban, je ne parle plus seulement de l’équation de Karish : la question est beaucoup plus vaste pour nous. Si vous voulez continuer à imposer l’équation selon laquelle il est interdit au Liban de se sauver en exploitant ses ressources naturelles en gaz et en pétrole, personne ne pourra extraire de gaz ou de pétrole, et personne ne pourra vendre de gaz ou de pétrole. D’accord ? Vous avez compris ou je dois me répéter, comme on dit ? Et ce quelles que soient les conséquences. S’il n’y avait pas la guerre entre la Russie et l’Ukraine, il n’y aurait pas ce besoin (urgent) de l’Europe et des Etats-Unis pour le gaz et le pétrole. Je ne veux pas dire qu’ils vont importer le gaz et le pétrole du Liban, car pour installer des plateformes maritimes, extraire les hydrocarbures et les vendre, il faut des années. Mais la force du Liban est qu’il peut constituer un problème, un obstacle face à l’ennemi israélien, à l’entité israélienne, et créer un problème dans toute la région qui empêchera l’extraction du gaz et du pétrole (par Israël), et empêchera la vente du gaz et du pétrole à l’Europe».
Autres menaces
Hassan Nasrallah a averti que toutes les «cibles» terrestres et
maritimes israéliennes sont à la portée de ses missiles. Dans un article paru
dans le quotidien libanais pro-Hezbollah Al-Akhbar, le rédacteur en chef
du quotidien, Ibrahim Al-Amin, présente les déclarations d'un «haut
commandant du jihad» du Hezbollah. Al-Amin décrit ce commandant comme un
membre de la génération fondatrice de l'organisation qui a travaillé avec tous
les dirigeants du Hezbollah depuis sa création et est une figure clé dans la
réalisation d'évaluations et la préparation de la prochaine guerre avec Israël.
Dans l'article, le commandant fait de nombreuses menaces concernant le sort
d'Israël dans la prochaine guerre avec le Hezbollah, déclarant que cette guerre
sera dévastatrice pour Israël, puisque le Hezbollah détruira ses
infrastructures et transformera la vie des Israéliens en un enfer intolérable.
Dans cette guerre, dit-il, «les Israéliens retireront des corps dessous les
ruines. De plus, ils ne pourront pas défendre leurs eaux territoriales,
leur frontière terrestre, leurs installations vitales ou même leur front
intérieur, et pour la première fois de son histoire, Israël se trouvera sur la
défensive ». [1]
Hossein Salami |
Le Hezbollah peut mener une bataille terrestre et
triompher, déclare aussi le chef des gardiens de la révolution Hossein Salami. «Le
parti chiite peut cibler tous les points de l'entité sioniste», affirme
Hossein Salami. «Le Hezbollah est à même de gérer entièrement une bataille
terrestre et de remporter la victoire» et affirmé que le parti chiite «peut
cibler tous les points de l'entité sioniste. Il est aujourd'hui capable de
gérer entièrement une bataille terrestre et de remporter la victoire ».
[2]
Israël répond qu’il est prêt à tout
scenario
Le conseiller israélien à la
sécurité nationale Eyal Hulata a répondu que l'Etat hébreu «actionnerait
Karish» au moment souhaité et continuerait à agir selon «ses intérêts
énergétiques. Nous ne nous laisserons pas dissuader par les menaces de Nasrallah».
Cette affirmation est illustrée dans cet article par une corvette Saar et le
Dome de fer.
Une corvette Saar Class 5 israélienne monte la garde autour de la plateforme installée par Energean dans le champ gazier de Karish. |
Un système anti-missile maritime du Dôme de fer sur un navire de guerre, monte la garde près de la plateforme d’Energean dans le champ gazier de Karish. |
Le chef d’État-major de l’armée israélienne, Aviv Kochavi, met en garde
le gouvernement libanais et le Hezbollah, affirmant qu’ils «subiront les
conséquences de toute atteinte à la souveraineté d’Israël, à ses intérêts et à
sa population». Le Premier ministre israélien Yaïr Lapid
et le ministre de la Défense Benny Gantz préviennent que toute action militaire
du Hezbollah déclencherait une guerre.
Le chef d’État-major de l’armée israélienne, Aviv Kochavi |
Pourquoi toutes ces menaces ?
Nasrallah
est un personnage théâtral, qui a le sens de la mise en scène. Spécialiste de
la douche écossaise dans ses déclarations, il souffle sans vergogne le chaud
puis le froid, puis à nouveau le chaud et s’est rendu célèbre par sa
rhétorique. Sur le fond, Il est difficile d'analyser ses
opinions et de connaitre ses intentions réelles. Pour Shimon Shapira, chercheur
au Centre des affaires publiques de Jérusalem, Nasrallah cherche à faire monter
les enchères à chaque fois, afin d’obtenir la une des journaux. On peut rapprocher
le dossier de la délimitation de la frontière maritime entre Israël et le Liban
de celui du nucléaire iranien. Nasrallah roule pour Téhéran qui répond à la
demande russe empêcher l'extraction du gaz et son exportation vers l'Europe,
L’ancien secrétaire d’État adjoint américain pour le Moyen-Orient David
Schenker affirme que le dossier relatif à la délimitation de la frontière
maritime n’est pas entre les mains de l’État libanais, mais du Hezbollah. «J’ignore
quelle est la relation entre l’accord nucléaire et le dossier de la
délimitation des frontières», a-t-il déclaré dans une interview accordée à
la chaîne télévisée MTV, «Je pense qu’en définitive, c’est le Hezbollah qui
décidera si cet accord lui convient, ou pas. C’est cette organisation illégale
qui décidera pour le pays».
Les ministres Hector Hajjar (à gauche) et Walid Fayad (à droite) lançant des pierres vers Israël |
Walid Fayad est l’interlocuteur d’Amos Hochstein pour le dossier sur la frontière maritime ! Le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau, Walid Fayad, et son collègue des Affaires sociales, Hector Hajjar, ont jeté des pierres, en direction d'Israël dans le cadre d'une visite de long de la frontière sud du Liban, dans les environs du village de Adaisseh le 30 aout 2022. Ces images des ministres de l'Energie et des Affaires sociales font le tour des réseaux sociaux, suscitant souvent des commentaires ironiques.
Ainsi pour le journaliste libanais
«Le geste farfelu des ministres libanais de lancer des pierres vers Israël reflète la tragédie du Liban, qui est contrôlé par le Hezbollah et l'Iran. Lors d'une tournée effectuée le 30 août 2022 par plusieurs ministres libanais le long de la frontière libano-israélienne, deux d'entre eux, le ministre de l'Énergie Walid Fayad et le ministre des Affaires sociales Hector Hajjar, ont lancé des pierres vers le territoire israélien en signe d'hostilité à son égard et de soutien au Hezbollah. Les deux ministres, tous deux chrétiens, appartiennent au Courant patriotique libre, fondé par le président libanais Michel Aoun, partisan notoire du Hezbollah, et actuellement dirigé par son gendre, Gebran Bassil. Des images de l'incident, qui ont été diffusées sur les réseaux sociaux, ont suscité le ridicule des citoyens libanais, qui se sont demandé si les ministres pensaient que c'était un moyen d'effrayer Israël ou de libérer la Palestine, et les ont appelés à résoudre les problèmes urgents du Liban, tels que la crise énergétique, au lieu de lancer des pierres. Parmi ceux qui ont répondu dans ce sens, le journaliste libanais Khairallah Khairallah, chroniqueur au quotidien londonien Al-Arab. Critiquant vivement l'action des ministres, il a déclaré qu'ils devraient s'attaquer aux graves troubles et crises qui affligent le Liban au lieu de faire des gestes "insensés" et "idiots". Il a ajouté que ce geste des deux membres du Courant patriotique libre d'Aoun visait à plaire au Hezbollah et à lui signaler leur loyauté et leur volonté de le servir. L'incident, a-t-il conclu, reflète la profondeur de la tragédie du Liban en tant que pays désormais entièrement contrôlé par le Hezbollah et l'Iran ». [3]
Le tweet de Michel
Aoun
Dans un tweet du 19 septembre, le président libanais,
Michel Aoun, a affirmé avec un humour involontaire que les pourparlers
indirects avec Israël pour mettre fin au différend frontalier maritime en étaient
à leur «phase finale».
[1] Al-Akhbar 26 août 2022
[2] OLJ / le
20 août 2022
[3] MEMRI
Dépêche spéciale n° 10199 12 septembre 2022
Traduction Google du commentaire en langue arabe
RépondreSupprimerC'est la deuxième fois que le journaliste Albert Naccache soulève un problème politique qui semble s'être aggravé et risque de prendre une tournure dangereuse. Ce problème politique risque de se transformer en un conflit majeur ou une guerre entre le Liban et Israël. "Il semble que le conflit entre les deux partis va s'aggraver. Nous faisons face à de sérieuses menaces, notamment du côté libanais, avec le Hezbollah..et il semble qu’il conduit une grande foule dans les régions déchirées et un Liban fragmenté, et cela appelle à la confusion et à la question : Est-ce que les chefs des partis et le président libanais pensent au peuple libanais ?... la situation dans laquelle se trouve le Liban aujourd'hui est-elle propice à entrer en guerre avec la partie israélienne ? "alors quel est le sens de jeter des pierres ?" une image honteuse qui n'est pas digne des adultes. Nous avons laissé les pierres en Palestine pour les retrouver chez les libanais. Comme pour le ministre et ses compagnons chrétiens qui semblent travailler pour l'intérêt particulier, ils ne se soucient pas de l'intérêt général du Liban qui connaît la fragmentation et la rupture. La politique n'est plus un travail pour l'intérêt des pays, elle est devenue des intérêts au profit des plus puissants.. L'histoire seule écrira cela dans les jours à venir.. On ne sait pas comment les événements et les situations vont évoluer..