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samedi 17 septembre 2022

Dévotion et inconscience chez les orthodoxes de Breslev


DÉVOTION ET INCONSCIENCE CHEZ LES ORTHODOXES DE BRESLEV

Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright © Temps et Contretemps

Tombe de Nahman de Breslev

          Nahman de Breslev, également appelé Moharan, est un rabbin des XVIIIᵉ et XIXᵉ siècles, fondateur de la dynastie hassidique de Bratslav. Il avait donné un nouveau souffle au hassidisme en combinant les enseignements ésotériques du judaïsme avec une étude approfondie de la Torah. Il s’était installé à Bratslav, en Ukraine, en 1802. Il décède à 38 ans, en 1810, emporté par la tuberculose au quatrième jour de Succoth, et est enterré dans le cimetière d'Ouman.




Devant témoins, il avait promis que toute personne qui se rendrait après sa mort sur sa tombe, qui donnerait une pièce de tsedaka et qui réciterait dix des psaumes qu’il avait rassemblés (Tikoun Haklali), serait épargnée des feux de l’enfer. C’est pourquoi, depuis cette époque, des avions sont affrétés à travers le monde, en Israël en particulier, pour plus de 30.000 visiteurs chaque année, à Rosh Hashana, en pèlerinage sur la tombe du rabbin Nachman de Breslev. Il avait attiré de nombreux disciples de son vivant et après sa mort, ils sont encore plus nombreux.



Le pèlerinage sur la tombe de Nahman de Breslev est un rendez-vous incontournable pour des milliers de Juifs à travers le monde, avant les fêtes du nouvel an juif. Mais feu le Rav Ovadia Yossef n’était pas content de cette dévotion poussée au paroxysme : «Il y a ici des sépultures de grands tsadikim de notre peuple, de saints tannaïm dont le plus modeste parvenait à ressusciter les morts. Voilà que l’on laisse ces justes et que l’on s’en va à Ouman. Ces hassidim font ce qu’ils font. Mais vous, sachez que chaque bon Juif, réfléchi et sensé, doit le soir de Rosh Hachana, se consacrer à sa famille. Tous mangent, boivent et se réjouissent ensemble. Ça, c’est la fête. Pour la fête, on doit se réjouir. Pendant une fête, que doit-on faire : se rendre sur un tombeau ou se réjouir ? Il faut être joyeux, pas en deuil ni se répandre en supplications ou autres choses» .

Mais cette dévotion sans limite, ne peut pas permettre l’inconscience. Les disciples Braslav ont décidé de maintenir leur pèlerinage dans une Ukraine en guerre.  Bien sûr c’est leur droit, mais on peut se poser des questions sur les risques qu’ils prennent en allant se recueillir sur cette tombe, à 200kms au sud de Kiev. L’intoxication mentale est telle qu’aucun argument ne les arrêtera. Pourtant il y a eu une période où le pèlerinage a été fortement réprimé à l'époque de l'Union soviétique. Après l’effondrement de l’URSS, les visites ont repris dès l’année 1991.

La ville d'Ouman, passage privilégié pour quitter l'Est de l'Ukraine 

Le Premier ministre Yaïr Lapid a exhorté les citoyens à éviter le voyage en Ukraine, en raison du «danger mortel» qu’ils courent mais rien n’y fera même si Ouman a été gravement touché par des missiles russes au cours des premières semaines de la guerre, et le mois dernier, un civil a été tué par un missile russe dans le district. Ils sont convaincus qu’ils sont protégés par l’esprit de Nahman de Breslev. En cette période de guerre, les fidèles ignorent que la ville d'Ouman, située au cœur de l'Ukraine, est un point de transit pour les réfugiés, et assure les ravitaillements. Donc une ville très sensible et surtout une cible pour les Russes.


Ouman point de passage obligé

La liberté des citoyens est totale et nul ne peut s’opposer à leur voyage. Les vols directs sur Kiev ont été annulés depuis le début de l’invasion mais malgré cela, les adeptes trouvent des moyens de s’y rendre en passant par la Pologne, la Moldavie ou la Roumanie. Tous les vols vers les pays frontaliers sont complets. Les fidèles Braslav sont des croyants inconditionnels, donc ils n’ont peur de rien, s’estimant protégé par le Ciel. Alors que plus de 50.000 fidèles voyageaient tous les ans, ils seront entre 5.000 à 10.000 à s’y rendre cette année. Ils pensent qu’avec leurs prières, ils pourraient apporter la paix dans la région sachant que la doctrine Breslev repose essentiellement sur le service de Dieu dans la joie et la danse.

Maria Zakharova


En cette période de tension intense dans la région en feu, les Ukrainiens pourrait saisir l'occasion de créer une provocation antirusse. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a écarté la crainte des autorités ukrainiennes que Moscou puisse tirer des missiles sur la ville d'Ouman pendant les fêtes du Nouvel An juif (Rosh Hashana). Le conseiller principal du président Zelensky, Mikhail Podoliak, avait affirmé à la télévision israélienne Kan que «la Russie pourrait lancer des missiles pour provoquer des chocs mondiaux». La Russie, connaissant actuellement de sérieuses difficultés militaires, pourrait profiter de l’occasion pour envenimer non seulement la région mais le monde entier car quand on touche à des Juifs, pieux à fortiori, c’est toujours un casus belli. Les fidèles de Braslav prennent donc des risques inconsidérés en bravant les conseils du gouvernement israélien et en mettant leur vie en danger. Il est difficile de raisonner des gens intoxiqués.

5 commentaires:

  1. On aurait envie de rire ou de pleurer à la lecture de votre article mettant l'accent sur la stupidité humaine modelant les cerveaux formatés.
    Molière réactualisé aurait écrit :"ah pour être dévot je n'en suis pas moins bête".
    Si la religion est l'opium du peuple leur délirium n'est pas trés mince.
    Quant à imaginer un casus belli si le hasard statistique d'un obus mal dirigé les placait à coté du "tombeau là", permettez moi d'en douter.
    Leurs cas se résoudraient vraisemblablement en pertes sans profits moyennant versement de larmes de crocodiles.
    Certains se plairaient comme pour monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir à rappeller la sentence "Vous chantiez? et bien dansez maintenant"!

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  2. Véronique ALLOUCHE16 septembre 2022 à 14:34


    
    
    
    Dévotions, superstitions, incantations.
    Ils iront dans un pays en guerre d’où ils ne reviendront peut-être pas, laissant derrière eux veuves et orphelins.
    La bêtise est commune à toutes les religions.
    Pas une pour relever l’autre.

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  3. Ingrid Israël-Anderhuber16 septembre 2022 à 15:09

    Exemple de recette juive de ce fameux commerce catholique des indulgences que Francis Moritz a mentionné dans son dernier article intitulé «Controverse sur la conversion des Allemands au Judaïsme» ? Et ici pour éviter l’enfer ?!
    Tradition, superstition, supercherie…
    Qui s'étonne encore que le monde aille droit dans le mur ?!

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  4. Il n'y a jamais eu une seule annee ou les disciples Na-Nah ne soient pas arrives a Ouman, y compris pendant l'ere sovieitique et meme durant la Shoah. Rien ne peut les arreter. D'ailleurs la plupart de ces hassidim sont des "Baale Techouva", des repentants, et parmi eux de tres nombreux anciens membres des troupes d'elite de Tsahal.
    Deja Maimonide (Rambam) avait prescrit de ne pas pas peleriner sur des tombes de rabbins ou autres sages, declarant que ceci etait un peche d'idolatrie ("Avoda Zara). Mais comme on pelerine sur sa tombe a Tiberiade et sur sa tombe au Caire (eh oui, il a 2 tombes), alors on continuera ces devotions insensees.

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  5. S’il ne s’agissait que d’inconscience et de dévotion…il s’agit malheureusement de déviation, de déviance, quand ce n’est pas délinquance organisée. La secte des chouvou banim qui suivent aveuglément le délinquant Berland sont pour la grande partie d’entre eux une plaie et un poids pour la société. Quelle image du peuple juif donne cette glèbe ! Quelle inconscience de la part de bagatz d’avoir autorisé ce triste berger de Berland à quitter sa prison et à s’y rendre pour Rosh Hachanah,,

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