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samedi 13 août 2022

L'origine des missiles et roquettes de Gaza

 

L’ORIGINE DES MISSILES ET ROQUETTES DE GAZA


Par Jacques BENILLOUCHE

Copyright ©  Temps et Contretemps


          Il est légitime de se demander comment, malgré un blocus strict des frontières maritimes et terrestres, le Hamas et le Djihad islamique renouvellent régulièrement leur arsenal militaire. Ils disposent en effet de nombreux petits ateliers de fabrication de roquettes. La plupart des matières premières utilisées pour leur fabrication proviennent des industries civiles de Gaza, d'autres matériaux sont importés ou volés à l'intérieur d'Israël ou parviennent d'Égypte par le Sinaï, via les tunnels de contrebande. Mais si les roquettes sont en nombre, elles n’ont pas encore acquis la technique de précision d’un missile. C’est pourquoi a régné un certain désordre au cours de ces trois jours d’escalade donnant l’impression que le Djihad tenait absolument à envoyer ses roquettes même si elles n'atteignaient pas leurs objectifs. 




Il semble que l’arsenal du Hamas soit plus diversifié et d’une technologie plus évoluée. Lors du précédent conflit, le Hamas avait lancé des roquettes en profondeur atteignant Haïfa à 160kms de Gaza. Même si, à chaque opération, Tsahal détruit des sites de fabrication et des hangars de stockage, ils sont immédiatement reconstruits dans l’année qui suit.

Les services de renseignements israéliens évaluent entre 10.000 à 30.000 le nombre de roquettes et d’obus disponibles dans la bande de Gaza. Mais les deux groupes concurrents y disposent de matériels différents avec une préférence plus marquée sur le plan technologique. Le Djihad dispose de missiles M-302 iraniens, fabriqués en Syrie, pouvant frapper à 200 kilomètres et aussi de roquettes iraniennes Fajr 3 et 5 (45-70 km), de roquettes de fabrication chinoise WS-1 E (40 km) ou encore de missiles R-160 (160 km). 

Israël a saisi une cargaison de missiles M-302, en provenance d'Iran


Le Hamas quant à lui possède des missiles Grad (20 km) et fabrique ses propres roquettes, les M-75 (75-100 km). Avec ces armes de différentes portées, les mouvements palestiniens peuvent atteindre la quasi-totalité du territoire israélien. Mais, lors de ces derniers évènements, le Hamas est resté en retrait des combats ce qui a limité le nombre de roquettes tirées sur Israël, un millier environ. Par manque de précision, certains tirs retombent sur Gaza comme l’a démontré Tsahal après un tir raté qui a tué cinq Palestiniens. 95% des roquettes ont été interceptées par Dôme de fer qui a été nettement amélioré depuis ses premières versions.

Seul le Djihad islamique est entré en guerre lors du dernier conflit expliquant que le Hamas n’a pas envoyé ses missiles A-120 et SH85 d’une portée de 120 kilomètres. À l’exception des missiles Sejill, toutes les munitions sont fabriquées localement à Gaza, d’où l’intensification des frappes israéliennes contre les usines d’armement détruites à 90%.

Les experts militaires des Gardiens de la révolution et les instructeurs du Hezbollah, entrés par les tunnels d’Égypte, ont réussi à transférer leur savoir-faire à Gaza pour permettre la montée en puissance de l’arsenal militaire dont une partie seulement a été utilisée lors du dernier conflit. Un quart des roquettes et missiles du Hamas et du Djihad islamique viennent de transferts d’armes directs de l’Iran grâce à des réseaux clandestins. Le transfert de pièces détachées permet un assemblage à Gaza pour une production locale. Les ingénieurs de Gaza, qui fabriquent les trois quarts de l’arsenal militaire palestinien, utilisent les réseaux de tunnels pour stocker les armes, pour servir de zones de protection au haut commandement, pour mettre en place un système de communication crypté à l’abri des capteurs israéliens, et pour accueillir des ateliers de fabrication d’armements. Tout est fabriqué à l’abri des drones de surveillance et le matériel civil est transformé en matériel militaire.

Atelier fabrication armes


Certains hauts cadres techniques sont envoyés en formation au Liban ou en Iran afin de transformer du matériel civil en matériel militaire. Le Hamas en est capable grâce à un transfert d’expertise de pasdarans (les gardiens de la révolution iranienne) et d’instructeurs du Hezbollah qui soit sont allés à Gaza, soit ont invité le haut commandement du Hamas à se rendre au Liban ou en Iran. Selon les services israéliens de renseignements, près de 25 millions de dollars sont envoyés tous les mois par l’Iran mais pour des raisons idéologiques, le Djihad en profite plus que le Hamas.  C’est pourquoi, l’accent a été mis sur le Djihad par les frappes de Tsahal. Les méthodes artisanales ont évolué en techniques professionnelles. Le Hamas, absent du dernier conflit, aurait pu diversifier les angles d’attaques, avec pour objectif de leurrer la défense israélienne. Cela explique la baisse des dégâts subis par les Israéliens.

Les objectifs militaires d’Israël consistent à régulièrement restaurer la dissuasion d’Israël, c’est-à-dire à affaiblir les capacités de nuisance et d’agression des groupes armés islamistes. Tsahal confirme qu'il a atteint ses objectifs à 90%. Selon certaines informations, le Hamas qui est intéressé à voir disparaitre son concurrent, a fourni de nombreuses informations sur les tunnels du Djihad qui ont été en grande partie détruits. Aucune statistique fiable n’a été publiée sur le nombre de tués parmi les militants armés du Djihad, mais il dépasserait la centaine.  Il est sûr qu'à présent le Hamas se comporte comme un partenaire d'Israël plutôt que comme un adversaire.

Ces dernières opérations, qui avaient un objectif de forcer la division entre les terroristes, ont affaibli le Djihad sans l’éradiquer complètement. Il n’est pas impossible que le Hamas décide de s’en charger pour avoir la mainmise totale sur Gaza et pour devenir le maitre de la région. Israël y trouverait son intérêt. Le nombre d’ouvriers gazaouis traversant la frontière, actuellement de 20.000, pourrait atteindre largement le chiffre historique de 100.000 tandis que de nombreuses petites industries de confection retrouveraient leurs activités après l’augmentation des coûts de transport en provenance de l’Asie. Le Hamas a donc intérêt au calme et sa population, lassée de la guerre, l'exige. 

Un camion transportant du carburant pour la seule centrale électrique arrive à Gaza

Les ouvriers de Gaza peuvent déjà reprendre le chemin d'Israël tandis que les approvisionnements ont repris à travers les points de contrôle. Le Djihad panse ses plaies. La situation reste cependant fragile car seul un cessez-le-feu a été signé et non pas un accord de fin des hostilités. Donc à tout moment, de manière cyclique, les combats peuvent reprendre sauf si le Hamas accepte de devenir le gendarme de Gaza.

4 commentaires:

  1. Il convient de préciser qu'il n'y a pas de blocus à Gaza. Blocus,ce mot que signifie-t-il ? Selon la définition qu'en donne les dictionnaire, un blocus c'est le blocage d'un pays, d'une région, d'un port pour empêcher tout transport de marchandises vers ou venant de ce pays ou région. Or, lorsque quotidiennement des camions transportant des tonnes de marchandises à Gaza franchisent la frontière séparant celui-ci d’Israël,sauf évidemment lors des tirs des roquettes et menaces, le mot blocus (employé par nombre de médias) est donc inapproprié. Il conviendrait d'utiliser le mot embargo. En effet, certaines marchandises à usage mixte, civil et militaire,sont interdits d'exportation.

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  2. Oups ! Veuillez lire interdits d'exportation DANS LA BANDE DE GAZA. Excusez

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  3. Hamas vend son rival à Israël:
    le Jihad Islamique. Et les bougres tunisiens s’inquiètent pour ‘Fuckestine’ et défendent cette racaille de terroristes et de voyous…qu’ils couronnent de résistants et de martyrs…

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  4. Il y a actuellement 14.000 Gazouites qui travaillent en Israël. Grâce à l'argent gagné dans l'entité sioniste, ils apportent 84 millions de shékalim par mois dans l'économie de l'enclave. Chaque contingent supplémentaire de 1000 travailleurs en provenance de Gaza ajoute 6 millions de shékalim à l'économie gazaouite.

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